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Guatemala

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LE GUATEMALA est un magnifique pays d’Amérique centrale où le printemps ne cesse jamais. Il est occupé par des montagnes élevées, des volcans en activité, des lacs bleutés et de nombreuses variétés de plantes et d’animaux. La majorité de ses plus de 5 169 000 habitants vivent dans la région montagneuse centrale, où la capitale, Guatemala, est située sur un plateau de 1 500 mètres d’altitude. Presque la moitié de la population est composée de cultivateurs, descendants des Mayas. La plupart des autres Guatémaltèques sont des Ladinos, métis d’ancêtres espagnols et indiens. La langue officielle de ce pays accidenté est l’espagnol, mais une grande partie de la population comprend seulement un dialecte indien.

Les très hautes montagnes, les lacs situés à 1 500 mètres d’altitude, la verdure de type tropical et l’agréable climat du Guatemala constituent un témoignage silencieux de la divinité de Jéhovah. Mais ici, comme partout ailleurs, Dieu s’est suscité des témoins vivants et intelligents. Ceux-ci ont dû affronter de redoutables problèmes en propageant la bonne nouvelle du Royaume, tel le taux élevé d’analphabétisme. De plus, le pouvoir d’achat extrêmement bas du salaire des travailleurs a mis hors de la portée de la majorité des gens les voyages, les bons moyens de communication, et certaines commodités. L’instabilité politique n’a guère favorisé le progrès. En outre, par lui-​même, le terrain montagneux constitue un désavantage.

Les nombreux dialectes indiens, sans rapport avec l’espagnol, ont également entravé les progrès de l’œuvre consistant à prêcher le Royaume. Soulignant la difficulté de traduire la Bible dans ces dialectes, l’ouvrage intitulé Le livre aux milliers de langues (angl.), édité par la Société biblique américaine, déclare : “En Cakchiquel (Guatemala) chaque verbe peut revêtir 100 000 formes possibles à cause de la variété d’affixes qui peuvent être ajoutés à sa racine.” Par conséquent, il arrive souvent que les membres d’une tribu indienne ne comprennent pas la langue de leurs voisins vivant juste de l’autre côté d’une crête.

Il existait donc de nombreux obstacles. Cependant, ‘une grande porte menant à l’activité’ a été ouverte depuis des années pour annoncer la bonne nouvelle du Royaume au Guatemala. Nous pouvons maintenant nous livrer à un examen rétrospectif. — I Cor. 16:8, 9.

LES DÉBUTS DE L’ŒUVRE

En examinant le passé, nous remarquons plusieurs groupes distincts qui apprenaient la vérité divine en lisant les publications de la Société Watch Tower. À l’origine, celles-ci venaient d’Espagne et il s’agissait de La Tour de Garde en espagnol. Un Anglais du nom de Fred Cutforth était rattaché au premier de ces groupes. Il vivait dans le village isolé d’El Rancho, à environ quatre-vingts kilomètres à l’est de la capitale, Guatemala. En 1910, il a rendu visite à son frère Charles Cutforth habitant à Gilbert Plains, dans le Manitoba, au Canada. Charles lisait Le divin Plan des Âges, écrit par Charles Taze Russell, le premier président de la Société Watch Tower. Cela constituait le premier contact de Fred Cutforth avec le véritable christianisme. En 1919, il a voyagé avec sa famille une fois de plus au Canada où il a assisté à des réunions tenues au foyer de son frère aîné, Herbert. Par la suite, pendant que lui et sa famille habitaient temporairement San Antonio (États-Unis), Fred a assisté aux réunions et a été baptisé.

Environ à cette même époque, vraisemblablement, un autre habitant du Guatemala lisait les publications de la Société. Nous le savons car La Tour de Garde en espagnol du 1er avril 1919 donne ces nom et adresse : G. A. Tavel, Apartado 44, Quezaltenango, Guatemala. À partir de son numéro du 1er septembre 1920, La Tour de Garde en espagnol ne contenait plus cette adresse.

Vers la fin de l’année 1920, Fred Cutforth est retourné avec sa famille à El Rancho, au Guatemala. Il a commencé à répandre la vérité en utilisant les publications de la Société. Il voyageait par le chemin de fer à voie étroite, qui était alors le meilleur moyen de transport, car les routes étaient presque inexistantes. Frère Cutforth a distribué le tract intitulé “La chute de Babylone”. Il a même diffusé des publications par la poste, en invitant des amis de la vérité à entrer en relations avec lui. Frère Cutforth a également étudié avec sa famille, et son fils Robert se souvient toujours de son père jouant les cantiques des Étudiants de la Bible sur son accordéon pendant que le reste de la famille chantait.

Fred Cutforth est retourné avec sa famille au Canada en 1930. Cependant, les quelques graines de vérité qu’il avait semées au Guatemala avaient produit du fruit.

Pendant la décennie où Fred Cutforth vivait et prêchait à l’est de la ville de Guatemala, un autre homme, vivant loin à l’ouest, buvait aussi les eaux de la vérité. Il s’agit de Servando Flores habitant à Nuevo San Carlos, ville située dans la luxuriante plaine côtière du Pacifique. En 1923, il a obtenu un exemplaire de La Tour de Garde en espagnol d’un muletier employé dans une plantation de café. Ayant reconnu l’accent de la vérité, il a écrit en Espagne pour obtenir d’autres publications. À cette époque, Servando Flores était un pilier de l’Église presbytérienne, servant en qualité de trésorier et d’aîné. Mais lui aussi a commencé à parler à d’autres personnes de la vérité. Bientôt, un petit groupe au sein de l’Église lisait les publications de la Société et avait des discussions bibliques.

Leurs coreligionnaires n’ont pas tardé à les accuser d’avoir des discussions politiques. Des membres du clergé ont commencé à susciter de l’opposition, et particulièrement le missionnaire étranger Pablo Burgess, chef de l’Église presbytérienne occidentale. Après avoir enduré beaucoup de moqueries et de railleries, Servando Flores est sorti de Babylone la Grande, assistant pour la dernière fois à un office religieux presbytérien le 12 juin 1925. Pablo Burgess et d’autres aînés de l’Église lui ont rendu visite dans l’espoir de le persuader de revenir. Mais ces chefs religieux étaient tout à fait incapables de défendre leurs croyances païennes devant de modestes travailleurs qui soutenaient la Bible. En réalité, ces presbytériens ont rapidement nié l’inspiration divine de certaines parties de la Bible qui contredisaient leurs fausses doctrines. Furieux de voir que leurs desseins avaient échoué, Pablo Burgess a fait circuler un tract contre les Étudiants de la Bible intitulé “Lettre ouverte au russellisme”.

Servando Flores et Samuel Mazariegos, un des tout premiers à s’être joints à lui, l’ont réfuté en écrivant une brochure intitulée “Pour la défense de la vérité”. Elle a été diffusée par les frères, et bien qu’elle ait été imprimée en 1929, son contenu est en harmonie avec l’intelligence actuelle des Écritures. Elle commençait d’une manière intéressante par la citation suivante tirée du tract de Pablo Burgess : “Je me rappelle encore la rencontre que j’ai eue en 1912 avec le pasteur Russell dans un hôtel de Suisse. Avant même de savoir qui il était, son aspect vénérable, la douceur de sa voix et ses belles manières m’avaient fait une impression durable. Maintenant que je viens de relire son ouvrage intitulé Le divin Plan des Âges, je me sens de nouveau écrasé par sa puissante personnalité. Lorsqu’il défend la Bible, ou repousse les arguments des incroyants, sa conviction envahit mon cœur et je m’écrie : ‘Il ne peut s’agir d’un méchant homme.’ D’un seul trait de plume, il résout les difficultés doctrinales et l’interprétation de la Bible qui avait consumé les forces des meilleurs penseurs chrétiens du vingtième siècle.” Bien sûr, Burgess poursuivit en revenant sur ses premières opinions.

