Côte-d’Ivoire
Côte-d’Ivoire
La Côte-d’Ivoire est l’un des huit pays d’Afrique occidentale que la France a administrés de 1895 à 1958 et qui constituaient l’Afrique-Occidentale française.
La Côte-d’Ivoire a reçu ce nom dès la fin des années 1400 à cause du commerce des défenses d’éléphants. De nos jours, victimes d’une chasse à outrance, les éléphants sont confinés dans les régions boisées du sud-ouest. On ne trouve plus, comme dans le passé, des défenses qui pesaient jusqu’à 100 kilos. Leur poids actuel varie de 18 à 23 kilos seulement.
La Côte-d’Ivoire, devenue une colonie française en 1893, a obtenu son indépendance en 1960, année où Félix Houphouët-Boigny, chef du mouvement pour l’autonomie des territoires français d’Afrique, a été élu président. Depuis cette date, il a été réélu tous les cinq ans et il se trouve encore à la tête du gouvernement ivoirien.
Le pays se situe dans le renflement de l’Afrique occidentale. Il est délimité à l’ouest par le Liberia et la Guinée, à
l’est par le Ghana, et au nord par la Haute-Volta et le Mali. La Côte-d’Ivoire occupe une superficie de 322 000 km2, soit 15 fois celle du Salvador et un peu plus de la moitié de celle de la France.Le long de la côte, le climat est chaud et humide. Les forêts luxuriantes, qui couvrent environ la moitié du pays, s’étendent vers le nord et font place aux savanes du centre puis à celles du nord, plus arides. Les sécheresses récentes ont permis au Sahara de gagner sur le pays, mais elles ont à peine affecté les forêts du sud arrosées par les pluies tropicales.
La Côte-d’Ivoire compte quelque 7 500 000 habitants, dont environ la moitié a moins de 20 ans. Abidjan, la capitale, abrite plus d’un million d’âmes, contre 20 000 en 1945. En parcourant le pays à partir de cette belle ville côtière, on peut observer des gens qui travaillent dans de grandes plantations de bananes, de caféiers, de cacaoyers et d’ananas. À l’ouest, près de Gagnoa et de Daloa, d’autres s’activent dans les rizières et les exploitations forestières où ils abattent d’énormes acajous.
La population se caractérise par sa grande diversité. À la fin du siècle dernier, on dénombrait une soixantaine de groupes ethniques, chacun gardant ses distances vis-à-vis des autres et tirant sa subsistance des produits de la terre. On distingue les Achantis, venus du Ghana, les Bétés des forêts de l’ouest qui s’étendent jusqu’au Liberia, les Africains de haute taille, venus du Mali et de la Haute-Volta, et le peuple de Dan, originaire des montagnes de Guinée. Le long de la côte, près des lagunes sablonneuses bordées de cocotiers, vivent les Ébriés dont la ressource principale est la pêche.
Bien que le français soit la langue officielle, le pays compte de nombreux dialectes. Les Ivoiriens parlent quelque 70 langues indigènes appartenant à cinq groupes linguistiques
majeurs. Rien ou presque n’a été fait pour les mettre par écrit. La langue commerciale par excellence est le dioula, que pratiquent les négociants musulmans et nombre d’autres personnes à des fins commerciales. Beaucoup de gens parlent donc trois langues: leur dialecte natal, le français et le dioula.LA RELIGION EN CÔTE-D’IVOIRE
Les missionnaires catholiques entrèrent en Côte-d’Ivoire en 1893, quand elle devint une colonie française. Depuis la côte, ils dispensèrent progressivement leur enseignement, d’intelligence avec les colons. De nombreux villages acceptèrent leur doctrine tout en conservant leur religion animiste, croyance selon laquelle des objets inanimés, tels que les rivières, les lacs et les lagunes, ont une âme ou sont habités par des esprits dignes d’être vénérés.
Au nord, la religion musulmane a prédominé avec l’invasion des tribus soudanaises déjà converties à l’islam. L’islam s’est toutefois difficilement répandu, et rares sont les animistes qui ont accepté cette nouvelle religion de “résignation”. Ceux qui l’ont fait ont néanmoins conservé leurs croyances animistes.
Plus récemment, les Églises protestantes ont, elles aussi, gagné des adeptes. De 1913 à 1936, une nouvelle religion appelée harrisme, du nom de son fondateur, William Wade Harris, un prédicateur libérien, s’est propagée rapidement en Côte-d’Ivoire. Ses enseignements, basés sur les Écritures hébraïques, alliaient chants, danses et rites païens à certaines pensées tirées des Écritures.
D’autres sectes et groupements protestants sont apparus lorsque le pays a acquis son indépendance et, par là même, une plus grande liberté. C’est dans ce climat religieux, les animistes représentant 60 pour cent de la population, les musulmans 25 pour cent et les prétendus chrétiens 15 pour
cent, que le vrai christianisme a commencé à briller en Côte-d’Ivoire, il y a un peu plus de 30 ans.PREMIER RAPPORT D’ACTIVITÉ
Après que William Walden et George Covert eurent reçu leur diplôme à l’École de Galaad, en février 1948, la Société les envoya en Côte-d’Ivoire. Comme ils avaient du mal à obtenir leurs visas, elle les affecta en Côte-de-l’Or (aujourd’hui le Ghana) pour qu’ils essaient d’entrer en Côte-d’Ivoire à partir de ce pays.
En mars 1949, Alfred Baker, surveillant de la filiale de la Côte-de-l’Or, et William Walden se rendirent à Abidjan. Ils rencontrèrent le gouverneur français et firent des démarches pour obtenir leurs visas. Le gouverneur parut impressionné par la documentation qui lui fut présentée, mais il ne prit aucune décision. Pendant leur visite de quatre jours à Abidjan, les deux frères remplirent leur premier rapport d’activité en Côte-d’Ivoire.
Une année passa, mais malgré l’échange d’une correspondance régulière, les missionnaires ne reçurent pas l’autorisation d’entrer dans le pays. Finalement, le surveillant de la filiale de la Côte-de-l’Or envoya Alfred Elias Shooter, alors pionnier à Accra, la capitale, en Côte-d’Ivoire comme pionnier ordinaire.
LA PRÉDICATION RÉGULIÈRE COMMENCE
Arrivé à Abidjan, frère Shooter envoya son premier rapport d’activité à Accra en juin 1950. Il avait consacré 100 heures à la prédication de la bonne nouvelle, effectué 20 nouvelles visites et commencé deux études bibliques à domicile. Le mois suivant, il raviva le zèle d’un proclamateur inactif qui avait dû quitter Accra pour Abidjan. Au mois d’août, Alfred conduisait 12 études bibliques.
Frère Shooter entreprit de travailler à mi-temps pour payer le loyer de la petite pièce qu’il occupait sur la lagune, à Treichville, un quartier d’Abidjan. En décembre 1950, il assista à une assemblée nationale en Côte-de-l’Or, où frère Baker put s’entretenir avec lui sur l’œuvre en Côte-d’Ivoire. Sœur Shooter rejoignit son mari à Abidjan, comme pionnier ordinaire, en février 1951. Tous deux firent beaucoup pour aider les Ivoiriens à connaître les vérités bibliques. Dix-sept personnes assistèrent au Mémorial en mars 1951, et 25 au discours spécial. Une étude de livre, à laquelle assistèrent régulièrement 12 personnes, fut organisée à Abidjan.
L’ARRIVÉE DE MISSIONNAIRES DE GALAAD
En juillet 1951, Gabriel et Florence Paterson, diplômés de la 16e classe de Galaad, obtinrent l’autorisation d’entrer en Côte-d’Ivoire et furent hébergés par les Shooter. Des années plus tôt, Gabriel, originaire de la Côte-de-l’Or, avait étudié la Bible avec Alfred Shooter. Leurs retrouvailles en territoire étranger leur procurèrent une grande joie.
Les conditions n’étaient pas faciles pour ces jeunes couples. Gabriel décrit ainsi leur logement:
“Dès notre arrivée à Abidjan, Alfred avait agrandi leur seule pièce avec du carton. Il avait confectionné un toit en papier goudronné, et c’est là que nous dormions, Florence et moi. Nous préparions et prenions nos repas sous cet abri au toit en papier. Quand il pleuvait, l’eau dégouttait à l’intérieur et nous réveillait. Nous nous abritions dans un coin, en veillant bien à ne pas déranger nos hôtes.”
LE PREMIER DISCIPLE
Pareilles épreuves ne décourageaient pas les pionniers. Bientôt, leur activité porta ses fruits. Un certain Robert Markin, originaire de la Côte-de-l’Or, vit un exemplaire du
livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!” dans le bureau d’un ami. Il lui demanda l’autorisation de l’emprunter. Ne voulant pas s’en séparer, son ami préféra lui indiquer le domicile des Paterson et des Shooter.Robert se rendit immédiatement à la petite maison sur la lagune. Il y obtint le livre, et frère Paterson le visita à son domicile où ils étudièrent pendant deux heures. Le lendemain matin, Gabriel invita Robert à l’accompagner dans le service du champ, afin de lui montrer comment se déroulait l’œuvre de témoignage. Robert, le premier habitant de Côte-d’Ivoire à devenir Témoin de Jéhovah, fut baptisé, en même temps que deux autres frères, dans la lagune d’Abidjan, ou Gbobo, en avril 1952.
Bientôt, des réunions se tinrent au domicile de Robert. Elles furent d’abord conduites en anglais et traduites en français, en éhoué et en tchi (deux langues parlées au Ghana), ou dans l’un des dialectes locaux, en fonction de l’assistance. Au début, les membres de ce groupe étaient des étrangers, originaires de la Côte-de-l’Or, du Togo et du Dahomey. Les premiers Ivoiriens ne furent baptisés qu’en 1954.
