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Afrique du Sud

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À QUOI pouvez-​vous vous attendre si vous vous promenez dans une rue très animée d’une ville d’Afrique du Sud ? Vous observerez toute une palette de couleurs, de la peau la plus noire à la peau la plus blanche. Malgré le bruit des voitures, vous saisirez des bribes de conversation dans quantité de langues. Protégé du soleil accablant par d’imposants immeubles de bureaux, vous vous fraierez un passage au milieu des étals de fruits, de bibelots et de vêtements. Si le cœur vous en dit, vous pourrez même vous faire couper les cheveux là, sur le trottoir !

Au milieu d’une population aussi variée de plus de 44 millions de personnes, rien de plus difficile que de repérer un vrai Sud-Africain ! La population indigène noire (environ 75 % de la population) regroupe plusieurs ethnies : zoulou, xhosa, sotho, pedi, tswana, ainsi que d’autres groupes plus petits. Les Blancs sont essentiellement des anglophones ou des personnes parlant afrikaans. Il s’agit notamment des descendants des Hollandais qui ont colonisé le pays vers le milieu du XVIIsiècle, suivis de huguenots français. Les colons anglais, quant à eux, sont arrivés au début du XIXsiècle.

On trouve également dans le pays une importante communauté d’Indiens, les descendants de ceux qui étaient venus travailler dans les plantations de canne à sucre, dans la province du Natal (aujourd’hui Kwazulu-Natal). Ce mélange de races et de cultures justifie le surnom que l’on donne à l’Afrique du Sud : la “ nation arc-en-ciel ”.

Par le passé, les relations entre les différentes races ont été conflictuelles. Avec sa politique d’apartheid, le pays s’est attiré les foudres de la communauté internationale. Mais depuis quelques années, le démantèlement de l’apartheid et la mise en place d’un gouvernement élu démocratiquement ont permis au pays de retrouver sa respectabilité.

Désormais, quelle que soit leur race, tous les habitants peuvent cohabiter librement ; ils ont accès à tous les lieux publics : cinémas, restaurants, etc. Chacun peut vivre où il le souhaite, du moment qu’il en a les moyens.

Néanmoins, une fois l’enthousiasme retombé, des questions inévitables ont surgi. Dans quelle mesure le nouveau gouvernement redresserait-​il les injustices de l’apartheid ? Combien de temps cela prendrait-​il ? Plus de dix ans déjà se sont écoulés, et de sérieux problèmes subsistent. Parmi les plus graves citons la criminalité croissante, un taux de chômage de 41 % et un nombre de personnes atteintes du VIH estimé à cinq millions. Conscients qu’aucun gouvernement humain n’est en mesure d’éradiquer ces maux, beaucoup de gens cherchent des solutions ailleurs.

DES PAYSAGES MAGNIFIQUES

Toutes ces difficultés n’empêchent pas de nombreux touristes d’être fascinés par la beauté naturelle du pays : plages inondées de soleil, chaînes de montagnes imposantes et sentiers de randonnées de toutes sortes. En ville, on trouve des magasins et des restaurants de renommée internationale. Le climat tempéré ajoute au charme du pays.

La faune aussi constitue une attraction majeure. L’Afrique du Sud compte près de 200 espèces de mammifères, 800 espèces d’oiseaux et 20 000 variétés de plantes à fleurs. Les gens affluent dans les réserves naturelles, le célèbre parc national Kruger par exemple. En pleine nature, on peut observer les “ cinq grands ” : l’éléphant, le rhinocéros, le lion, le léopard et le buffle.

Une promenade en forêt laisse, elle aussi, un souvenir inoubliable. En toute tranquillité, on peut admirer des fougères, des lichens et des fleurs hors du commun ainsi que des oiseaux et des insectes insolites. Devant le splendide podo, ou “ bois jaune ”, on ne peut que s’émerveiller à l’idée que ce géant est né d’une graine minuscule. Certains de ces arbres, parfois millénaires, peuvent s’élever jusqu’à 50 mètres.

Depuis un siècle cependant, une graine d’un autre genre est semée dans le pays. Il s’agit de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu qui a été plantée dans le cœur des gens. Comparant les personnes réceptives à ce message à de grands arbres, le psalmiste a écrit : “ Le juste fleurira comme un palmier ; il grandira comme un cèdre du Liban. ” (Ps. 92:12). Ces justes vivront bien plus longtemps que les “ bois jaunes ” les plus vieux, car Jéhovah leur promet la vie éternelle. — Jean 3:16.