La Tour de Garde en espagnol de janvier 1927 reproduit une lettre rapportant la fondation d’une “nouvelle classe” au Guatemala. Elle est signée “S. F. G.” (Servando Flores Gramajo). Dès cette époque, la pure adoration était donc établie à Nuevo San Carlos. Les membres du peuple de Jéhovah ont continué à y être actifs jusqu’à nos jours, où cette ville comprend une congrégation de cinquante proclamateurs du Royaume, parmi lesquels la veuve de Servando Flores, ses enfants et ses petits-enfants. L’un de ses fils a servi en tant que surveillant dans la congrégation.

Entre 1923 et 1930, frère Flores, habitant au Guatemala occidental, a correspondu avec Fred Cutforth vivant à El Rancho. Cependant, il semble que les deux hommes ne se sont jamais rencontrés.

Pendant cette même période, une personne habitant dans la ville de Guatemala recevait La Tour de Garde d’Espagne et en diffusait des exemplaires à d’autres gens. Cet homme s’intéressa à la Bible dès 1913, mais nous ne savons pas de façon précise à quelle date il a obtenu pour la première fois les publications de la Société. Toujours est-​il qu’en 1928, il recevait de la Société des périodiques en vue de leur distribution. Comment le savons-​nous ? Eh bien, le 25 décembre 1928, Trinidad Paniagua a reçu pour la première fois un exemplaire de La Tour de Garde grâce à ce diffuseur. Paniagua a été à l’adresse écrite sur le périodique pour trouver cette personne. Le même jour, il a obtenu l’adresse de la Société en Espagne, et par la suite, il a continué à recevoir et à étudier les publications.

Il s’est produit alors quelque chose de très intéressant. Une sœur américaine du nom de Johnson a parcouru toute l’Amérique centrale, rendant témoignage au Guatemala et ailleurs. Elle devait être en relations avec la Société Watch Tower, car elle possédait les adresses de ceux qui lisaient les publications et cherchait à les rencontrer et à les encourager, mais nous ne savons si elle avait une autre raison de voyager en Amérique centrale. Sœur Johnson a trouvé la maison de Trinidad Paniagua et a discuté avec lui de la propagation de la Parole. Elle ne parlait que peu l’espagnol, mais elle a beaucoup prêché de maison en maison dans la ville de Guatemala et dans des villages avoisinants.

Pendant qu’elle rendait témoignage dans la capitale, sœur Johnson est entrée en relations avec Eduardo Maldonado, un cordonnier pauvre. Quelque temps auparavant, celui-ci avait acquis une Bible, car il n’était pas satisfait des enseignements de la religion catholique. Il désirait obtenir les publications que la sœur Johnson présentait (tels les livres Création et Réconciliation), mais sa situation pécuniaire ne lui permettait de prendre que quelques brochures. Lorsqu’elle est retournée le voir, il n’avait toujours pas la possibilité de payer les publications, mais il lui a offert de troquer une paire de chaussures contre une collection de livres. Elle a accepté aussitôt cette proposition. Eduardo Maldonado sera toujours reconnaissant envers cette sœur itinérante et il exprime ses sentiments en ces termes : “Si elle n’avait pas accepté ce troc, il m’aurait été impossible d’obtenir les publications qui m’ont permis d’acquérir la connaissance vivifiante.”

Eduardo Maldonado a commencé à correspondre avec frère Trinidad Paniagua, dont l’adresse lui avait été donnée par sœur Johnson. Nous ne savons pas combien de temps elle est restée dans ce pays. Nous nous demandons cependant si elle n’est pas l’unique témoin pionnier enregistré par le Bulletin de janvier 1933 comme travaillant au Guatemala pendant la période de témoignage spécial du 1er au 9 octobre 1932.

À cette époque, l’œuvre au Guatemala était sous la surveillance de la filiale de la Société au Mexique. En 1933, Roberto Montero, le surveillant de filiale, a donc visité les groupes du Guatemala. Il a vu frère Flores à Nuevo San Carlos. Il a réuni les frères Paniagua et Maldonado ainsi que d’autres amis de la vérité dans la ville de Guatemala. Emmenant frère Paniagua avec lui, il a rendu visite à Carmen de Mayorga, qui résidait parfois dans la capitale, mais étudiait les publications de la Société avec deux femmes de Zacapa, loin au nord-est.

Frère Montero a essayé en vain d’obtenir l’autorisation du gouvernement de donner des conférences bibliques à la radio. Il a donc pris des dispositions pour qu’El Imparcial, le journal principal, imprime 15 000 exemplaires de chacun des deux tracts Paix, prospérité et bonheur et L’espoir du monde. Frère Maldonado a été chargé de les diffuser. En plus de la ville de Guatemala, il a déployé son activité à Zacapa et dans la ville voisine de Chiquimula. Frère Paniagua a été en train jusqu’au port de San José, sur la côte du Pacifique. Un groupe a visité le village de Fraijanes où un discours a été donné devant vingt personnes environ. Des tracts ont également été envoyés à Servando Flores pour qu’il les distribue dans Nuevo San Carlos.

L’activité a été interrompue plusieurs fois par la police dans la ville de Guatemala. Une fois, les frères ont été conduits au poste. Le commissaire les a laissé aller après avoir expliqué aux agents qui les avaient amenés que les publications étaient contre le Diable, l’ennemi de Dieu et de l’homme. Il a même proposé que chacun des agents accepte un tract afin de le lire.

Il fallut attendre septembre 1937 pour qu’un représentant de la filiale mexicaine visite de nouveau le Guatemala. Cette fois-​ci, il s’agissait de Daniel Ortiz. Il est resté pendant trois mois chez frère Paniagua et a travaillé avec assiduité dans le ministère de maison en maison, commençant tôt le matin et terminant à la fin de l’après-midi. Les frères Maldonado et Paniagua, qui recevaient maintenant une formation personnelle dans le ministère, se joignaient à lui pendant les week-ends. Auparavant, ils diffusaient seulement des tracts dans les rues et dans les parcs.

Au cours de l’année 1938, les fils de Fred Cutforth, Robert et Samuel, se sont déplacés à El Rancho. Par la suite, ils se sont installés à San Antonio, à proximité de la maison de frère Flores. Leur oncle du Canada a demandé à la filiale du Mexique de continuer à entretenir les relations avec eux. Une lettre les encourageant à recevoir des publications pour leurs besoins personnels et pour répandre la vérité leur a donc été envoyée.

Frère Montero est de nouveau venu au Guatemala en 1940. Pendant son séjour, les frères Maldonado et Paniagua ont symbolisé l’offrande de leur personne à Dieu par le baptême d’eau. Frère Montero a emmené frère Maldonado avec lui pour visiter le groupe de Nuevo San Carlos. À cette occasion, deux ou trois personnes de cette localité ont été baptisées. Frère Fred Cutforth a été le premier témoin chrétien baptisé vivant dans le pays, mais depuis son départ pour le Canada en 1930, aucun autre serviteur de Jéhovah n’avait été baptisé au Guatemala.

Frère Montero a pris des dispositions pour qu’une conférence publique soit donnée dans une salle de la capitale. En outre, le modeste foyer de frère Maldonado a servi de centre pour organiser la prédication. L’arrivée d’un chargement de publications de Mexico a fait une vive impression sur l’esprit de Francisco, alors âgé de 11 ans, fils de frère Maldonado. Il la décrit en ces termes : “Un camion, rempli de caisses contenant des phonographes, des disques, des livres et des périodiques, était arrivé devant notre maison. Étant pauvres, nous partagions la maison avec plusieurs familles, chacune vivant dans de petites pièces. Notre maison était littéralement remplie de ces cartons, empilés dans le vestibule et dans tous les autres endroits disponibles. Quelle animation !” Il se souvient qu’à partir de ce moment-​là, son père et d’autres frères partaient chaque dimanche tôt le matin et passaient une journée complète dans le ministère du champ.