ACTION LÉGALE CONTRE LES FRÈRES
En été 1952, la police apprit que cinq personnes avaient rejoint les pionniers dans l’œuvre de prédication. Frère Paterson fut arrêté, et sa maison fouillée. Il convient ici de préciser que le gouvernement n’avait pas reconnu les publications de la Société. Le directeur de la police européenne déclara qu’il regrettait cette intervention, mais ses hommes ayant découvert 100 volumes interdits, il se voyait contraint d’en référer aux autorités. Il prit cependant quelques ouvrages pour son usage personnel et se lia d’amitié avec frère Paterson.
Les frères furent cités à comparaître devant la Cour suprême qui siégeait dans la ville voisine de Grand-Bassam. Ils étaient accusés de détenir des publications interdites et de ne pas être en possession de leur “carte de résident étranger”.
Alfred Baker, surveillant de la filiale de la Côte-de-l’Or, vint en Côte-d’Ivoire pour contacter un avocat. Ce dernier fit une plaidoirie très convaincante, mais la cour soutint la position du gouvernement: “Pas de prédication ni de publications pour les Témoins de Jéhovah en Côte-d’Ivoire.” Frères Paterson et Shooter furent condamnés à des peines de prison avec sursis, allant de un à six mois. En outre, une amende de 5 000 francs leur fut infligée.
Quelques mois plus tard, les frères participaient au service du champ à Grand-Bassam. Sur la place du marché, ils virent,
exposées à la vente, les publications qui avaient été saisies. Cette affaire avait tellement peu préoccupé le gouvernement qu’il les avait vendues à un marchand. Les frères s’empressèrent de racheter un grand nombre de leurs propres livres. Ce fut une bénédiction en raison des difficultés à faire pénétrer des publications dans ce pays.UNE AIDE DES AUTORITÉS GOUVERNEMENTALES
Dans le même temps, la police et les services de l’immigration s’efforçaient d’expulser les pionniers sous prétexte qu’ils n’étaient pas porteurs de visas. Ces tracasseries se poursuivirent en 1952 et en 1953. Pour obtenir des visas permanents, les frères durent se rendre dans quantité de bureaux de l’administration. Ils rencontrèrent certains membres influents du gouvernement, dont Félix Houphouët-Boigny et Ouezzin Coulibaly.
M. Houphouët-Boigny, qui devint plus tard président de la Côte-d’Ivoire, était alors président du Rassemblement démocratique africain, président du Parlement de la Côte-d’Ivoire et membre de l’Assemblée nationale en France. Frère Paterson exposa ses difficultés à ce personnage officiel qui l’écouta avec sympathie. M. Houphouët-Boigny lui promit alors de faire le nécessaire pour que les frères puissent demeurer dans le pays. “La vérité, remarqua-t-il, n’a pas de frontières. Elle ressemble à un torrent; endiguez-le et il submergera ses digues.” Il les recommanda auprès de son représentant, Ouezzin Coulibaly, qui, plus tard, devint l’ami de frère Paterson.
La carte de résident étranger devait être délivrée à Dakar, au Sénégal, où siégeait le gouvernement de l’Afrique-Occidentale française. Grâce à l’intervention de M. Coulibaly, frère Paterson en obtint une sans difficulté. Son visa fut également prolongé à la suite de l’entretien que M. Coulibaly eut avec le chef de la sécurité nationale. Ce fonctionnaire expliqua
qu’un prêtre catholique et un pasteur méthodiste lui avaient rendu visite pour lui dire que la prédication des Témoins de Jéhovah était néfaste au peuple. Mais quel était le sentiment de M. Coulibaly? Il déclara: “Je représente le peuple de ce pays. Nous sommes le peuple et nous aimons les Témoins de Jéhovah. Nous souhaitons donc qu’ils restent dans notre pays.”UN FONDEMENT SOLIDE EST POSÉ
Après l’intervention de M. Coulibaly, les frères purent poursuivre paisiblement l’œuvre que Jéhovah leur avait confiée. En 1953, ils enregistrèrent un maximum de 17 proclamateurs et, au mois de mars, 85 personnes assistèrent au Mémorial.
Frère Paterson adressa alors à la Société la recommandation suivante: “Il s’avère possible de former une congrégation, car certains proclamateurs sont à présent capables d’être nommés serviteurs.” Ainsi fut fondée la première congrégation, à Treichville, Abidjan, le 1er avril 1954.
Les frères louaient régulièrement un petit camion pour atteindre les parties éloignées du territoire et ils chantaient des cantiques du Royaume pendant le trajet. Au terme de la matinée de prédication, ils pique-niquaient puis organisaient une réunion publique dans une école ou dans la cour d’une personne bien disposée envers le message. Après quoi, fatigués mais heureux, ils remontaient dans le camion et rentraient chez eux, toujours en chantant. En 1954, 19 proclamateurs en moyenne prêchaient régulièrement tous les mois.
DES PILIERS DE L’ÉGLISE DEVIENNENT TÉMOINS
Parmi les événements marquants de 1955, il faut citer le cas de deux piliers de l’Église locale qui prirent position pour la vérité. Fait intéressant, l’un d’eux, Samuel Denoo, était
l’ami de Robert Markin, l’homme chez qui celui-ci avait vu un exemplaire du livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!”. C’était Samuel qui avait envoyé Robert chez frère Paterson, à la suite de quoi Robert était devenu le premier disciple en Côte-d’Ivoire.Samuel Denoo était membre du comité exécutif de l’Église méthodiste locale. Lui et le président de la classe biblique, un certain Emmanuel Kwaku Glago, invitèrent frère Paterson à s’adresser aux fidèles. Le discours reçut bon accueil et plusieurs études bibliques furent commencées, dont deux avec Denoo et Glago.
Ces deux piliers de l’Église ne tardèrent pas à venir à la vérité, mais non sans rencontrer de l’opposition. Les pasteurs de l’Église méthodiste les sommèrent d’exposer les raisons qui les avaient poussés à quitter l’Église pour se joindre aux Témoins de Jéhovah. Samuel Denoo expliqua:
“Vous n’ignorez pas que j’étais polygame. Vous m’avez néanmoins désigné comme conseiller et membre du comité exécutif. Les Témoins de Jéhovah ne m’ont pas autorisé à me faire baptiser tant que je n’avais pas rendu ma vie conforme à l’enseignement des Écritures. Grâce à eux, je sais qui est Jéhovah et comment l’adorer.”
Emmanuel Glago mit l’accent sur les différences fondamentales qui existent entre l’Église méthodiste et les Témoins de Jéhovah. “Dans votre Église, dit-il, les laïcs obéissent au clergé plutôt qu’à Dieu. Les Témoins de Jéhovah, qui ne font aucune distinction entre clergé et laïcs, adorent Dieu et lui obéissent en prêchant et en enseignant la bonne nouvelle du Royaume en qualité de serviteurs du Très-Haut.”
L’un des pasteurs dit alors que tous deux pouvaient revenir dans l’Église et qu’il leur serait permis de prêcher à la congrégation. Il s’attira la réponse suivante: “Que vais-je leur
enseigner? Les mêmes vieilles redites: l’immortalité de l’âme humaine, l’enfer de feu après la mort, la ‘mystérieuse’ trinité, etc.? Non, il n’en est pas question. L’enseignement des Témoins de Jéhovah m’a amené à la conclusion que les doctrines de l’Église sont fausses et dérivent du paganisme.”La discussion se poursuivit pendant plus de deux heures, et les pasteurs durent partir sans avoir fait fléchir leurs membres. Peu après, Samuel Denoo offrit sa maison comme Salle du Royaume, laquelle servit par la suite aux missionnaires qui furent affectés en Côte-d’Ivoire.
L’ASSEMBLÉE DE 1955 EN CÔTE-DE-L’OR
Le point culminant de 1955 fut sans aucun doute l’assemblée
qui se tint à Accra, en Côte-de-l’Or, du 17 au 20 novembre. Vingt-cinq Ivoiriens s’y rendirent en voyageant tantôt en camion, tantôt en bateau. À la frontière, frère Paterson sortit du bateau et dit aux policiers qu’ils étaient citoyens du “monde nouveau” en route pour une assemblée organisée par leurs “compatriotes” à Accra. Ils reçurent l’autorisation de passer et aucun frère ne fut inquiété.Ils arrivèrent finalement à Accra. Quel émerveillement! Ils n’avaient jamais vu plus de 100 personnes réunies. Or, 7 000 assistèrent à la première session et l’on en compta 14 331 au discours public! Les Shooter, qui étaient à l’origine de l’œuvre en Côte-d’Ivoire, restèrent en Côte-de-l’Or. Les autres frères retournèrent en Côte-d’Ivoire, animés d’une nouvelle vigueur pour poursuivre la prédication.
L’ŒUVRE COMMENCE À BOUAKÉ
Jusqu’en 1955, l’œuvre de témoignage s’était cantonnée à Abidjan et à ses environs. Bien que certains proclamateurs aient prêché à leurs parents en divers lieux, ces personnes n’avaient pas été visitées régulièrement. Cependant, après l’assemblée d’Accra, l’employeur de Robert Markin l’affecta à Bouaké, la plus grande ville de la Côte-d’Ivoire après Abidjan.
Au début, Robert se faisait du souci à la pensée d’être isolé de ses frères. Frère Paterson lui dit: “Quand tu seras là-bas, ne prends pas une petite maison, mais une grande. Tu pourras ainsi y tenir des réunions avec toutes les personnes bien disposées qui viendront.”
Dès son arrivée à Bouaké, Robert apprit que son neveu lui avait trouvé une maison, mais petite. Fidèle aux instructions de frère Paterson, Robert la refusa et en trouva une autre suffisamment vaste pour abriter la future congrégation. Très
vite, il rencontra une famille de musulmans, dont 20 membres vinrent discuter de la Bible avec lui. En peu de temps, quelques habitants de Bouaké commencèrent à s’intéresser à la Bible. En 1956, 53 proclamateurs en moyenne prêchaient dans tout le pays.VISITE DE SURVEILLANTS ITINÉRANTS
En octobre 1957 furent organisées les premières visites de surveillants de circonscription. William Darko, de la Côte-de-l’Or (pays dont le nom fut changé la même année en celui de Ghana), desservit la congrégation d’Abidjan ainsi que le petit groupe de proclamateurs isolés de Bouaké. À cette époque, il y avait aussi des proclamateurs isolés à Daloa, à Dimbokro, à Grand-Bassam et à Koumassi, faubourg d’Abidjan. En décembre 1957, frère Paterson fut nommé surveillant de circonscription. L’année d’après, Bouaké comptait 16 proclamateurs.