QUELQUES GRAINES ONT SUFFI

Au XIXsiècle, le pays a été le théâtre de guerres et de conflits politiques. La fin de ce même siècle a aussi été marquée par la découverte de diamants et d’or, ce qui a entraîné des changements considérables. Dans l’ouvrage L’esprit sud-africain, Allister Sparks explique : “ Du jour au lendemain, un pays de pâtures s’est transformé en nation industrielle, aspirant littéralement les populations rurales vers les villes, et bouleversant la vie de beaucoup de gens. ”

Les premières graines de vérité sont arrivées en Afrique du Sud en 1902, dans les bagages d’un pasteur hollandais. L’une de ses valises contenait des publications des Étudiants de la Bible (comme on appelait alors les Témoins de Jéhovah). Ces publications sont tombées entre les mains de Frans Ebersohn et de Stoffel Fourie, qui vivaient à Klerksdorp. Comprenant que ce qu’ils lisaient était la vérité, ils ont commencé à en parler autour d’eux. Plusieurs membres de la famille de Frans et plus de 80 personnes de la famille de Stoffel — sur plus de cinq générations — se sont voués à Jéhovah pour le servir. L’un des membres de la famille Fourie sert actuellement au Béthel d’Afrique du Sud.

En 1910, William Johnston, originaire de Glasgow (Écosse), a été envoyé en Afrique du Sud pour y ouvrir le bureau des Étudiants de la Bible. Âgé d’environ 30 ans, frère Johnston était réfléchi et digne de confiance. Le bureau qu’il a établi dans une petite pièce d’un immeuble de Durban devait superviser un vaste territoire, presque tous les pays africains situés en dessous de l’équateur.

La bonne nouvelle s’est d’abord implantée dans les communautés blanches. À l’époque, les écrits des Étudiants de la Bible n’étaient disponibles qu’en néerlandais et en anglais. Ce n’est que des années plus tard que quelques publications ont été traduites dans les langues indigènes. Toutefois, l’œuvre a fini par toucher les trois autres parties de la population : les Noirs, les métis et les Indiens.

À partir de 1911, la vérité s’est répandue parmi les communautés noires. Johannes Tshange, par exemple, après être retourné dans sa ville natale de Ndwedwe, près de Durban, s’est mis à communiquer la vérité biblique qu’il avait découverte quelque temps auparavant. Avec un petit groupe, il étudiait régulièrement la Bible à l’aide du livre Études des Écritures en anglais. Ce groupe a fini par donner naissance à la première congrégation noire d’Afrique du Sud.

Cela n’a pas manqué d’attirer l’attention du clergé local. Certaines personnes de l’Église méthodiste wesleyenne ont demandé à Johannes Tshange et à ses compagnons s’ils suivaient les enseignements de l’Église méthodiste. Ceux-ci ont répondu qu’ils enseignaient ce qui se trouvait dans la Bible. Après maintes discussions, l’Église les a excommuniés. Frère Johnston a pris contact avec eux pour diriger régulièrement les réunions et les aider dans d’autres domaines. Les Étudiants de la Bible étaient peu nombreux, mais ils prêchaient avec zèle. Un rapport de 1912 montre qu’ils avaient distribué 61 808 tracts. De plus, vers la fin de l’année 1913, 11 journaux sud-africains publiaient en quatre langues les sermons de Charles Russell, un Étudiant de la Bible bien connu.

LES PROGRÈS THÉOCRATIQUES EN TEMPS DE GUERRE

L’année 1914 a été marquante, non seulement pour le petit groupe de serviteurs de Jéhovah en Afrique du Sud, mais aussi pour le peuple de Dieu dans son ensemble. Beaucoup s’attendaient à recevoir leur récompense céleste. Dans le rapport annuel qu’il a envoyé au siège mondial, à Brooklyn (New York), frère Johnston a écrit : “ Dans le rapport précédent, j’avais fait part de mon espérance qui était de vous envoyer mon prochain rapport depuis les cieux, mais cette espérance ne s’est pas réalisée. ” Il a cependant ajouté : “ L’année qui vient de s’écouler a été la plus productive en ce qui concerne la moisson en Afrique. ” La plupart des frères ont compris qu’il y avait encore beaucoup de travail à accomplir et se sont réjouis de pouvoir y participer. L’œuvre a pris davantage d’ampleur encore en 1915. Le rapport de cette année-​là indiquait que 3 141 exemplaires du livre Études des Écritures avaient été distribués, soit le double de l’année précédente.