De plus, vers 1940, sœur Johnson est revenue au Guatemala. À San Salvador, elle s’était trouvée à court d’argent, mais un médecin bien disposé envers la vérité l’a aidée, de sorte qu’elle a pu poursuivre son voyage. Bien que plus âgée et plutôt faible, elle s’efforçait toujours d’édifier spirituellement les frères guatémaltèques, qui lui rendaient visite dans un petit hôtel.

La mort du second président de la Société, J. F. Rutherford, au début de l’année 1942, a profondément affecté frère Maldonado. Francisco Maldonado se rappelle que son père lui dit avec gravité et tristesse qu’un grand homme, combattant pour la vérité et la justice, était mort.

Plus tard, au cours de cette année, Amy Campbell de Tiquisate, ville située sur la côte du Pacifique, est entrée en relations avec frère Paniagua. Nous ne savons pas à quel moment cette femme de couleur et son mari ont commencé à lire les publications de la Société. Toutefois, le mari d’Amy connaissait également la vérité avant sa mort. Sur la demande d’Amy Campbell, frère Paniagua a donné le discours de la Commémoration à Tiquisate. Pendant sa visite, il a aussi baptisé sœur Campbell dans une rivière avoisinante.

Au cours du mois de mai 1943, frères Paniagua et Maldonado ont rendu visite à sœur Campbell et à des amis de la vérité qu’elle avait trouvés durant son service de pionnier. Puisqu’il était déjà à Tiquisate, à plus de la moitié du trajet, frère Maldonado a également pris la décision de visiter les Cutforth et les Flores. Bien que du point de vue pécuniaire il ne pensait pas pouvoir aller plus loin, il a entrepris ce voyage et a reçu des bénédictions d’ordre spirituel et matériel. Il y a eu un échange d’encouragement, et les frères lui ont donné des fruits et une petite contribution en espèces qui l’ont aidé à compenser la perte de temps pour son commerce de chaussures.

Servando Flores est mort à Nuevo San Carlos en 1943, laissant une veuve et des enfants mineurs. Ils en ont certainement ressenti la perte, car il s’agissait en particulier du chef spirituel de la famille. Il était le premier témoin de Jéhovah voué et actif jusqu’au bout à mourir au Guatemala.

L’ARRIVÉE DE MISSIONNAIRES

Un événement particulier est arrivé à la fin de 1943 ou au début de 1944. Le président de la Société, N. H. Knorr, accompagné de Milton Henschel, est venu au Guatemala examiner les possibilités d’étendre le culte véritable. Les frères qui les ont alors rencontrés chez Maldonado se rappellent encore la promesse de frère Knorr de faire le maximum pour envoyer des missionnaires afin d’aider à l’organisation de l’œuvre dans ce pays.

Cela alla droit au cœur de frères Maldonado et Paniagua ! Frère Paniagua se souvient que les gens demandaient : “Où vous réunissez-​vous ?” Il fait le commentaire suivant : “Nous étions très tristes de ne disposer d’aucun endroit pour amener des amis de la vérité ni d’une organisation à leur présenter. Nous leur disions : ‘Nous aurons très bientôt un lieu où nous réunir.’ Nous étions confiants que dans l’avenir, Jéhovah nous bénirait par quelque moyen et que son organisation nous fournirait ce dont nous avions besoin.” La perspective d’une aide par des missionnaires apportait maintenant l’espoir d’une meilleure organisation qui ferait avancer les intérêts du Royaume.

Le gouvernement a refusé à la Société l’autorisation d’envoyer des missionnaires au Guatemala. Mais en 1944, le pays s’est trouvé au beau milieu d’un grand bouleversement politique. La révolution a chassé du pouvoir le régime d’Ubico et le gouvernement suivant a accordé l’autorisation demandée. En mars 1945, frères N. H. Knorr et F. W. Franz sont venus au Guatemala pour mettre au point les dispositions prises en vue de l’entrée des missionnaires.

Le jour mémorable, le 21 mai 1945, est enfin arrivé. John et Adda Parker, diplômés de la première classe de l’École de Galaad, ont pénétré au Guatemala. Cela apportait une grande joie à tous les frères du pays. Frère Paniagua déclare : “Nous avions précisément besoin d’enseignants de la Parole de Dieu afin d’être aidés à comprendre comment accomplir l’œuvre.” Frère Maldonado s’exprime ainsi : “Ces frères ont aussitôt été actifs, entreprenant les démarches nécessaires pour acquérir une maison convenable afin d’y établir, en fait, la première congrégation du Guatemala.” Francisco, son fils, alors âgé de quinze ans, fait la remarque suivante : “Quelle différence à partir de ce moment-​là ! Au bout de quelques jours, la première Salle du Royaume a commencé vraiment à fonctionner au 16 Calle et 5 Avenida, juste au centre de la ville, et j’ai eu le privilège de faire partie des dix personnes qui ont assisté à la première réunion. Nous étudiions maintenant La Tour de Garde chaque dimanche et quelques semaines plus tard, nous commencions l’École du ministère théocratique.” Sœur Flores était également remplie de joie, bien qu’elle fût isolée à Nuevo San Carlos avec sept enfants mineurs. Elle a déclaré : “Oh ! quel bonheur de savoir que pour la première fois, des missionnaires sont ici ! C’est une disposition de Jéhovah Dieu !”

Quel sentiment éprouvaient les missionnaires au sujet de leur affectation ? Sœur Parker nous en parle en ces termes : “Le jour de notre arrivée, nous avons rendu visite à frère Maldonado, et le dimanche suivant, nous participions au service avec sa famille. La ville était petite, et même les rues principales étaient recouvertes de cailloutis. Nous avons emménagé la deuxième semaine, à la fin de nos recherches pour trouver une maison de missionnaires. Ce fut un mois heureux, car j’ai eu le privilège, en espagnol médiocre, de commencer dix-sept études.” Les Parker servent toujours ici en tant que missionnaires.

Le mois d’août de cette même année a marqué l’arrivée d’un second couple de missionnaires, Charles Taze Russell Peterson et sa femme Freida. À cette époque, la disposition actuelle des maisons de missionnaires n’existait pas, mais ces quatre personnes ont travaillé en qualité de pionniers spéciaux en ne disposant que d’une allocation très limitée. Ils devaient acheter des meubles et régler certaines affaires, mais ils se sont immédiatement occupés de la prédication. En expliquant où le témoignage dans les rues a été effectué pour la première fois, frère Peterson déclare : “Le deuxième samedi suivant mon arrivée, j’ai pris la décision de participer ce soir-​là à la diffusion des périodiques dans les rues. J’ai emporté une serviette pleine de publications. En une heure et demie, elle était vide. J’avais laissé trente-deux périodiques, trente-quatre brochures, quatre livres et une Bible.”

Le 1er mars 1946, six autres missionnaires sont arrivés, en l’occurrence des sœurs célibataires. L’une d’elles, Marjorie Munsterman, déclare ceci : “Nous étions conscientes que nous allions commencer un nouveau mode de vie et qu’une langue étrangère et une culture différente nous attendaient. Nous nous étions souvent demandé : Habiterons-​nous une maison avec un sol en terre battue ? Ferons-​nous la cuisine sur un fourneau à charbon de bois ? La maison sera-​t-​elle éclairée à la bougie ? Nos craintes ont vite disparu lorsque nous sommes arrivées à la maison de missionnaires. Il s’agissait d’un nouvel appartement au premier étage, spacieux, avec un joli sol pavé de carreaux brillants. Il était muni de l’éclairage électrique dans toutes les pièces et même d’une cuisinière électrique pour la cuisine.” Ann Munsterman intervient en disant : “Quelle bénédiction de posséder déjà une maison ! Nous nous sommes mises à la tâche. Quelle sensation de ne rien comprendre à ce qui se passe autour de vous ! Nous ne pouvions nous séparer de notre dictionnaire espagnol. Mais les gens étaient très patients et le témoignage prospérait.”