UN PIONNIER SPÉCIAL À BOUAKÉ
Daniel Keboh, pionnier spécial nigérien qui résidait au Ghana, vint à Bouaké en septembre 1958. Après deux jours de voyage en camion, il arriva, couvert de poussière rouge, fatigué, mais heureux d’avoir trouvé ses frères. Le lendemain, accompagné d’un frère du lieu, il se rendit au poste de police pour déclarer sa présence dans la ville.
La police s’empressa de confisquer les publications de Daniel et retint les deux hommes quelques heures au cours desquelles elle leur posa de nombreuses questions sur leurs activités. Trois mois plus tard, ils furent cités devant le tribunal, et le juge les condamna à payer une amende de 2 500 francs chacun.
Les officiers de police africains furent néanmoins compréhensifs et dirent aux frères de ne pas payer l’amende. Ils
ajoutèrent que si on les envoyait pour la recouvrer, ils diraient qu’ils n’avaient pas trouvé les contrevenants. Cette histoire illustre bien l’attitude des autorités à l’égard des Témoins de Jéhovah. En dépit de ces difficultés, Daniel ne se découragea pas et commença à donner le témoignage à Bouaké.LES ÉTRANGERS SONT CONTRAINTS DE PARTIR
En 1958, peu de gens du pays avaient accepté la vérité. La majorité des frères étaient originaires du Togo et du Dahomey (aujourd’hui le Bénin), si bien que notre culte était réputé dahoméen. Un frère déclara qu’on l’avait souvent pris pour un Dahoméen, simplement parce qu’il était Témoin.
En 1958, donc, des difficultés surgirent à propos des étrangers résidant en Côte-d’Ivoire. Il y eut des émeutes et de nombreuses difficultés. La situation se dégrada au point que le gouvernement ne put plus garantir la sécurité des citoyens originaires du Togo et du Dahomey qui séjournaient en Côte-d’Ivoire. On leur enjoignit alors de regagner leur pays d’origine.
Aucun frère ne trouva la mort dans les émeutes. La vie des Témoins, comme celle des autres étrangers, était néanmoins en danger. Nombre d’entre eux quittèrent donc le pays, respectant ainsi le décret gouvernemental. Le résultat? La Côte-d’Ivoire perdit environ 25 proclamateurs, soit le fruit de deux années d’activité. La perte fut d’autant plus importante que ces frères étaient à la tête des congrégations.
La question était donc la suivante: Les frères locaux allaient-ils s’en sortir seuls? La réponse était évidemment affirmative. Frère Paterson entreprit aussitôt de les former, afin qu’ils puissent assumer des responsabilités dans la congrégation d’Abidjan, ce qui lui permettrait de visiter les proclamateurs isolés. L’activité de prédication se poursuivit
donc et de nouveaux disciples remplacèrent ceux qui avaient dû partir à cause des émeutes. Le nombre moyen des proclamateurs descendit cependant de 60, en 1958, à 46, en 1959, pour les raisons indiquées plus haut.IL APPORTA SON SOUTIEN À L’ŒUVRE
À cette époque, Blaise Bley, qui travaillait à l’aéroport d’Abidjan, reçut un exemplaire de La Tour de Garde. Intéressé par sa lecture, il sollicita un complément d’informations. Finalement, frère Paterson reçut son adresse et le visita. Une étude biblique commença et, au mois de mars 1959, Blaise était au nombre des 20 délégués de la Côte-d’Ivoire qui se rendirent à Kumasi, au Ghana, pour assister à l’assemblée “La volonté divine”. Quelle joie pour lui de faire partie des 13 754 personnes qui reçurent conseils et encouragements tirés de la Parole de Dieu!
Blaise demeurait à Port-Bouët, dans la banlieue d’Abidjan, à environ 10 kilomètres du lieu de réunion. Il lui était difficile d’y assister trois fois par semaine. Il réunit donc les personnes bien disposées qui habitaient près de chez lui et organisa des réunions sur place. C’est ainsi que le noyau de Port-Bouët vit le jour.
La première assemblée de circonscription en Côte-d’Ivoire eut lieu au mois de juin 1959. On compta 62 assistants. Six mois plus tard, une autre assemblée se déroula à Abidjan. À cette occasion, 153 personnes virent pour la première fois le film de la Société sur les assemblées “La volonté divine”.
DES PROGRÈS CONSTANTS
Daniel Keboh, pionnier spécial à Bouaké, fut envoyé à Gagnoa, dans l’est du pays. Un autre pionnier spécial du Ghana, Abraham Amponsah, vint l’y rejoindre. Un petit groupe ne tarda pas se former. Puis les frères reçurent la
visite d’Ernest Funk, surveillant de district au Ghana, qui présenta les films de la Société à plusieurs centaines de personnes. À cette occasion, un chef musulman de Gagnoa offrit gracieusement son équipement de sonorisation et envoya même un de ses techniciens pour en assurer le fonctionnement.Le témoignage s’étendit également aux faubourgs d’Abidjan. Outre le groupe qui se réunissait à Port-Bouët, un autre commença son activité aux alentours de Koumassi. La ville de Grand-Bassam, située à environ 40 kilomètres d’Abidjan, reçut également le témoignage. Une congrégation de quelque 30 proclamateurs y prospère aujourd’hui.
Ces divers groupes furent soutenus par des pionniers spéciaux venus du Ghana: George Kwakye, à Koumassi, et Jacob Hackman, à Grand-Bassam. Les Paterson étant retournés au Ghana, David Adu-Manuh fut désigné comme surveillant de circonscription à sa place. L’année de service 1961 s’acheva donc avec un excellent maximum de 121 proclamateurs du Royaume.
UN VOYAGE MOUVEMENTÉ
L’année 1962 prit un bon départ avec l’envoi d’une délégation d’Ivoiriens à l’assemblée de district d’Accra, au Ghana. Le groupe en question longea la côte, traversa la lagune à la frontière puis emprunta les camions qui desservent les villes. Ce moyen de transport est plutôt risqué vu le fatalisme des chauffeurs. “Si c’est la volonté de Dieu que nous allions ici ou là, rien ne pourra nous arrêter”, disent-ils, et ils conduisent à l’avenant. Les accidents sont donc fréquents, et ce voyage, hélas, ne fit pas exception.
De l’autre côté de la frontière, près de Takoradi, le camion quitta la route et se renversa. Un frère, qui s’était endormi, fut éjecté du camion et atterrit dans les roseaux. Après quelques
minutes de recherches inquiètes, les frères retrouvèrent leur compagnon indemne. Aucun frère ne fut gravement blessé, mais plusieurs autres voyageurs furent sérieusement touchés. Après avoir reçu des soins à l’hôpital et avoir passé une nuit avec les frères locaux, la délégation poursuivit son voyage, arriva le lendemain sur les lieux de l’assemblée et en tira grand profit.DES ENNUIS À BOUAKÉ
En 1962, lors de l’assemblée de circonscription de Bouaké, survint un incident qui freina considérablement l’accroissement pendant plusieurs années. Le premier soir, 182 personnes écoutaient le programme. Plus tard, au cours du congrès,
un exclu entra et sema le désordre dans l’assistance. Alors que les frères le retenaient, l’homme s’écroula brusquement, en proie, semblait-il, à une crise d’épilepsie. À ce moment, la police, qui avait été avertie, arriva sur les lieux et conduisit l’homme à l’hôpital, où il mourut.Il convient de préciser que, dans ce pays, on attribue rarement la mort à des causes naturelles. Même la mort de personnes âgées est attribuée à la sorcellerie ou à l’empoisonnement. Dans ce cas précis, les parents de la victime ne se satisfirent pas de l’explication selon laquelle cet homme était déjà malade et avait reçu, de son médecin traitant, le conseil de ne pas s’énerver ni de se mettre en colère. Ils crurent fermement qu’on l’avait assassiné, bien que l’hôpital ait déclaré qu’il avait succombé à une attaque cardiaque.
Par suite de cette accusation, neuf frères furent emprisonnés. Cinq furent relâchés quelques jours plus tard, mais les quatre autres furent accusés de meurtre. Après quatre mois de prison, trois autres frères furent libérés, le rapport d’autopsie ayant fini par établir leur innocence. Le dernier resta enfermé plus longtemps, pour sa propre sécurité, affirma-t-on, car les parents du défunt cherchaient à se venger.
En prison, les frères donnèrent hardiment le témoignage. Lorsqu’ils durent répondre aux questions que leur posaient les frères devant les autres prisonniers, les adventistes du septième jour cessèrent de visiter les détenus. Les frères reçurent l’autorisation de prononcer des discours publics qui, peu avant leur libération, réunissaient une trentaine de personnes. Ils tinrent d’autres réunions régulières, et deux prisonniers commencèrent à prendre position pour la vérité.
Finalement, les frères furent mis hors de cause, mais l’incident eut de lourdes conséquences. Le groupe de Gagnoa, principalement composé de parents du défunt, disparut rapidement.
La congrégation de Bouaké fut dissoute à son tour et, longtemps après cet événement, les frères ne purent se présenter dans cette ville sans courir de graves dangers.LA SOCIÉTÉ VIENT EN AIDE AUX FRÈRES
En septembre 1962, frère et sœur Simmons, des missionnaires expulsés d’Haïti, arrivèrent en Côte-d’Ivoire. Le mois suivant, un maximum de 108 personnes assistèrent à l’assemblée d’Abidjan. Ce petit nombre d’assistants était le reflet des troubles récents. Le surveillant de la filiale du Ghana, frère Herbert Jennings, qui assistait à ce congrès, pensait que d’autres missionnaires seraient à même de stabiliser la situation. Frère et sœur Enevoldsen, diplômés de la 37e classe de Galaad, furent donc affectés en Côte-d’Ivoire et arrivèrent à Abidjan en janvier 1963. Quelques mois plus tard, Cosmas Klévor, un pionnier spécial, arriva du Ghana.