C’est à cette époque que Japie Theron, un excellent avocat, a connu la vérité. Il avait lu dans un journal de Durban un article qui parlait d’ouvrages publiés par les Étudiants de la Bible des dizaines d’années auparavant. Cet article montrait aussi que les événements qui se déroulaient depuis 1914 avaient été annoncés dans les volumes du livre Études des Écritures, ouvrage qui expliquait les prophéties bibliques. “ Il fallait que je me procure ces livres, a écrit Japie. Alors, après avoir fait en vain le tour de toutes les librairies, je les ai obtenus en écrivant à la filiale de Durban. Quelle découverte ! Et quel bonheur de comprendre les ‘ choses cachées ’ rapportées dans la Bible ! ” Quelque temps après, Japie s’est fait baptiser. Il a communiqué avec zèle la vérité biblique jusqu’à ce qu’il meure prématurément d’une maladie, en 1921.

C’est en avril 1914, à Johannesburg, que s’est tenue la première assemblée internationale des Étudiants de la Bible en Afrique du Sud. Sur les 34 assistants, 16 se sont fait baptiser.

En 1916, le “ Photo-Drame de la Création ” a été accueilli favorablement dans tout le pays. Un journal (Cape Argus) a rapporté : “ Le succès que connaît la diffusion de cette remarquable série de films bibliques prouve que l’Association internationale des Étudiants de la Bible a fait preuve d’initiative et de clairvoyance en la diffusant dans notre pays. ” Le “ Photo-Drame ” n’a pas eu d’effets immédiats sur la prédication, mais il a attiré des foules nombreuses et a permis en très peu de temps de rendre un bon témoignage dans un territoire immense. Frère Johnston a parcouru près de 8 000 kilomètres à travers le pays pour le présenter.

La mort de frère Russell la même année a ralenti temporairement l’œuvre de prédication en Afrique du Sud et ailleurs. Certains, mécontents des changements qu’il avait fallu faire après sa mort, ont créé des dissensions dans leurs congrégations. À Durban, par exemple, la congrégation s’est scindée en deux groupes, le plus important tenant ses réunions séparément. Ses membres se sont donné le nom d’“ Étudiants associés de la Bible ”. Douze personnes seulement, et principalement des sœurs, sont restées dans la congrégation initiale. Henry Myrdal, un adolescent baptisé depuis peu, s’est trouvé dans une position difficile. Son père s’était joint aux dissidents tandis que sa mère était restée dans la congrégation d’origine. Après avoir mûrement réfléchi et prié à ce propos, Henry a décidé de rester dans la congrégation. Comme c’est souvent le cas, l’autre groupe s’est rapidement dissous.

En 1917, le bureau de Durban a été transféré au Cap. Le nombre de proclamateurs avait nettement augmenté. Il y avait entre 200 et 300 Étudiants de la Bible d’origine européenne et plusieurs congrégations florissantes parmi la population noire.

Cette même année, la filiale d’Afrique du Sud rapportait : “ Nous ne possédons aucune publication dans les langues indigènes. Et pourtant, les frères autochtones comprennent la vérité à une allure incroyable ! Il est évident que ‘ c’est du Seigneur que cela est venu : c’est une chose étonnante à nos yeux ’. ” Des frères du Nyassaland (aujourd’hui le Malawi) sont venus travailler en Afrique du Sud et ont pu aider beaucoup de personnes issues des communautés noires à devenir des disciples. Parmi eux figuraient James Napier et McCoffie Nguluh.