Les soixante-dix-sept assistants au Repas du soir du Seigneur cette année-​là étaient très heureux ! Il y avait maintenant dix missionnaires dans le pays et il existait une Salle du Royaume. Frère Paniagua fait la remarque suivante : “J’ai beaucoup admiré l’œuvre que ces missionnaires ont effectuée. Davantage de personnes en sont ainsi venues à connaître la vérité et à assister aux réunions.”

LES PROGRÈS DEVIENNENT PLUS ÉVIDENTS

Le 10 mai 1946, une autre visite de frères Knorr et Franz a été marquée par l’établissement d’une filiale de la Société au Guatemala et d’une maison de missionnaires normale. Lors de la conférence publique, qui avait fait l’objet d’une grande publicité, 187 personnes ont rempli la Salle du Royaume et d’autres pièces. Après le discours, un petit repas a été servi aux soixante-cinq personnes qui restaient. Celles-ci ont ensuite participé à l’étude de La Tour de Garde. Selon frère Maldonado, frère Knorr a dit que si l’assistance atteignait un certain chiffre, il leur offrirait une glace. Bien que le chiffre ait été légèrement inférieur, frère Maldonado ajoute : “Nous avons quand même mangé une glace !”

À partir de cette époque-​là, les progrès théocratiques ont été plus évidents. Le livre intitulé Le monde nouveau a été publié en espagnol. Le 9 juin, lors du premier baptême depuis l’arrivée des missionnaires, douze personnes ont été baptisées, parmi lesquelles frère et sœur Antonio Molina, frère Alberto Mariles et sœur Eudalda Peralta. Tous sont encore actifs dans le service de Dieu. Au cours du mois de juillet, frère Parker, qui était alors le surveillant de filiale, a visité les frères de San Antonio, où une congrégation composée de dix proclamateurs avait été formée. Pendant cette visite, cinq personnes ont été baptisées, y compris frère Lucilo Tello, qui sert toujours en qualité de pionnier spécial. Après un peu plus d’une année de travail effectué par les missionnaires, quelque cinquante proclamateurs annonçaient le message du Royaume au Guatemala.

Sans aucun doute, les missionnaires ont suscité beaucoup d’intérêt. Marjorie Munsterman fait le compte rendu suivant : “L’activité dans les rues était plutôt nouvelle. En Amérique latine, il était inhabituel de voir une femme convenable et respectée se tenir au coin des rues en offrant quelque chose. Bien qu’au début, les gens se soient montrés un peu hésitants à notre égard, toutes les mauvaises idées qu’ils avaient pu concevoir n’ont pas tardé à être dissipées grâce à notre persévérance et dès qu’ils ont fait la connaissance du contenu des périodiques. Jusqu’à ce jour, les périodiques jouissent d’une excellente réputation pour leur contenu édifiant.” Remarquant le zèle des témoins de Jéhovah dans la diffusion du périodique dans les rues, un chroniqueur a par la suite fait le commentaire suivant : “Si les catholiques agissaient de même, on ne constaterait peut-être pas l’effondrement spirituel alarmant au sein de l’Église à notre époque.”

La diffusion du périodique de magasin en magasin a également été inaugurée, et les commerçants n’ont pas tardé à être habitués à voir les “jeunes filles de l’Atalaya” (“Jeunes filles de la Tour de Garde”). Dans les parcs, le témoignage de “banc en banc” au moyen des périodiques a aussi commencé et continue jusqu’à ce jour, car cette forme de notre activité est couronnée de succès.

Les dix missionnaires ont manqué la première assemblée internationale d’après-guerre que les témoins de Jéhovah ont tenue en 1946 à Cleveland, aux États-Unis. Cependant, avec prévenance, la Société a fait en sorte que Ted Siebenlist, le surveillant de filiale du Costa Rica, nous apporte un compte rendu direct de ce qui s’était passé à l’assemblée. C’est à cette époque que s’est tenue la première véritable assemblée du peuple de Dieu au Guatemala, avec une assistance maximum de 188 personnes.

Des missionnaires continuaient d’arriver — huit de plus, y compris frère et sœur Aubrey Bivens ainsi que frère et sœur David Hibshman, le 21 octobre 1946, et Don Munsterman accompagné de Charles Beedle en novembre. L’assistance à la Salle du Royaume augmentait rapidement. Voici ce qu’en pense frère Paniagua : “Même si à cette époque je ne pouvais le dire, cela me procurait un grand bonheur de constater qu’il n’y avait plus assez de place pour que tout le monde puisse s’asseoir dans la salle. Mon cœur débordait de joie, car des frères pourraient maintenant nous aider et pourvoir à la nourriture spirituelle indispensable.”

DISPOSITIONS POUR ATTEINDRE L’INTÉRIEUR DU PAYS

Au début de 1946, Martin Lisse, d’expression allemande, sa femme et sa fille sont venus du Canada et se sont installés à Coban, dans les montagnes escarpées au nord de la capitale. Frère Lisse a prêché avec zèle dans cette région à dos de mulet pendant environ une année, jusqu’à ce que la santé de sa femme exige qu’ils se déplacent pour un climat plus sec. La famille s’est alors installée à Antigua, l’ancienne capitale du Guatemala qui avait été détruite en 1773 par un tremblement de terre, alors qu’elle était au faîte de sa gloire comme centre religieux catholique romain de l’Amérique centrale. Les ruines des édifices religieux et une tradition de l’autorité religieuse passée subsistent pour les générations futures. Dans cette atmosphère, au milieu de l’intolérance, frère Lisse a répandu la vérité de la Parole de Dieu. L’écrivain américain Albert E. Idell a écrit un chapitre de son livre intitulé Une porte ouverte à Antigua (angl.), dans lequel il déclare au sujet des activités du frère : “J’admire la foi et le courage de ce petit homme. J’aimerais bien comprendre la puissance qui l’anime et lui a fait maîtriser ici des conditions qui auraient découragé des hommes possédant moins de foi.” Parmi ceux qui appartiennent aujourd’hui à la congrégation d’Antigua, la famille Solorzano et Pedro Gonzales ont entendu la vérité grâce aux efforts de frère Lisse.

La première assemblée de circonscription s’est tenue en 1947, en même temps que le Repas du soir du Seigneur. Même les frères qui habitaient en dehors de la capitale étaient présents et pouvaient remarquer la bonne façon de commémorer la mort de Jésus-Christ. Soixante-dix personnes ont assisté à la Commémoration, et 178 à la réunion publique. En 1948, au moment de la Commémoration, 118 proclamateurs participaient au ministère. Au cours du mois de mai, un “serviteur des frères”, Joshua Steelman, a desservi les deux congrégations qui existaient alors dans la capitale, et 252 personnes assistèrent à l’assemblée.

Au cours de l’année 1949, la Société a fait l’acquisition d’une vaste maison moderne dans la ville de Guatemala. Le bureau de la filiale y a été installé. Le patio intérieur a été couvert d’un toit afin de servir de Salle du Royaume, et les missionnaires ont quitté leurs deux anciens domiciles. Mais il n’y avait pas suffisamment de place pour tous. Six missionnaires, y compris les familles Bivens et Hibshman, ont donc été affectés à Quezaltenango, la deuxième ville du pays, située à environ 2 400 mètres d’altitude. Hélène Hibshman déclare à propos de cette attribution : “Nous avons emballé nos affaires, loué un camion et nous sommes partis en voyage à deux heures du matin. À cette époque, il fallait douze heures pour faire le trajet. Ce n’est pas précisément facile de commencer un nouveau territoire, et dans celui-ci, la population se composait de plus de 50 pour cent d’Indiens. Nous avons placé de nombreux livres. En réalité, dans ce territoire vierge où nous n’étions pas en train de bâtir sur le fondement de quelqu’un d’autre, le groupe de six personnes a placé environ 2 000 livres dans les six premières semaines. Bientôt, nous avons pris en location une petite pièce située en dessous de la maison de missionnaires, et les réunions ont commencé.”