À son arrivée, frère Klévor fut frappé par l’accueil très réservé que lui firent les frères. Mais leurs visages s’éclairèrent lorsque Cosmas cita les noms des missionnaires qu’il était venu rejoindre. Ils lui expliquèrent que, quelques minutes plus tôt, ils avaient parlé à un imposteur qui prétendait être un Témoin venu d’un pays étranger. Les frères soupçonnaient donc Cosmas de jouer un jeu analogue.
LE LOGEMENT DES MISSIONNAIRES
En janvier 1964, les missionnaires quittèrent l’appartement où ils résidaient pour la grande maison de Samuel Denoo, dans la rue principale de Treichville. Elle abritait déjà la Salle du Royaume et, avec le temps, jusqu’à 15 missionnaires y furent hébergés. L’endroit offrait divers avantages par rapport au précédent, bien qu’il présentât aussi quelques inconvénients.
Un de ces inconvénients, et pas le moindre, était son emplacement à un carrefour, près des feux. Le bruit de la circulation était très gênant. De plus, la maison voisine était habitée par un homme qui avait quatre femmes. Or, presque tous les matins, les missionnaires étaient réveillés à l’aube par les hurlements que poussait la plus jeune des femmes lorsque l’une des trois autres la battait. Des années après, lorsque cette maison fut démolie et qu’on en construisit une autre à la place, tous les frères poussèrent un soupir de soulagement. Mais le nouveau bâtiment servit de boîte de nuit et les cris qui s’en échappaient parfois étaient plus insupportables encore que les précédents.
LES ASSEMBLÉES DE 1964
L’année prit un bon départ avec l’assemblée de circonscription d’Abidjan, plus précisément à Koumassi, à laquelle 152 personnes assistèrent. (La deuxième congrégation fut formée en 1964.) George Kwakye prononça un discours sur le courage. Alors qu’il citait les paroles de Jésus disant de ne pas craindre ceux qui peuvent tuer le corps mais qui ne peuvent tuer l’âme, un serpent surgit sur l’estrade. Alerté par les gestes d’effroi des frères assis au premier rang, George s’enfuit au fond de la salle. Après qu’on se fut saisi du reptile, George réapparut, tout penaud, et reprit son discours là où il l’avait interrompu.
Un peu plus tard, au mois de mars, une assemblée de district fut organisée à Abidjan, au centre culturel de Treichville. Des gens s’étant plaints qu’une réunion illégale avait lieu, la police interrompit le congrès. Les agents conduisirent au poste plusieurs orateurs et leur dirent qu’ils n’avaient pas l’autorisation de tenir des assemblées publiques puisque l’œuvre des Témoins de Jéhovah n’était pas reconnue en Côte-d’Ivoire. Cependant, l’assemblée se poursuivit heureusement
dans la Salle du Royaume de Treichville. En 1964, on atteignit un nouveau maximum de 143 proclamateurs.DÉMARCHES POUR FAIRE RECONNAÎTRE L’ŒUVRE
Les frères décidèrent de chercher le moyen de faire reconnaître les activités de la Société Watch Tower. La Côte-d’Ivoire ayant acquis son indépendance, ils pensaient que leurs efforts pourraient être couronnés de succès. Le 14 septembre 1964, le président de la Société envoya donc une lettre au président de la Côte-d’Ivoire, lui demandant de reconnaître légalement l’œuvre du Royaume.
Pendant ce temps, la prédication se poursuivait. En mai 1965, une autre assemblée de circonscription eut lieu, à Grand-Bassam, et 200 personnes écoutèrent le discours public. Mais, le 3 juin 1965, un communiqué parut, précisant que le gouvernement avait refusé aux Témoins de Jéhovah la permission de poursuivre leurs activités en Côte-d’Ivoire.
Cette annonce amena-t-elle un changement quelconque? Pour ainsi dire aucun, du moins au début. Avant la parution de ce décret, l’œuvre des Témoins de Jéhovah n’était pas reconnue en Côte-d’Ivoire Les missionnaires n’avaient pas été expulsés ni les réunions interdites. Celles qui se tenaient à Treichville, par exemple, se déroulaient dans la Salle du Royaume, clairement signalée par une grande enseigne. Seule concession au nouveau décret, les frères fermaient les fenêtres pendant les réunions, et cela malgré le climat tropical.
Fait surprenant, quatre nouveaux missionnaires reçurent leur visa leur permettant de séjourner en Côte-d’Ivoire, alors qu’il était notoire qu’ils relevaient d’une société interdite. C’est ainsi que Joseph et Marcia Crawford, accompagnés de Joseph et de Lillie Hines arrivèrent le 4 novembre 1965. Ils ignoraient tout des restrictions relatives à l’œuvre, — il n’en fut pas fait mention. Ils se lancèrent donc dans le service avec
enthousiasme et l’un d’eux plaça plus de 300 périodiques au cours de son premier mois d’activité.ARRESTATIONS ET PERSÉCUTIONS
Mais les vraies difficultés commencèrent peu après. Daniel Keboh fut emprisonné à Koumassi le 1er janvier 1966. Il demeurait alors dans la cour située au-dessous de l’appartement des missionnaires. Lorsque ceux-ci s’aperçurent que la porte de Daniel était restée close deux soirs de suite, ils firent des recherches. Imaginez leur surprise lorsqu’ils découvrirent que leur compagnon avait été arrêté parce qu’il prêchait une religion interdite.
Les missionnaires rentrèrent chez eux en toute hâte et ôtèrent le panonceau de la Salle du Royaume qui était apposé au-dessus de leur logement. Ils bouclèrent même leurs valises en prévision d’une expulsion éventuelle. Ils comprirent cependant que la situation n’était pas si alarmante. Par la suite,
les frères se montrèrent néanmoins plus circonspects dans leur prédication.Quelques mois plus tard, le 5 juin, la police se manifesta à nouveau. Les forces de l’ordre se présentèrent à la Salle du Royaume de Koumassi où elles arrêtèrent le surveillant de la congrégation, George Kwakye, ainsi que deux autres frères. Les policiers emportèrent le tableau d’affichage, le texte annuel, les publications et d’autres articles. Le lendemain, deux frères, Samuel Attiou et Ernest Nomel, qui visitaient les détenus, furent appréhendés à leur tour.
Ayant lu le nom de Robert Lasme sur le tableau, les policiers se présentèrent à son domicile pour l’arrêter. Une réunion avait lieu à ce moment précis. Sœur Lasme, qui surveillait la porte, vit approcher les policiers et donna un signal. Tous les frères purent s’échapper, à l’exception de trois qui se précipitèrent dans la chambre et se cachèrent sous le lit. Les deux policiers jetèrent un bref coup d’œil dans la maison, mais ne virent personne. Pendant qu’ils en faisaient le tour, les trois frères s’esquivèrent.
Six frères de Koumassi n’en étaient pas moins détenus, et les missionnaires n’avaient pas le droit de les visiter. Une sœur reçut pourtant la permission de leur apporter à manger et elle parvint à dissimuler deux Bibles dans les denrées qu’elle avait apportées. Tous les soirs, les frères tenaient une réunion et chantaient des cantiques. Les autres prisonniers qui assistaient à ces réunions avaient coutume de dire: “Dieu est avec nous dans cette cellule.” Ils aimaient entendre chanter les frères.
Lorsque les frères comparurent devant le tribunal, le procureur de la République déclara qu’il n’était pas détendu de connaître ou d’enseigner la Bible en Côte-d’Ivoire. Ce qui était interdit, c’était de propager les idées des Témoins de Jéhovah. Mais il ne dit pas où était la différence. Les frères furent condamnés à la prison avec sursis et à une amende de
350 000 francs. Plus tard, la cour d’appel annula l’amende. Les frères revinrent donc à Koumassi et continuèrent à prêcher et à se réunir comme auparavant.Cet incident ne fut pas unique en son genre. Lawrence Lambert fut arrêté, lui aussi. La police le maltraita et l’interrogea longuement. Elle voulait connaître les noms de tous les frères de la région, afin de les appréhender à leur tour. Mais frère Lambert répondit: “Le prêtre connaît-il les noms de tous ceux qui assistent à la messe?” Il ne révéla aucun nom.
Un autre incident reflète bien l’attitude générale des autorités vis-à-vis des Témoins de Jéhovah. Un Nigérien, qui n’était pas Témoin, fut emprisonné parce que le nom “Jéhovah” était peint sur son camion. Il ne fut libéré qu’après avoir convaincu les autorités qu’il n’était pas lui-même Témoin de Jéhovah.
LES FRÈRES CHERCHENT À FAIRE LEVER L’INTERDICTION
Il devenait de plus en plus évident que l’œuvre ne pourrait guère progresser en raison de l’interdiction. Les frères firent donc tout ce qu’ils purent pour la faire lever. Les missionnaires Joseph Hines et Joseph Crawford eurent un entretien avec M. Nanlo Bamba, ministre de l’Intérieur, et avec M. Christian Blaud, son secrétaire, un Français. Des membres de l’ambassade américaine intervinrent aussi en faveur de la Société puisque les autorités ivoiriennes refusaient de reconnaître celle-ci sous prétexte qu’elle était américaine.
La Société Watch Tower prépara aussi, en avril 1967, un document de 13 pages qui expliquait notre position de neutralité. Il y était dit clairement que nous n’empêchions pas les gens de remplir leurs devoirs civiques, mais que, bien au contraire, nous les incitions à se conduire en citoyens obéissants envers les autorités. La Société recueillit aussi des documents
officiels démontrant que notre œuvre était reconnue dans d’autres pays d’Afrique occidentale. Ces écrits, qu’accompagnait une lettre datée du 18 mai 1967, furent remis au président Félix Houphouët-Boigny. L’on sut, plus tard, qu’il avait lu la lettre et approuvé son contenu. Il l’avait ensuite transmise au ministre de l’Intérieur.Presque aussitôt, quatre frères rendirent à nouveau visite au ministre Nanlo Bamba. Puisque la Société était qualifiée d’ “étrangère”, ce furent quatre Ivoiriens qui se présentèrent devant lui. En premier lieu, le ministre demanda aux frères à quelle tribu ils appartenaient. Voyant qu’ils étaient tous de Côte-d’Ivoire, il fut satisfait et poursuivit l’entretien. Il souleva ensuite la question du service militaire, disant que les Témoins de Jéhovah ne combattaient pas pour leur pays. Les frères expliquèrent notre position de neutralité chrétienne et lui offrirent quelques écrits bibliques. Aucune décision ne fut prise sur-le-champ, car Bamba dit qu’il lui fallait consulter d’autres membres du gouvernement.
LES FRÈRES APPRENNENT LA DÉCISION
Deux semaines plus tard, au début du mois de juin 1967, un Témoin et une personne bien disposée participaient à l’activité de prédication de maison en maison. Ce nouveau proclamateur, qui accompagnait le frère, continua de prêcher après que celui-ci l’eut quitté. À une certaine porte, un homme lui dit: “L’œuvre des Témoins de Jéhovah était interdite en Côte-d’Ivoire, mais à présent, ils ont l’autorisation de prêcher.” Puis il ajouta qu’il était du nombre des personnalités officielles qui avaient examiné cette question, et que la décision avait été prise deux semaines auparavant.
Le nouveau proclamateur se précipita chez les missionnaires pour leur annoncer cette bonne nouvelle. Le lendemain, ils se rendirent au bureau de ce membre du gouvernement, lequel leur délivra une copie de l’ordonnance officielle. Il
était stipulé que les Témoins de Jéhovah étaient reconnus légalement et qu’il leur était permis de poursuivre leur œuvre pendant une année. Cette autorisation pourrait être reconduite annuellement.“La reconnaissance légale de l’œuvre de témoignage nous donna le sentiment d’avoir un poids en moins sur les épaules, déclara l’un des missionnaires. Nous étions très heureux d’avoir enduré pendant cette période difficile de l’histoire du peuple de Jéhovah en Côte-d’Ivoire.”
Lorsqu’ils surent que l’interdiction était levée, les frères démontrèrent leur joie comme le voulait la coutume. Ils se réunirent après une réunion et chantèrent et chantèrent encore, jusqu’à épuisement.
UN REMARQUABLE EXEMPLE D’ENDURANCE
En 1967, Lillie Hines, une missionnaire, commença une étude biblique avec une jeune fille de 16 ans nommée Pauline. Son père était au service du gouvernement et avait de
ce fait tracé à sa fille une certaine ligne de conduite. Rien n’était trop beau pour elle, y compris l’enseignement qui lui était dispensé dans des internats privés.Peu après, le père usa de pressions pour lui faire interrompre l’étude biblique. Elle fut traduite devant un conseil tribal, ce qui n’affecta en rien sa résolution de persévérer. Son père recourut alors à la sorcellerie en lui offrant un bel anneau d’or qu’un sorcier avait béni à son insu. Elle ressentit alors de violents maux de tête. Ayant compris qu’ils s’étaient produits depuis qu’elle portait l’anneau, elle s’en débarrassa et, peu à peu, ses migraines cessèrent. Ni les coups ni les menaces ne réussirent à lui faire interrompre l’étude.
Son père engagea alors des gardes avec mission de l’empêcher d’assister aux réunions. Elle parvint, cependant, à les mystifier. Un jour, par exemple, elle se déguisa en vieille femme, passa devant eux et se rendit à l’assemblée. Là, elle ôta son déguisement et écouta le programme. Le soir, elle se déguisa à nouveau et revint chez elle, repassant devant les gardes.
Une autre fois, elle se faufila à travers la clôture, derrière la maison, prit le train pour Bouaké, se fit baptiser à l’assemblée, reprit le train pour retourner à Abidjan et se présenta à l’école avant que quiconque se fût aperçu qu’elle était partie. Plus tard, son père découvrit qu’elle était allée à Bouaké et il lui demanda en compagnie de qui. “Avec les sœurs”, répondit-elle. Pensant qu’il s’agissait des religieuses de l’école, il dit alors que “c’était bien”.
Lorsque son père apprit qu’elle s’était fait baptiser, il entra dans une violente colère. Il rassembla les effets de sa fille, la confia à un homme politique important et l’envoya à Paris pour y achever ses études. Il espérait que les attraits du monde l’éblouiraient et qu’elle en oublierait sa nouvelle religion.
Si la vie dans la capitale émerveilla Pauline, elle n’altéra pas son zèle pour Jéhovah. Elle lut dans Réveillez-vous! l’adresse de la filiale de France et commença à fréquenter régulièrement les réunions. Par la suite, elle s’associa à une congrégation située plus près de son domicile, en banlieue. Elle commença des études bibliques avec des camarades de classe, et au moins sept d’entre eux sont à présent baptisés.
Pauline est rentrée dans son pays. Aujourd’hui, son mari et elle servent fidèlement Jéhovah dans la congrégation d’Abidjan. Elle ne regrette pas d’avoir sacrifié les biens matériels à cause du Royaume, ni d’avoir perdu l’affection de son père, quoiqu’elle ne désespère pas de voir changer son cœur. Son désir majeur est de servir pleinement Jéhovah et d’aider son mari à élever leurs enfants dans la voie de Dieu.
LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE APRÈS L’INTERDICTION
En septembre 1967, les frères étaient prêts pour leur première assemblée depuis mai 1965. Ils durent changer de salle à la dernière minute et, comme il n’y avait pas de lumière, ils furent obligés de se réunir l’après-midi au lieu du soir, mais cela ne refroidit pas leur enthousiasme. Cette assemblée fut la plus belle à laquelle il leur avait été donné d’assister: pour la première fois, ils avaient toute liberté de se réunir. Malgré les obstacles, 416 personnes écoutèrent le discours public. Quel merveilleux accroissement par rapport aux 200 assistants qu’on avait dénombrés deux ans plus tôt!
DES MISSIONNAIRES EN PLUS GRAND NOMBRE
Lors de l’assemblée de 1967, les frères apprirent que la Société allait envoyer d’autres missionnaires en Côte-d’Ivoire. Sept d’entre eux arrivèrent à la fin de l’année, ce qui portait le nombre total à 11. Un nouveau foyer leur fut alors attribué à Adjamé, dans la banlieue d’Abidjan.
En novembre 1967, Don Adams, du Béthel de Brooklyn, visita le pays comme surveillant de zone et recommanda l’envoi d’autres missionnaires. En mars et en avril 1968, la Société en envoya neuf. Après trois semaines de cours de français accélérés, quatre d’entre eux furent désignés pour ouvrir une nouvelle maison de missionnaires à Bouaké. En octobre 1968, neuf autres missionnaires arrivèrent.
Que ressentaient-ils en débarquant dans ce pays étranger? Heidelind Pohl nous le dit:
“En descendant de l’avion, j’eus l’impression de pénétrer dans un sauna. Dès mon arrivée à Treichville, je fus surpris de constater que, si les fenêtres comportaient des persiennes, elles n’avaient pas de carreaux, superflus sous ce climat. La nuit, il faisait si chaud que, souvent, je quittais mon lit et m’allongeais sur une natte, à même le ciment, pour trouver un peu de fraîcheur.
“Les gens du territoire étaient très aimables. Je parlais très mal le français au début, mais tout le monde se montrait patient. Souvent les gens nous demandaient ce que nous portions dans nos serviettes et ils en tiraient le livre de leur choix. Commencer des études bibliques ne posait aucun problème. Il m’est arrivé d’en conduire 20 et plus.
“Un homme auquel je rendais visite prit un livre ‘Vérité’ et commença à assister aux réunions. Il écrivit à sa fiancée, au Bénin, pour lui expliquer sa foi nouvelle. Elle le prit très mal et lui dit qu’il ferait mieux de l’oublier s’il persévérait dans cette religion. Je l’avais rencontré pour la première fois en octobre. À la fin décembre, il prenait part au service du champ, après avoir conformé sa vie aux principes bibliques. Au mois de mars, il se faisait baptiser, et il est actuellement ancien dans l’une des congrégations d’Abidjan. Sa fiancée lui a écrit pour lui demander pardon. Il a donc pris des dispositions pour qu’une sœur étudie avec elle. L’année d’après, ils se sont mariés.
L’EXPANSION À BOUAKÉ
Depuis les incidents survenus à Bouaké en 1962, année où la congrégation avait été dissoute, il n’y avait que trois ou
quatre proclamateurs dans cette ville. Qu’allait donner l’activité des missionnaires? En deux ans seulement, le nombre des proclamateurs passa à 50, avec une moyenne de 80 assistants à toutes les réunions. À cette époque, un missionnaire, Otto Hauck, mena 12 personnes au baptême. L’une d’elles était Santé Poté, directeur de lycée.Santé, homme aux principes élevés, refusa d’écouter ses amis catholiques qui l’incitaient à prendre d’autres femmes. Bientôt, lui sa femme et quatre de leurs enfants se firent baptiser. Tout en exerçant son emploi, il est à présent pionnier ordinaire et, de temps à autre, sa femme entreprend ce service à ses côtés.
LA SUPERSTITION RELIGIEUSE EST VAINCUE
Mis à part Abidjan, où se côtoient des gens de toutes les tribus, les autres villes sont, pour la plupart, habitées par des membres d’une ou deux tribus seulement. Bouaké est surtout peuplée par la tribu Baoulé, ainsi que par des musulmans venus du Nord. Les Baoulés sont un peuple forestier, apparenté aux Achantis du Ghana. Ils ont foi dans les religions animistes qui placent leur confiance dans les fétiches. Près de Bouaké, presque tous les villages arborent un grand fétiche, une sculpture représentant généralement un esprit ou un animal. Parfois, le fétiche est un masque en bois figurant un ancêtre du village. Les indigènes croient que l’esprit qui l’habite rôde la nuit dans le village pour le protéger du mal. Ils croient aussi que le fétiche tue ceux qui lui sont infidèles, ils lui offrent donc constamment des sacrifices, afin de l’apaiser. Ces sacrifices comprennent des œufs, du riz, des brebis ou des bouteilles d’alcool. C’est généralement le prêtre fétichiste qui s’en occupe!