Les membres du groupe de Quezaltenango ont également parcouru les villes plus petites situées dans les montagnes. Descendant sur la plaine côtière du Pacifique, ils ont prêché à Coatepeque, à Retalhuleu et à Mazatenango. Par ailleurs, ils ont rendu visite aux groupes de San Antonio, de Nuevo San Carlos et de Tiquisate, afin de donner des discours publics et de fortifier les compagnons croyants de ces villes.

Au cours de l’année 1949, un maximum de 218 proclamateurs a été atteint et l’assistance à la Commémoration s’élevait à 301 personnes. En décembre, frères Knorr et Robert Morgan ont visité la filiale et 425 personnes ont assisté au discours public lors d’une assemblée tenue à ce moment-​là. Un plus grand effort a été déployé pour que des conférences publiques soient données dans la capitale et dans toutes les villes du pays pendant l’année 1950. Dans les théâtres loués, il arrivait souvent que 250 personnes ou davantage entendent les discours donnés par les frères missionnaires. En cette même année, la totalité des dix-sept missionnaires qui étaient alors affectés au Guatemala ont été à l’assemblée internationale tenue dans la ville de New York. Six indigènes guatémaltèques y assistaient également. Ils ont ainsi pu apprécier pour la première fois l’aspect international de l’organisation. Pendant ce temps-​là, Oscar Custodio s’occupait de l’œuvre et de la maison de missionnaires à Quezaltenango, tandis que Manuel Monterroso traitait les affaires du bureau et des congrégations dans la ville de Guatemala.

Manuel Monterroso a été l’une des premières personnes avec qui le missionnaire Taze Peterson a étudié la Bible au Guatemala. Monterroso a déclaré : “Je suis né catholique et je pensais mourir catholique. Je désirais surtout étudier pour améliorer mon anglais, et si j’apprenais en passant quelque chose sur la Bible, c’était très bien.” Inutile de dire qu’il a vraiment appris “quelque chose sur la Bible” ! En réalité, il a été le premier Guatémaltèque à assister à l’École de Galaad, et, après la remise des diplômes au Yankee Stadium en 1953, il est revenu au Guatemala pour devenir le premier surveillant de circonscription, de 1953 à 1958.

En 1950, pendant l’absence des missionnaires, Jorge Alfaro, dont le frère avait jadis étudié la vérité, a pris la décision d’examiner de plus près l’œuvre des témoins de Jéhovah. Il est venu à la Salle du Royaume où se trouvait la filiale et, à sa plus grande surprise, un ancien camarade de classe, Manuel Monterroso, conduisait l’étude de La Tour de Garde. Après la réunion, ils ont eu ensemble une longue discussion qui aboutit à une étude biblique. Jorge Alfaro a réalisé d’excellents progrès. En 1951, il a été baptisé et est entré dans les rangs des pionniers ordinaires. En octobre 1952, une année plus tard, Oscar Custodio et lui sont devenus les premiers pionniers spéciaux guatémaltèques.

Frère Alfaro se sent privilégié d’avoir pu fréquenter des missionnaires aussi exemplaires que Robert DeYoung et frère Bivens. Il déclare : “Nous devions affronter de nombreux problèmes. Je devais résister à la furie des chefs religieux hostiles de ces régions isolées, beaucoup marcher, traverser des rivières à gué et monter parfois à cheval. Il nous arrivait de prendre nos repas sous les arbres et même de dormir là où nous trouvions un endroit pour nous étendre. Cependant, en dépit de toutes ces difficultés, l’esprit de Jéhovah m’a toujours procuré de la force et d’abondantes bénédictions.” Aujourd’hui, frère Alfaro est rempli de joie d’avoir son fils aîné à ses côtés dans le service à plein temps.

À la fin de l’année de service 1950, il y avait six congrégations au Guatemala. L’assemblée de circonscription tenue à Quezaltenango constituait un événement mémorable de 1951, et pendant celle-ci, deux autocars ont assuré le transport des témoins venus de la capitale. Au bout de deux années de travail effectué par les missionnaires, une congrégation prospérait à Quezaltenango. En considérant le ministère effectué parmi les Indiens vivant à l’intérieur et aux alentours de cette ville, sœur Hibshman déclare ce qui suit : “Nous avons intéressé à l’œuvre quelques Indiens indigènes. Ce sont des personnes difficiles à atteindre, ancrées dans leurs coutumes et leur religion, très sincères, mais à l’esprit de clan très développé. Deux frères et deux sœurs d’une même famille ont pris position. Un homme et sa femme ont également été baptisés. Nous avons appris à lire à cette femme, et le frère nous accompagnait lors de nos sorties pour prêcher dans les villages. À une certaine occasion, nous avons été assaillis à coup de pierres par un Indien ivre. Beaucoup de gens ne comprenaient pas l’espagnol, mais seulement leurs dialectes indiens. En tout, nous avons rendu témoignage dans environ cinquante villages indiens situés dans la région des montagnes.”

En 1951, une femme de la capitale, avec laquelle le missionnaire Ruby Campbell avait étudié, a été en mesure d’obtenir l’autorisation de présenter un programme radiophonique sur une nouvelle station de radio. Ainsi, pendant de nombreuses années, nous avons pu radiodiffuser trois des programmes de quinze minutes intitulés “Sujets qui nous préoccupent”. Beaucoup de personnes nous ont dit qu’elles avaient écouté et apprécié ces discussions. Non seulement cela a été vrai dans la capitale, mais aussi à l’intérieur du pays.

En 1952, les missionnaires de Zacapa ont commencé à parcourir celle avoisinante de Gualan. Un discours public y a été donné dans un bâtiment en face de l’église catholique. Tout d’abord, le prêtre a essayé d’arrêter la conférence en faisant sonner les cloches de l’église. Mais le discours s’est poursuivi. Ensuite, les lumières de la salle se sont éteintes. Là encore, il n’y a eu ni confusion, même avec 300 assistants, ni interruption du sujet, car un homme assis au premier rang est monté sur l’estrade et a dirigé sa torche électrique sur les notes de l’orateur.

En 1952, la vérité a également pénétré dans la jungle de Petén, située loin au nord. De quelle façon ? Un Coréen d’un certain âge, vivant à Uaxactun, un champ de préparation du chiclé, accessible uniquement par la voie aérienne, est tombé malade et a été amené à la capitale pour subir un traitement. À l’hôpital, il a reçu le livre intitulé “La vérité vous affranchira”. En revenant dans la jungle, il a commencé à prêcher, allant jusqu’à parcourir à pied de grandes distances pour faire de même dans d’autres camps isolés de préparation du chiclé. Une congrégation a bientôt été créée à Uaxactun, et cet homme, frère Kim, y a été nommé surveillant. Par la suite, les frères de cet endroit ont construit une Salle du Royaume, le plus beau bâtiment d’un village constitué d’environ soixante cabanes à toit de chaume et au sol en terre battue.