À Abidjan, Marcia Crawford commença une étude biblique avec un couple Baoulé originaire d’un village proche
de Bouaké. Le frère aîné de la femme participait aussi à l’étude, mais critiquait sévèrement l’enseignement qui lui était dispensé. La femme manifesta cependant un grand intérêt, et Marcia fut désolée de la voir repartir pour Bouaké. Heureusement, ce départ coïncida avec l’installation des missionnaires dans cette même ville, et l’étude put se poursuivre. Le mari progressa lui aussi dans la vérité et, finalement, mit le feu à tous ses fétiches.Deux jours plus tard, le mari reçut un message urgent de son père, l’invitant à venir au village. Saisi de panique, ce dernier lui rapporta que le prêtre fétichiste avait vu, dans les calebasses sacrées, les âmes de tous les habitants du village, à l’exception de celle de son fils. “Cet homme n’est plus des nôtres, avait-il ajouté. Son âme nous a quittés. Il est donc vulnérable et à la merci de n’importe quel fétiche.”
Le fils dit à son père que cette nouvelle était la meilleure qu’on puisse lui apprendre, car cela voulait dire qu’il n’était plus du nombre de ceux qui pratiquaient le démonisme. Il lui dit aussi qu’il bénéficiait de la plus grande des protections contre le fétichisme. Depuis ce jour, il ne s’est pas relâché, et le fétiche s’est révélé incapable de lui faire du mal.
Il dut cependant faire face à de nombreuses difficultés. Outre les six enfants que lui avait donnés sa femme, il en avait encore cinq, nés d’autres femmes. Il les réunit tous sous le même toit et veilla à ce que les principes bibliques leur soient inculqués, si bien qu’ils devinrent une famille unie.
Pendant ce temps, à Abidjan, Marcia Crawford retrouva le frère de la femme, celui qui se montrait critique au cours de l’étude. À sa grande surprise, il lui demanda un numéro de Réveillez-vous! Avait-il changé d’opinion? Certainement! Le changement que la vérité avait apporté dans la famille de sa sœur l’avait tellement impressionné qu’il se mit à étudier régulièrement. Tous trois, le mari, la femme et le frère de
celle-ci, furent baptisés à l’assemblée “Paix sur la terre”, en 1969.D’EXCELLENTS PROGRÈS EN 1968
L’année 1968 commença avec la formation d’une cinquième congrégation à Abidjan. Puis, au mois de février, les frères eurent leur première assemblée de district depuis l’interdiction. On dénombra 486 assistants au discours public. En mars, les anciens bénéficièrent, à Treichville, de l’École du ministère du Royaume. Les cours furent donnés par le surveillant de circonscription, frère Crawford. Ils se révélèrent très utiles, notamment pour une meilleure organisation des congrégations.
En avril, 577 personnes assistèrent au Mémorial, soit 175 de plus que l’année précédente. La moyenne des proclamateurs du Royaume passa de 180, en 1967, à 220, en 1968. La plupart d’entre eux appartenaient aux six congrégations du pays.
LE LIVRE “VÉRITÉ” ACCÉLÈRE L’ACCROISSEMENT
En octobre 1968, l’assemblée de district “La bonne nouvelle pour toutes les nations” donna un nouvel essor à l’œuvre. Une foule de 646 personnes y assistèrent et l’on enregistra 21 baptêmes. Le point culminant du congrès fut cependant la parution, en français, du nouveau livre La vérité qui conduit à la vie éternelle. Cet ouvrage révolutionna l’activité des études bibliques et s’avéra une aide merveilleuse pour amener rapidement les personnes à la connaissance de la vérité. Pour une moyenne de 220 proclamateurs seulement, le nombre des études bibliques passa à 950 en six mois. Les 5 000 premiers exemplaires du livre furent distribués en quelques semaines.
Tous les missionnaires furent frappés par la facilité avec laquelle on plaçait ce livre et commençait des études bibliques.
Il n’était pas rare que des gens les arrêtent dans la rue pour leur demander un exemplaire du “livre bleu”. Certains leur rendaient visite à domicile, ou à la Salle du Royaume, réclamaient un livre et suppliaient que quelqu’un l’étudie avec eux. D’autres louchaient sur la serviette du Témoin présent à leur porte et, entrevoyant le livre Vérité, en demandaient aussitôt un exemplaire.LES PROCLAMATEURS ISOLÉS SONT FORTIFIÉS
En 1968, Cosmas Klévor fut chargé de visiter les frères et les amis de la vérité isolés dans tout le pays. Tâche malaisée car, en Côte-d’Ivoire, les adresses postales ne correspondent pas au domicile réel. Par ailleurs, les rues des villes n’ont pas de nom. La première agglomération qu’il visita fut Dimbokro. Au frère et aux personnes bien disposées qu’il rencontra, Cosmas montra comment conduire les réunions. Ils en furent heureux et décidèrent de tenir l’École théocratique et la réunion de service toutes les semaines. Aujourd’hui, il y a dans cette ville une congrégation de 24 proclamateurs.
De là, Cosmas poursuivit sa route vers Guiglo et Duékoué. Tout ce qu’il savait sur le frère de Duékoué, c’est qu’il travaillait dans une exploitation forestière. Cosmas s’adressa donc au responsable de la région et lui demanda s’il connaissait un Témoin de Jéhovah qui serait employé dans pareille exploitation. Cet homme lui répondit par l’affirmative et conduisit même Cosmas jusqu’au frère, à quelque distance de la ville.
Le frère, qui dirigeait l’exploitation, avait donné le témoignage à tous ses compagnons. Ce soir-là, il prit des dispositions pour que tous ses hommes assistent au discours que prononça Cosmas. L’un d’eux fit d’excellents progrès dans la vérité.
Frère Klévor effectua une autre tournée quelques mois plus tard. À Abengourou, ville située à l’est du pays, une
petite fille de huit ans vint à sa rencontre et lui dit qu’elle savait que les Témoins détenaient la vérité. Comment en était-elle arrivée à cette conclusion? Ses parents l’avaient envoyée dans une école de Grand-Bassam et elle demeurait chez un Témoin. Celui-ci l’avait amenée aux réunions et lui avait enseigné la vérité. L’ayant appris, ses parents avaient envoyé la fillette à Abengourou. Mais dès que l’enfant sut qu’il y avait un Témoin en ville, elle alla de maison en maison afin de le rencontrer. Pour lui permettre de progresser, Cosmas la mit en relation avec une personne bien disposée de la ville.Ensuite, frère Klévor, continuant son périple, se rendit à Daloa. Il découvrit que le livre Vérité y était diffusé non seulement par le seul proclamateur de la localité, mais encore par un homme qui le vendait pour presque un dollar l’exemplaire. Cosmas dirigea vers le frère les personnes qui s’étaient procuré le livre auprès de cet homme. En outre, il leur recommanda d’étudier le livre, conseil que l’homme en question avait omis de leur donner.
L’AIDE S’ÉTEND
Le besoin en proclamateurs capables devenait évident. Hormis à Abidjan et à Bouaké, il n’y avait pas de maisons de missionnaires ailleurs dans le pays. La Société en ouvrit donc une à Daloa en juin 1970 et, quelques mois plus tard, une autre à Abengourou.
Au même moment, une autre maison fut ouverte dans l’ouest du pays, à Man. “Quel changement!, nota Shirley Mitchell, qui venait d’Abidjan. Je suis arrivée la nuit, dans un camion, avec mes effets personnels. Quelle surprise, au matin, de voir les montagnes qui nous entouraient! Elles n’étaient pas très élevées, mais si belles et si reposantes!” Puis Shirley décrivit la réaction des habitants de Man au message du Royaume:
“Peu parlaient français, et peu savaient lire. Mais ils écoutaient attentivement le message. Lorsque nous nous présentions à leur porte, ils allaient promptement chercher un interprète. Il nous est arrivé de parler à un groupe de dix personnes et parfois davantage.
“Les gens venaient souvent chez nous réclamer une étude biblique. Je me souviens d’un homme qui s’est présenté alors que je préparais le repas à la maison. Son intérêt avait été éveillé par un membre de sa famille qui connaissait les Témoins. Or, il ne savait pas lire. Je lui dis que j’étudierais avec lui et lui apprendrais à lire à condition qu’il assiste régulièrement à nos réunions, ce qu’il fit. Il apprit à lire et à écrire et, aujourd’hui, il est serviteur ministériel dans la congrégation. ”
En 1971, une autre missionnaire, Linda Berry, commença à prêcher à Man. Elle contacta un vétérinaire indien nommé Rabinadrath Louis, qui ne tarda pas à assister aux réunions en compagnie de sa femme. Rabinadrath avait néanmoins un gros obstacle à surmonter: il fumait. L’assemblée de circonscription approchait, et il faisait tous ses efforts pour se débarrasser de cette habitude avant le congrès. Chaque fois qu’il avait envie de fumer, il mangeait des cacahuètes. Il en mangea tant qu’il s’en rendit malade et ne put, de ce fait, se rendre à l’assemblée. Finalement, avec l’aide de Jéhovah, il s’affranchit de cette mauvaise habitude. Sa femme et lui ont progressé dans la vérité et font aujourd’hui partie de la congrégation de Man.
Frère Joseph Appiah, surveillant de circonscription, rapporte un fait significatif qui se produisit lors de son voyage de Daloa à Man, où il allait visiter la nouvelle congrégation. Il dit:
“Parce que deux membres de sa famille allaient dans la même direction que nous, le chauffeur du car nous refusa les deux sièges libres qui restaient. Après un voyage de 80 kilomètres, le véhicule entra en collision avec un gros camion, et les deux personnes en question trouvèrent la mort dans
l’accident. De nombreux passagers furent aussi blessés. Lorsque nous fûmes arrivés sur les lieux de l’accident, les gens nous dirent que notre Dieu était très puissant. Ce fait nous fournit l’occasion de leur donner le témoignage.”UNE ASSEMBLÉE DE CIRCONSCRIPTION À BOUAKÉ
En mars 1969, on envisagea d’organiser une assemblée de circonscription à Bouaké. Le maire garantit aux frères que la salle communale serait gratuite. Or, quelques jours avant l’assemblée, la radio annonça qu’un parti politique tiendrait ses assises au lieu et à la date prévus pour notre assemblée. Le maire rencontra les chefs du parti, mais il apparut qu’ils ne souhaitaient pas coopérer. Le maire dit cependant aux frères de continuer leurs préparatifs. C’est ce qu’ils firent, mais sans être tranquilles, car des membres du parti, installés près de la salle, ne cessaient de les observer. Les frères ne voulaient surtout pas voir se reproduire les difficultés auxquelles ils avaient dû faire face en 1962.
Il n’y eut pas de heurts lorsque l’assemblée commença. Le programme se déroula calmement, et 343 personnes assistèrent au discours public. Le journal national fit paraître un excellent article reproduisant de larges extraits du numéro spécial de Réveillez-vous! sur le sujet “Pourquoi Dieu permet-il le mal?”. Il en résulta un excellent témoignage et, dans l’esprit de tous, la ville de Bouaké est désormais associée à cette assemblée si réussie.
LES ASSEMBLÉES “PAIX SUR LA TERRE”
Au cours des mois suivants, les missionnaires retournèrent dans leurs pays d’origine pour assister aux assemblées “Paix sur la terre”. Dès leur retour, ils organisèrent la plus belle assemblée jamais tenue en Côte-d’Ivoire. Le chiffre de l’assistance fut excellent (929) et le nombre de baptêmes impressionnant (78). Quant au programme, il suscita un enthousiasme
exceptionnel, notamment les représentations dramatiques.ÉVÉNEMENTS MARQUANTS DE 1970
En 1970, la Côte-d’Ivoire enregistra un grand accroissement théocratique. En mars, 1 234 personnes assistèrent au Mémorial, le double du chiffre qui avait été atteint deux ans plus tôt. Cette même année, le nombre des congrégations passa à 10, et, en moyenne, 389 proclamateurs remirent un rapport d’activité. On enregistra 132 baptêmes, soit le tiers de tous les proclamateurs du pays!
En août 1970, une assemblée de circonscription exceptionnelle eut lieu à Grand-Bassam. Près de 400 personnes se réunirent le dimanche matin pour la lecture et les commentaires du texte quotidien, et la plupart d’entre elles prirent part au service du champ. Dans cette ville relativement petite, on rencontrait des Témoins à chaque coin de rue. Enfin, 801 personnes vinrent écouter le discours public “Le respect de la loi et de l’ordre — Quand et comment sera-t-il assuré?”, sujet d’autant plus approprié que le journal local avait décrit les Témoins de Jéhovah comme des séditieux.
Si la police d’Abidjan avait autorisé l’assemblée, elle n’en avait pas informé l’officier de police de Grand-Bassam. Ce dernier contacta donc les frères pour savoir de quoi il s’agissait. Satisfait de la tournure de l’entretien, cet homme déclara que si tous les gens observaient la loi aussi bien que les Témoins de Jéhovah, la police n’éprouverait pas les difficultés qu’elle rencontrait pour maintenir la loi et l’ordre.
Le point culminant de 1970 fut cependant l’assemblée de district “Les hommes de bonne volonté”, qui eut lieu à Abidjan au mois de décembre. Pour la première fois, on accueillit des délégués venus de pays aussi éloignés que les États-Unis. Leur voyage avait été organisé par la Société. Parmi les visiteurs,
on remarqua F. Franz, alors vice-président de la Société Watch Tower. Les frères locaux furent particulièrement heureux de pouvoir s’adresser à un membre du Collège central. La plupart d’entre eux, en effet, étaient tout nouveaux dans la vérité et n’avaient jamais eu l’occasion de rencontrer quelqu’un qu’animait l’espérance de la vie céleste. En Côte-d’Ivoire, il n’y a jamais eu de participants aux emblèmes qui, le jour du Mémorial, font connaître leur espérance céleste par ce geste symbolique.Comme des élections devaient avoir lieu avant l’assemblée, toute publicité la concernant avait été interdite. Les autorités ayant en outre décidé de restaurer le centre culturel où il était prévu de tenir l’assemblée, le lieu de celle-ci fut changé à la dernière minute. Elle se tint au Club de boxe. Malgré ces difficultés, 1 003 personnes assistèrent au discours public. La télévision nationale retransmit quelques scènes tirées des représentations dramatiques ainsi que des extraits du programme de l’assemblée.
LA FILIALE EST ORGANISÉE
Le mois suivant, en janvier 1971, Nathan Knorr, président de la Société Watch Tower, vint à Abidjan. Une réunion fut organisée à l’intention des frères de la capitale. À l’annonce de la nouvelle, les frères accoururent de tout le pays. En tout, 761 personnes écoutèrent le discours, suivirent la projection de diapositives et reçurent, de ce fait, un grand encouragement.
Frère Knorr exprima le souhait de voir une filiale établie en Côte-d’Ivoire. Les frères comprendraient mieux l’organisation de Jéhovah et feraient de grands progrès, spirituellement parlant. Samuel Gilman, ex-surveillant de la filiale de la République malgache, qui était arrivé un an plus tôt en Côte-d’Ivoire, reçut des instructions en ce sens. Le 1er septembre 1971, la filiale de Côte-d’Ivoire entrait en fonction.
Elle supervisait l’œuvre de prédication en Côte-d’Ivoire et en Haute-Volta.D’AUTRES CHAMPS SONT OUVERTS
Lorsque la compagnie maritime pour laquelle il travaillait envoya frère Agodio Api à San Pedro, en 1972, cette ville portuaire accueillit son premier Témoin. Frère Api y trouva beaucoup d’intérêt pour la Bible et demanda la venue de pionniers spéciaux pour pourvoir aux besoins spirituels des amis de la vérité. Finalement, Samuel et Thelma Gilman entreprirent un long voyage sur des routes mauvaises et accidentées et arrivèrent à destination aux environs de six heures du soir. Ils étaient fatigués, couverts de poussière rougeâtre, mais heureux de rencontrer leur frère.
Peu après leur arrivée, frère Gilman apprit qu’il devait prononcer un discours en ville quelque 20 minutes plus tard. Il se lava promptement, changea de vêtements et eut la joie d’encourager 39 personnes qu’Agodio avait invitées à cette occasion. Des pionniers spéciaux furent envoyés dans cette région où il y a actuellement une congrégation de 30 proclamateurs, ainsi que trois pionniers.
Les Gilman furent gentiment reçus par le maître d’école qui leur prépara un plat typique. C’était de la viande d’hippopotame. Frère Gilman ayant confessé que ce n’était pas “sa viande préférée”, son hôte lui dit alors: “Quel dommage que vous n’ayez pas été des nôtres la semaine dernière! Vous auriez mangé de l’éléphant.”
La façon dont l’œuvre a commencé à San Pedro ressemble en tous points à ce qui s’est passé dans les autres régions. Les frères écrivaient à la filiale pour signaler que des personnes manifestaient de l’intérêt pour le message du Royaume. Le surveillant de circonscription venait alors passer une semaine dans le territoire. Il recommandait ensuite
l’envoi de pionniers spéciaux chargés de suivre l’intérêt, et des congrégations étaient finalement formées.Ryall Shipley, l’un des missionnaires, visita Ferkéssédougou et Korhogo, deux villes du nord du pays, et rapporta que le champ y semblait mûr pour une moisson spirituelle. Plus tard, des pionniers spéciaux y furent affectés, et des congrégations ont été formées dans ces deux villes.
LA PRÉDICATION À GAGNOA
En septembre 1971, la Société envoya quatre missionnaires à Gagnoa, ce qui portait à cinq le nombre total des proclamateurs dans cette ville. L’un des missionnaires, Waltraud Bischof, raconte:
“Le premier jour, à Gagnoa, j’ai place deux périodiques à un homme qui demeurait dans une autre ville. De retour à Gagnoa, il en réclama d’autres. Deux pionniers spéciaux se rendirent chez lui, et l’homme accepta promptement la vérité. Les réunions se tinrent à son domicile, et les pionniers emménagèrent dans sa maison. En contact étroit avec ces serviteurs de Jéhovah, il progressa rapidement.”
On a parfois la preuve visible que les anges dirigent la prédication en orientant les proclamateurs vers les personnes au cœur de brebis. C’est ainsi qu’un jeune homme, à qui son frère d’Abidjan avait parlé des Témoins de Jéhovah, rencontra sœur Bischof. Comme il souhaitait en apprendre davantage, un rendez-vous fut fixé le lendemain, en un certain endroit.
Le lendemain donc, le jeune homme, qui était en avance, attendit un quart d’heure puis partit en direction de l’école. Lorsque sœur Bischof arriva, il n’y avait personne. Elle pensa alors à Révélation 14:6 et à la manière dont l’“ange” qui volait par le milieu du ciel dirigeait l’œuvre. Elle pria donc Jéhovah pour qu’il l’aide à retrouver ce jeune homme et, quelques instants plus tard, elle le vit qui marchait sur la route. Lui aussi l’avait cherchée. Il avait demandé à des protestants qui vendaient des Bibles s’ils pouvaient lui dire où trouver les Témoins de Jéhovah. Sur leur réponse négative, il était revenu sur ses pas et avait rencontré la sœur.
Une étude biblique fut commencée sur la base du livre Vérité. Boniface Triffo Kohi était humble et s’efforçait de mettre en pratique ce qu’il apprenait. Par exemple, il demanda un jour s’il était convenable de posséder un livre censé interpréter les rêves. La sœur lui indiqua le passage de Deutéronome 18:9-13. Boniface comprit aussitôt qu’il valait mieux détruire l’ouvrage en question, ce qu’il fit au grand étonnement de sa famille, car ce livre avait coûté quatre dollars, somme considérable pour un étudiant. Dès lors, il progressa rapidement et il est actuellement pionnier spécial. À Gagnoa, il y a à présent une congrégation de 30 proclamateurs.