L’ORGANISATION SE FORTIFIE

Pendant cette même année de 1952, un effort intense pour établir un haut niveau de moralité a été déployé en exigeant que les témoins de Jéhovah du pays contractent des mariages légaux. Cela est bien différent de la majorité des gens d’ici qui vivent ensemble sans être mariés légalement et continuent d’être acceptés au sein de leurs religions. À Nuevo San Carlos, par exemple, certaines personnes ont été rejetées de l’organisation de Jéhovah car elles ne voulaient pas purifier leur vie. La congrégation tout entière a ainsi constaté le caractère sérieux de notre ministère et l’importance de ne pas jeter l’opprobre sur le nom de Jéhovah. Le 16 mars 1952, les membres du groupe qui étaient moralement purs ont été baptisés. Manuela Flores, son fils Aureliano et Samuel Mazariegos en faisaient partie. Un tel accent mis sur la moralité exigée par les Écritures a posé le fondement d’une plus grande force spirituelle dans l’organisation, qui augmenterait également en nombre grâce à l’approbation et à la direction divines. Les années suivantes allaient vraiment prouver que Jéhovah déversait sa bénédiction sur l’œuvre du Royaume effectuée dans ce pays.

Après l’assemblée internationale tenue en 1953 dans la ville de New York, la Société a envoyé plus de missionnaires au Guatemala. Arlene Kulp, Mabel White, Alma Parson, Ruth Dollin et Vivian Martin faisaient partie de ce nombre. Frère Reast, ainsi que Paul et Dolores Hibshman ont été affectés dans une nouvelle maison de missionnaires à Mazatenango. En novembre 1954, frère et sœur Sindrey se sont occupés de l’œuvre dans celle d’Antigua.

Ici, 1954 a été l’année de la révolution et du changement politique. Le pays a subi des invasions, la frontière non loin de Zacapa a été franchie et, quotidiennement, il y a eu des bombardements aériens sur la capitale. Décrivant ces semaines difficiles, sœur Parker déclare : “Le serviteur de filiale a aménagé en abri une pièce possédant un toit de béton, la fenêtre étant bouchée avec des cartons de livres. Nous disposions de dix chaises et il y avait de l’eau potable dans la pièce. D’après les communications faites chaque matin à la radio, le serviteur de filiale décidait s’il convenait de sortir de la maison et à quelle heure tout le monde devait être rentré.”

Frère Knorr nous a de nouveau rendu visite à la fin de l’année 1954, en donnant des conférences dans des théâtres de Mazatenango, de Quezaltenango et de la capitale. Pendant celle de Mazatenango, une importante baisse de tension à la fin de l’après-midi a rendu inefficace le système de sonorisation, mais frère Knorr a malgré tout terminé son discours. À Quezaltenango, le Théâtre municipal, accordé gracieusement, était bondé. Il contenait plus de 400 personnes. La femme du chef religieux presbytérien Pablo Burgess était parmi l’assistance. Cet homme s’était jadis opposé à frère Flores et avait diffusé le tract contre le “russellisme”.

Bien que frère Knorr se soit rendu à Mazatenango en avion, à partir de là, le voyage n’a pas été facile. Poursuivant son chemin en voiture en compagnie des missionnaires, sur des routes de montagne étroites, poussiéreuses et en lacet, le président de la Société a une fois de plus montré son désir d’être au courant de l’expansion de l’œuvre missionnaire, pénétrant même pour cela à l’intérieur du pays. Nous l’avons convaincu de mettre son complet de côté et de revêtir un costume plus approprié emprunté aux missionnaires. Soit dit en passant, pendant le trajet, un frère voyageant avec frère Knorr a filmé quelques paysages qui ont figuré par la suite dans le film de la Société intitulé “Le bonheur de la société du Monde Nouveau”. L’une de ces scènes montre David Hibshman en train de conduire une étude biblique, entouré d’épis de maïs séchant sur le toit et sur le sol. Une autre a saisi la beauté des chutes d’eau tombant d’une grande hauteur dans le lac Atitlán.

En 1955, l’assistance à la Commémoration a dépassé le cap des mille personnes pour la première fois. Au cours de l’année 1957, un grand nombre de frères du Guatemala ont servi en qualité de pionniers spéciaux. En conséquence, le message du Royaume a touché d’autres departmentos (États), huit nouveaux rien que dans cette année-​là. Des groupes isolés supplémentaires se constituaient, ce qui nécessita la formation d’une nouvelle circonscription. Pour la première fois, il y en avait deux dans le pays. À la fin de l’année 1957, une maison de missionnaires a été établie à Jutiapa, où Brian Forbes, nouvellement arrivé de Galaad, a rejoint frère Reast. Encore un autre departmento a donc reçu le témoignage.

L’année 1957 a également apporté un heureux dénouement à un fait de prédication de sœur Marjorie Munsterman. Une femme vivant avec un militaire était une des premières personnes avec qui la sœur avait commencé à étudier la Bible en 1946. La carrière de cet homme obligeait souvent ce couple à quitter la capitale pour de longues périodes, ce qui a interrompu l’étude plusieurs fois. Cependant, la mort accidentelle et tragique de son fils a incité cette femme à prendre position pour la vérité. Elle a légalisé sa situation matrimoniale et a été baptisée. Depuis 1959, une Salle du Royaume (utilisée à l’heure actuelle par deux importantes congrégations) occupe la partie antérieure de la maison de cette femme, sœur Victoria de León. Celle-ci a été pionnier pendant des années.

Nous attendions tous la visite de frère Henschel en février 1958, mais notre demande pour nous servir de la tribune d’honneur du champ de courses situé à proximité de l’aéroport de la capitale a été mise de côté et, en définitive, s’est heurtée à un refus pour des raisons évasives. Le ministre de l’Agriculture a révélé la vérité en faisant remarquer que ‘le catholicisme est la religion d’État’. Cependant, nous avons de nouveau sollicité l’autorisation, laquelle nous a été accordée. Nous avons tenu une excellente assemblée, et 952 personnes ont assisté au discours public donné par frère Henschel.

Des dispositions de voyage particulières ont été prises, ce qui a permis à plus de quatre-vingt-dix frères guatémaltèques d’assister à l’Assemblée internationale de la “volonté divine”, qui s’est tenue à New York en 1958. Ils n’oublieront jamais l’hospitalité qui leur a été manifestée par leurs frères des États-Unis. Lors de cette assemblée, le deuxième étudiant venant du Guatemala a reçu son diplôme de l’École de Galaad. En décembre, nous avons eu notre propre assemblée nationale de la “volonté divine”.

En 1959, avec l’ouverture d’une maison de missionnaires à Panajachel, les témoins de Jéhovah prêchaient dans la totalité des vingt-deux departmentos du Guatemala. Une assemblée de circonscription s’est tenue cette année-​là à Quezaltenango, et pour la première fois, deux frères du groupe éloigné de Gracias a Diós, près de la frontière mexicaine, étaient présents. Pour assister à l’assemblée, ils ont dû voyager à pied pendant deux jours et en autocar pendant douze heures. Au cours du mois de novembre, 1 478 personnes ont assisté au discours public de l’Assemblée de district des “Ministres éveillés”, qui s’est tenue dans la capitale. Par ailleurs, des dispositions ont été prises sur les lieux de l’assemblée afin que les témoins venus de l’extérieur de la capitale puissent déposer leurs nattes de raphia pour dormir, épargnant ainsi à leurs familles les frais d’hôtel ou de pension. Ces dispositions font partie de toutes nos assemblées nationales.

Tandis qu’il était confiné dans un sanatorium pour tuberculeux, frère Jeronimo Morales a prêché régulièrement en dépit des protestations des religieuses employées comme infirmières. Il a intéressé au message un homme nommé Margarito Figueroa et a conduit une étude avec lui. Ce dernier a été baptisé en 1959 et, par la suite, après sa sortie de l’hôpital, il a été nommé pionnier spécial, privilège dont il jouit toujours. Frère Morales lui-​même est sorti du sanatorium et est entré de nouveau dans les rangs des pionniers spéciaux. Aujourd’hui, accompagné de sa femme, il sert en tant que surveillant de circonscription dans les hautes terres du Guatemala.