L’ASSEMBLÉE INTERNATIONALE “LA VICTOIRE DIVINE”
En décembre 1973, les Ivoiriens bénéficièrent d’un excellent stimulant: l’assemblée internationale “La victoire divine”. Une fois encore, les frères eurent la joie de recevoir un membre du Collège central en la personne de frère William Jackson.
L’assemblée eut lieu au Club de boxe d’Abidjan. On compta 2 080 assistants au discours public, soit le double de l’assistance enregistrée trois ans auparavant, lors de l’assemblée desservie par frère Franz. Et quelle joie de dénombrer 103 nouveaux baptisés, plus que durant la période allant du début de l’œuvre à 1964!
L’OPPOSITION DU CLERGÉ
Au cours des années, les frères de Côte-d’Ivoire rencontrèrent l’opposition du clergé. Joseph Appiah, surveillant de circonscription,
raconte comment, en une certaine occasion, cette opposition fit long feu:“Alors que nous visitions Tiegba, petite île à environ 100 kilomètres d’Abidjan, des prêtres catholiques tentèrent de s’opposer à notre œuvre. Ils dirent aux villageois de ne pas nous écouter parce que nous étions de faux prophètes. Mais que se passa-t-il? Le village tout entier, soit 600 personnes, assista à la projection des diapositives de la Société. Tous virent à quel point la fausse religion les avait trompés. Après le discours, le prêtre ordonna aux gens de nous lapider. Toutefois, un vieil homme s’interposa et dit: ‘Pendant 40 ans, nous avons été trompés. Ces diapositives ont apporté quelque chose de nouveau dans ma vie.”’
Une autre fois, le clergé tenta de faire interdire une assemblée de circonscription. Frère Appiah explique ce qui s’est passé:
“En avril 1974, la Société organisa une assemblée de circonscription à Agboville, à environ 90 kilomètres d’Abidjan. Alors que j’avais obtenu l’accord de la police locale, le prêtre essaya de l’influencer pour qu’elle annule l’assemblée. Nous avions prévu de nous réunir au Centre culturel. Mais, une semaine avant le congrès, la police me convoqua et m’informa que la salle n’était plus disponible. J’ai alors demandé l’autorisation de nous réunir en ville, ce qui nous fut accordé.
“Nous avons aussitôt pris des dispositions pour tenir l’assemblée dans la cour d’un frère. Toutefois, nous avions un problème pour le baptême, car il n’y avait pas de rivière dans la région. Plusieurs hôtels nous refusèrent l’accès à leur piscine. Mais Jéhovah ne nous abandonna pas. Un vieux Français nous permit d’utiliser sa piscine. Bien que fervent catholique, cet homme se montra très aimable. Après que nous eûmes baptisé 29 personnes, le prêtre arriva pour dire au vieil homme de ne pas nous prêter sa piscine. Il avait quelques minutes de retard. À cette assemblée, 454 personnes écoutèrent le discours public.”
UN ACCROISSEMENT RAPIDE
De 1970 à 1975, l’œuvre de prédication s’étendit aux
quatre coins du pays. En 1970, il n’y avait que 10 congrégations en Côte-d’Ivoire, et, en moyenne, 389 proclamateurs remettaient un rapport d’activité mensuel. Cinq ans plus tard. on comptait 34 congrégations, et 949 proclamateurs participaient régulièrement à la prédication.Cet accroissement fut surtout enregistré dans les petites villes des environs de la capitale, où la Société avait envoyé de nombreux missionnaires. Ces derniers contribuèrent à fonder nombre de congrégations. Mais c’est alors que l’activité sembla piétiner. Pourquoi?
La langue représentait un problème. Bien que le français soit la langue officielle du pays, — et la plupart des missionnaires le maîtrisaient, — chaque région a sa langue propre. Par conséquent, pour favoriser l’accroissement dans ces régions, il fallait avoir recours à des gens qui parlaient la langue de l’endroit et qui connaissaient les coutumes et les idées locales.
La Société remplaça donc par des pionniers spéciaux les missionnaires en poste dans les villes de l’intérieur, y compris Man, Abengourou et Gagnoa. On pensait que les missionnaires feraient un meilleur usage de leur temps et de leurs aptitudes à Abidjan, où ils fortifieraient les nouvelles congrégations et prêcheraient aux millions d’habitants de cette ville.
L’EXPANSION À ABIDJAN
À mesure que les maisons de missionnaires étaient fermées dans l’intérieur du pays, d’autres étaient ouvertes à Abidjan. À Williamsville, banlieue de la capitale, l’étage de la maison de Gabriel Diané accueillit huit missionnaires. Les uns furent chargés d’affermir la nouvelle congrégation de Williamsville, et les autres furent envoyés à Adjamé, où la congrégation locale venait d’être scindée en deux.
Des missionnaires chassés d’autres pays d’Afrique, où l’œuvre était interdite, vinrent en Côte-d’Ivoire. Tel fut le cas de Stephen et Barbara Hardy, arrivés d’Ouganda en mai 1973. Affectés un moment dans les villes de l’intérieur, ils furent ensuite nommés à Abidjan, dans la congrégation de Port-Bouët. Dès leur première visite, plusieurs personnes bien disposées leur demandèrent d’étudier la Bible en leur compagnie. Ces nouveaux progressèrent rapidement, et la congrégation passa, en peu de temps, de 28 à 50 proclamateurs.
UN NOUVEAU BÂTIMENT POUR LA FILIALE
En janvier 1972, frère Knorr revint en Côte-d’Ivoire en compagnie, cette fois, du surveillant de l’imprimerie de Brooklyn, frère Max Larson. Frère Knorr déclara: “Nous espérons vous construire un jour une petite filiale.” Il fallut cependant attendre septembre 1978 pour acheter un terrain en banlieue, plus précisément aux Deux Plateaux. Les travaux ont commencé fin 1980.
Ce bâtiment est absolument nécessaire, car il n’y a actuellement pas d’endroit approprié pour entreposer les publications. Non seulement le nouveau bâtiment permettra de résoudre ce problème, mais il abritera un bureau et une Salle du Royaume, et permettra de loger une douzaine de personnes. Il constituera un centre idéal pour l’activité du Royaume en Côte-d’Ivoire.
L’ASSEMBLÉE INTERNATIONALE “LA FOI VICTORIEUSE”
L’événement le plus important de 1978 fut l’assemblée internationale “La foi victorieuse” qui eut lieu en décembre au stade de football Camproux, à Abidjan. Au cours de l’année, les frères préparèrent le congrès. Il fallait notamment loger les congressistes qui participaient au voyage organisé
par la Société à partir des États-Unis. Lyman Swingle, du Collège central, était présent, ainsi que William Jackson, qui était déjà venu en Côte-d’Ivoire.Le vendredi de l’assemblée, des centaines de frères enthousiastes envahirent Abidjan et ses environs pour proclamer leur foi victorieuse et distribuer la nouvelle brochure Les Témoins de Jéhovah du XXe siècle. Frère et sœur Swingle et frère Jackson prêchèrent avec les missionnaires. Ils eurent tôt fait de distribuer le contenu de leurs sacs en plastique aux personnes bien disposées. Sœur Grace DeCecca, âgée de 89 ans, membre de la famille du Béthel de Brooklyn depuis 63 ans, prit part, elle aussi, au service du champ, malgré son grand âge. Quel témoignage pour la ville d’Abidjan!
Ce soir-là, après les sessions, un repas spécial fut servi aux missionnaires et aux frères du siège de la Société. Il y eut 64 convives. Parmi eux, Florence Paterson, venue du Ghana. Son mari et elle avaient été les premiers missionnaires à entrer en Côte-d’Ivoire, en 1951. Elle déclara: “Je me souviens à quel point, il y a des années, il était difficile de faire admettre aux gens que des Blancs étaient Témoins de Jéhovah. Mais voyez aujourd’hui tous ces missionnaires venus du monde entier!”
Le 17 décembre, le point culminant de l’assemblée vit le rassemblement de 2 728 personnes venues de 19 pays.
Jéhovah a grandement béni l’œuvre accomplie dans ce pays par les travailleurs volontaires que sont les missionnaires et les pionniers spéciaux. Le fruit de leur travail se révèle pleinement aujourd’hui. Un maximum de 1 322 proclamateurs a été atteint en janvier 1980. De plus, les 1 600 études bibliques conduites chez des amis de la vérité laissent augurer un futur et grand accroissement du nombre des proclamateurs du Royaume. Les frères de Côte-d’Ivoire sont déterminés à persévérer dans le service du Royaume et à porter beaucoup de fruit comme disciples de Jésus Christ.
[Carte, page 144]
(Voir la publication)
Côte-d’Ivoire
MALI
HAUTE-VOLTA
GUINÉE
GHANA
LIBERIA
OCÉAN ATLANTIQUE
Ferkéssédougou
Korhogo
Man
Bouaké
Daloa
Abengourou
Guiglo
Dimbokro
Gagnoa
Agboville
San Pedro
ABIDJAN
Port-Bouët
Grand Bassam
[Illustration, page 149]
Gabriel et Florence Paterson, les premiers missionnaires diplômés de Galaad qui vinrent en Côte-d’Ivoire.
[Illustration, page 154]
Robert Markin (à gauche) et Samuel Denoo furent parmi les premiers habitants du pays à devenir Témoins de Jéhovah.
[Illustration, page 160]
Blaise Bley, qui travaillait à l’aéroport d’Abidjan, reçut un exemplaire de “La Tour de Garde” dont il apprécia la lecture. Finalement, il se fit baptiser et devint Témoin de Jéhovah.
[Illustration, page 165]
Daniel Keboh, qui fut pionnier à différents endroits, était parmi les Témoins qui furent emprisonnés à Koumassi.
[Illustration, page 169]
Pauline Brou renonça à la richesse et fut rejetée par son père parce qu’elle voulait se vouer à Jéhovah pour le servir.