Pour la première fois, en décembre 1960, plus d’un millier de proclamateurs prêchaient dans tout le Guatemala. En mars 1961, frère Knorr a une fois de plus visité la capitale. Dix congrégations fonctionnaient déjà dans la ville.

Au cours des années, comme il devenait nécessaire d’avoir des lieux de réunions plus convenables, un grand nombre de congrégations ont été incitées à construire leurs propres Salles du Royaume. Vous vous souvenez peut-être que la première à posséder sa propre salle était la petite congrégation d’Uaxactun dans la jungle de Petén. En 1960, Mazatenango a construit la deuxième Salle du Royaume appartenant à une congrégation. Aujourd’hui, entre autres, la congrégation d’El Rancho possède sa propre salle.

L’année 1961 a été caractérisée par la formation spéciale de l’École du ministère du Royaume accordée aux surveillants, aux pionniers spéciaux et aux missionnaires. Un total de 2 663 personnes ont assisté à la Commémoration et 2 000 à l’assemblée de district tenue au cours du mois de novembre. Le rapport de service de cette année-​là a également indiqué les talents variés de nos pionniers spéciaux. Par exemple, un frère a laissé aux pauvres des publications en troquant des périodiques contre des œufs, du maïs, une bouteille de sauce tomate ou quelques boîtes d’allumettes. Une fois, il a échangé cinq livres contre suffisamment de bois pour construire une table et des bancs pour la Salle du Royaume. Une échelle, une machette, un poulet, des pots de fleurs, un tableau noir pour la Salle du Royaume, un bracelet de montre et une blouse pour sa femme font partie des autres choses qu’il a acceptées en échange des publications. Ces trocs n’ont pas seulement permis aux pionniers spéciaux de poursuivre leur service, mais d’aider d’autres personnes spirituellement, ce qui est bien plus important.

Nous avons tenu une assemblée nationale au cours du mois de novembre 1962. Mais le dernier jour, il s’est produit une insurrection militaire contre l’armée de l’air, dont les quartiers généraux se trouvaient juste de l’autre côté du champ attenant à la salle où nous nous trouvions. Le dimanche matin, les autorités militaires ont dit aux frères que le programme de l’assemblée ne pouvait se poursuivre. Elles ont ajouté qu’il y avait trop de danger et que les assistants devaient rentrer chez eux. Un surveillant de circonscription a demandé avec tact s’il n’était pas préférable que chacun reste à l’intérieur de la salle, car à l’extérieur, on tirait des obus et des balles. Le fonctionnaire a été d’accord et l’assemblée paisible s’est poursuivie, tandis qu’au dehors, non loin de là, plusieurs badauds ont été tués. À midi, la rébellion avait été étouffée. Les frères sont donc partis en sécurité lorsque l’assemblée s’est terminée.

Cinquante Guatémaltèques ont assisté à l’assemblée tenue en 1963 à la Rose Bowl de Pasadena, aux États-Unis. Au cours du mois de novembre, il y a eu 2 824 assistants à l’assemblée de district organisée dans le pays. L’année 1964 a également été remarquable pour ses assemblées, car chacune des trois circonscriptions a tenu ses propres réunions. Au total, plus de 3 340 personnes ont vu le nouveau film de la Société.

La question du salut au drapeau a été soulevée au moins une fois dans notre pays. En 1964, Samuel Cutforth de San Antonio a été arrêté et jeté en prison lorsque ses enfants (les petits-enfants de Fred Cutforth) ont refusé de saluer le drapeau. Cherchant à apporter leur aide, le surveillant de filiale et un autre frère sont rapidement arrivés à Quezaltenango, où les autorités militaires avaient emmené frère Cutforth. Ils se sont aperçus que le juge militaire était favorablement disposé envers la vérité, car il avait étudié le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai !” avec un témoin de Jéhovah. Un coup de téléphone, et frère Cutforth a été relâché immédiatement, ce qui nous a procuré à tous beaucoup de joie.

Frère Milton Henschel a de nouveau visité le Guatemala en mars 1965. Il a également été à l’assemblée nationale tenue sur les nouveaux champs de foire industriels connus sous le nom de Parque Centroamerica.

L’ASSEMBLÉE INTERNATIONALE DONNE UNE IMPULSION À L’ŒUVRE

L’assemblée internationale qui s’est tenue du 7 au 11 décembre a été le point culminant de l’année 1966. Plus de 500 délégués étrangers sont venus de quatorze pays différents. Ils n’oublieront certainement pas l’accueil enthousiaste qui leur a été réservé à l’aérodrome. Des missionnaires et des sœurs du Guatemala épinglaient des bouquets à l’épaule des sœurs en visite, tandis qu’en fond sonore, s’élevait de la musique jouée sur marimba (balafon). Les visiteurs n’oublieront pas non plus les poignées de mains et les sourires chaleureux de leurs compagnons croyants du Guatemala, qui avaient quitté les montagnes, les collines, les vallées et le littoral pour venir sur les lieux de l’assemblée. Un délégué des États-Unis a fait connaître ses sentiments en ces termes : “L’amour et l’humilité de ces frères n’ayant que de maigres ressources m’ont fait une impression durable. Leur zèle pour Jéhovah dans leur condition modeste m’a confondu. Je serai un meilleur serviteur lorsque je reviendrai chez moi.” Un autre délégué a déclaré : “J’ai pris plaisir à parler avec les frères indigènes.” Lorsqu’on lui a demandé comment cela était possible, puisqu’il ne parle pas un mot d’espagnol, il a répondu : “Non, mais nos cœurs parlent la même langue.”

Le programme de l’assemblée était également remarquable. Il comprenait des discours exposés par des administrateurs de la Société Watch Tower, des représentations dramatiques sur la Bible et beaucoup d’excellentes instructions spirituelles. Wesley et Martha Hampton ainsi que leur fille âgée de onze ans assistaient à l’assemblée. Frère et sœur Hampton avaient été diplômés de l’École de Galaad en 1955, mais la grossesse de sœur Hampton les avait empêchés d’accepter une affectation au Guatemala. Ils ont néanmoins servi fidèlement en qualité de pionniers spéciaux jusqu’à la naissance de leur second enfant. En entendant qu’une assemblée allait être organisée au Guatemala, ils ont cependant décidé de venir voir ce pays ainsi que les frères en compagnie desquels ils n’avaient jamais eu l’occasion de travailler. Leur fille aînée, âgée de onze ans, est venue avec eux et a été baptisée à cette assemblée remarquable.

La Société a organisé des voyages pour que les délégués venus à l’assemblée puissent visiter des endroits aussi magnifiques que le lac Atitlán et les ruines mayas de Tikal, dont les temples antiques s’élèvent à la même hauteur qu’un immeuble moderne de vingt étages. À Tikal, on pouvait entendre les témoins comparer ces temples mayas avec les monuments religieux de l’Égypte et de la Babylonie. En examinant les vestiges des instruments de torture conservés au musée d’Antigua, ville qui a été le centre du catholicisme romain d’Amérique centrale au dix-huitième siècle, ils ont pu réfléchir au dénuement spirituel qui régnait sous l’Inquisition. Les délégués qui ont visité Chichicastenango ont vu encore un autre aspect de la fausse religion : les Indiens mayas-quichés, vivant à notre époque, en train de mêler l’adoration des divinités païennes antiques avec celle des “saints” du catholicisme. À la fois à l’intérieur et sur le seuil de l’église, les visiteurs ont vu se dérouler d’étranges cérémonies. À proximité de la ville, sur le sommet d’une colline, une idole des siècles écoulés, noircie par la fumée, est encore honorée au moyen de cierges, d’aiguilles de pin, de prières et même de sacrifices sanglants d’animaux.

Cette assemblée internationale a donné une véritable impulsion à l’œuvre, car l’accroissement s’est manifesté de plusieurs manières. Davantage de groupes isolés ont été formés et des pionniers spéciaux supplémentaires ont reçu comme attribution des villages autrefois négligés. En 1967, trois autres classes de l’École du ministère du Royaume ont été tenues. Frère Peterson faisait partie de ces étudiants et il exprime ses sentiments en ces termes : “Je remercie Jéhovah du privilège d’être avec ces frères venus de petites congrégations et de groupes isolés. Ces personnes n’ont qu’une instruction profane très limitée qui ne leur permet peut-être pas d’expliquer les points plus difficiles des Écritures. Cependant, j’ai reçu une leçon d’humilité que je n’oublierai jamais, à être parmi ces frères qui ont été utilisés par Jéhovah pour amener de nombreuses personnes à la vérité et à l’organisation de Dieu grâce à leur profonde sincérité et à leur conviction inébranlable dans leurs croyances.”

L’assistance à la Commémoration de 1968 dépassait les 5 000 personnes, ce qui représentait plus de 300 pour cent du maximum des proclamateurs du pays. Cinq autres missionnaires sont arrivés et une nouvelle maison de missionnaires a été ouverte dans la partie de la capitale appelée Jardins Tikal. À la fin de l’année de service 1968, une assemblée de district a également été tenue pour la première fois en dehors de la capitale, à Quezaltenango. Un grand nombre d’autocars chargés de frères ont fait le voyage depuis la ville de Guatemala. Le livre La vérité qui conduit à la vie éternelle a été présenté en espagnol à cette assemblée.

En 1968, frère et sœur DeYoung sont revenus au Guatemala après avoir servi au Honduras britannique pendant plusieurs années. Pendant quelques mois, frère DeYoung a projeté dans un grand nombre d’endroits isolés du Guatemala le film le plus récent de la Société intitulé “Dieu ne peut mentir”. L’assistance aux projections a prouvé que non seulement les frères mais de nombreux amis de la vérité appréciaient la clarté du message qui se dégageait du film. Dans une ville, un pasteur protestant qui étudiait en compagnie des témoins a amené cinquante membres de sa paroisse pour le voir, malgré la protestation de certains aînés de son Église. Dans les montagnes élevées de San Marcos et de sa ville sœur, San Pedro, dont la population totale est d’environ 15 000 âmes, 2 157 personnes ont assisté aux deux projections du film.

LE SERVICE DE LA CIRCONSCRIPTION EST EFFICACE

Les surveillants de circonscription du Guatemala effectuent souvent leur service avec un minimum de confort, faisant leurs tournées à la saison des pluies et dans des zones de climat tropical. Par exemple, Miguel Saenz (nommé en 1968) et sa femme ont voyagé une fois pendant quatre heures dans un autocar délabré, et ont ensuite marché pendant plusieurs kilomètres sous une pluie torrentielle, s’enfonçant dans la boue jusqu’aux chevilles. Bien sûr, ils ne disposaient pas de commodités, et la nuit, des nuages de moustiques les ont empêchés de dormir. Le jour suivant, ils devaient encore marcher à pied pendant environ trente kilomètres, aller et retour, pour visiter d’autres frères. Mais frère Saenz fait le commentaire suivant : “Je suis reconnaissant de ce privilège de servir notre Dieu tout-puissant dans ces endroits, car les frères ont besoin d’encouragement à travailler dur en dépit des difficultés.”

Frère Reast, un autre surveillant de circonscription, a enduré des épreuves pour atteindre un petit groupe isolé au fin fond du pays, mais il a constaté que sa présence a produit un échange d’encouragement. Il a également fait la remarque suivante : “Il faut voir de ses propres yeux à quel point les gens peuvent être pauvres. Quelques jours passés en leur compagnie suffisent pour nous ouvrir le cœur tout grand. Ils prendront vraiment plaisir à tout ce que notre Dieu Jéhovah fera pour eux dans le règne millénaire.”

À l’heure actuelle, des progrès sont enregistrés aussi bien à l’intérieur du pays que dans la capitale. Les routes de montagne, qu’il fallait autrefois emprunter avec peine, ont été remplacées par des routes nationales modernes. C’est pourquoi la bonne nouvelle a atteint la plus grande partie du “champ” du Guatemala. L’artère ferroviaire qui va de l’est à l’ouest et les avions bimoteurs de type DC-3 ne sont plus aussi indispensables qu’ils l’avaient été aux premiers jours de l’expansion. Des rubans d’asphalte sillonnant la république atteignent maintenant vingt des vingt-deux centres départementaux. Il y a actuellement plus d’une centaine de pionniers spéciaux effectuant leur service pour augmenter le nombre des congrégations ou contribuer au commencement de l’œuvre dans des villes restées pendant longtemps isolées.

DISPOSITIONS POUR SERVIR LÀ OÙ LE BESOIN EST PLUS GRAND

L’appel que la Société a lancé en 1968 pour “lâcher vos filets” dans des ‘eaux’ plus productives a fait que le bureau de la filiale a reçu plus de 400 lettres de demande de renseignements envoyées par des frères des États-Unis, du Canada et d’autres pays. Ils désiraient servir là où le besoin était plus grand. En l’espace des deux années suivantes, un grand nombre d’entre eux ont réglé leurs affaires et vendu leurs maisons ainsi que leurs possessions, se libérant pour accepter l’appel de prêcher à l’étranger.

Les frères et les missionnaires du Guatemala ont été beaucoup encouragés en voyant ces personnes, qui avaient abandonné bon nombre de choses, venir servir volontairement là où le besoin est plus grand. Si certains sont arrivés et repartis rapidement, d’autres ont effectué du bon travail pendant une année ou une année et demie avant de retourner dans leurs anciens domiciles. Il est évident que ceux qui sont restés sont vite devenus partie intégrante du peuple de Jéhovah de ce pays. Quelques-uns ont apporté avec eux leur ancienne expérience des champs missionnaires, mais la plupart, qui n’avaient jamais assisté à l’École de Galaad ni servi en tant que missionnaires, en ont manifesté l’état d’esprit. Ce ne sont pas toujours ceux qui possédaient les moyens pécuniaires ou la santé pour agir ainsi qui se sont enfoncés dans les régions isolées où de petits groupes avaient besoin d’aide et où des portions entières du territoire n’avaient jamais été travaillées d’une façon régulière. Des endroits tels que Quezaltenango, Chimaltenango, Huehuetenango, El Rancho, Puerto Barrios et Livingston, qui n’étaient autrefois que des points sur la carte, sont devenus le foyer de ces frères et sœurs venus d’autres pays.

LES BÉNÉDICTIONS CONTINUENT

Les bénédictions de Jéhovah ont été particulièrement abondantes pendant les dernières années (Prov. 10:22). Pensez que presque un millier de personnes ont été baptisées pendant les trois dernières années ! Les efforts conjugués des chrétiens originaires du Guatemala et de ceux qui sont venus de l’étranger ont produit un excellent témoignage dans tout ce pays. Par exemple, plus de 130 000 livres ont été placés en trois ans, et pendant la même période, les proclamateurs de congrégation ont consacré chacun une moyenne bien supérieure à onze heures par mois dans le ministère du champ. Au cours du mois d’août 1972, nous avons atteint un nouveau maximum de 3 004 adorateurs de Jéhovah, ce qui représente un accroissement de 24 pour cent sur la moyenne de l’année précédente. Le 29 mars 1972, l’assistance de plus de 8 700 personnes à la Commémoration nous a également remplis de joie.

Non seulement la paix et l’unité demeurent grâce à la nouvelle disposition concernant la nomination des “aînés” pour la surveillance des congrégations, mais nous sommes confiants que Jéhovah continuera à faire en sorte que ‘les choses désirables entrent’, tandis qu’il ‘ébranlera les nations’. — Aggée 2:7, NW.