ILS ONT COMBATTU AVEC COURAGE POUR LA VÉRITÉ

Le petit noyau d’évangélisateurs qui existait en ce temps-​là défendait courageusement la vérité. À Nylstroom, dans le Transvaal-Nord (aujourd’hui Province du Limpopo), deux adolescents ont lu la brochure Ce que dit l’Écriture sainte au sujet de “ l’Enfer ”. Ils ont été enthousiasmés d’apprendre la vérité sur la mort. L’un d’eux, Paul Smit *, explique : “ Lorsque les deux collégiens que nous étions ont fait savoir partout avec assurance que les doctrines de l’Église étaient mensongères, tout Nylstroom a été bouleversé, comme balayé par un ouragan. En un rien de temps, tout le monde parlait de cette nouvelle religion. Naturellement, les membres du clergé n’ont pas failli à leur rôle traditionnel : ils ont calomnié et persécuté le peuple de Dieu. Pendant des mois, des années, leurs sermons hebdomadaires ont tourné autour de cette soi-disant ‘ fausse religion ’. ” Il n’empêche qu’en 1924 un petit groupe de 13 proclamateurs prêchait à Nylstroom.

En 1917, Piet de Jager étudiait la théologie à l’université de Stellenbosch. Un de ses camarades lisait des ouvrages publiés par les Étudiants de la Bible et en parlait autour de lui. Inquiètes, les autorités ecclésiastiques ont demandé à Piet d’inviter cet étudiant à assister à l’étude biblique hebdomadaire de l’Association des étudiants chrétiens. Mais le résultat ne fut pas exactement celui qu’attendaient les ecclésiastiques ! En effet, Piet a lui aussi accepté la vérité. Après maintes discussions stériles avec ses professeurs au sujet de l’âme, de l’enfer, etc., il a quitté l’université.

Quelque temps plus tard, devant 1 500 étudiants, un débat public a été organisé entre Piet et Dwight Snyman, docteur en théologie de l’Église réformée hollandaise. Frère Attie Smit raconte ce qui s’est passé : “ Piet a réfuté ce savant point par point et a prouvé à l’aide de la Bible que les doctrines de l’Église n’étaient pas bibliques. Un des étudiants a résumé le débat en ces termes : ‘ Si je n’étais pas convaincu que Piet de Jager a tort, je jurerais qu’il a raison parce qu’il a tout prouvé à l’aide de versets des Écritures ! ’ ”

DES GRAINES DE VÉRITÉ SONT SEMÉES DANS D’AUTRES COMMUNAUTÉS

Lors d’un séjour à Franschhoek, une petite ville près de Stellenbosch, frère Johnston a prêché à plusieurs métis. Des années auparavant, Adam van Diemen, un enseignant, avait quitté l’Église réformée hollandaise pour former un petit groupe religieux. Lorsque frère Johnston lui a rendu visite, il a accepté des publications pour lui et pour ses amis.

Adam van Diemen et quelques-uns de ses compagnons ont accepté la vérité, puis ont parlé avec zèle de ce qu’ils avaient appris. C’est ainsi que la bonne nouvelle du Royaume a été largement répandue dans la population métisse. G. Daniels, alors âgé de 17 ans, a aussi connu la vérité à cette époque. Il a consacré le reste de sa vie au service de Jéhovah.

Puis David Taylor, un frère métis, a lui aussi diffusé avec enthousiasme la vérité biblique aux gens de sa communauté. À 17 ans, il s’était mis à étudier la Parole de Dieu avec les Étudiants de la Bible. En 1950, il a été nommé surveillant de circonscription. Il devait visiter toutes les congrégations métisses du pays (ainsi que les groupes isolés), dont le nombre s’élevait alors à 24. Pour cela, il a dû voyager beaucoup, en train ou en bus.

LES PROGRÈS DE L’ŒUVRE EN ÉPOQUE DIFFICILE

En 1918, frère Johnston a été envoyé en Australie pour superviser l’œuvre de prédication. C’est donc Henry Ancketill, retraité et ancien membre de l’assemblée législative du Natal, qui est devenu surveillant de la filiale d’Afrique du Sud. Malgré son âge avancé, il s’est pleinement acquitté de ses responsabilités pendant les six années qui ont suivi.

La période trouble de la guerre et les changements d’organisation n’ont pas stoppé l’accroissement. En effet, beaucoup de personnes ont accepté avec enthousiasme la vérité biblique. En 1921, Christiaan Venter, responsable d’une équipe chargée de la maintenance des voies de chemin de fer, a remarqué un bout de papier coincé dans un rail. Il s’agissait d’un tract publié par les Étudiants de la Bible. Il l’a lu, puis a couru chez son beau-fils, Abraham Celliers. “ Abraham, lui a-​t-​il dit, je viens de trouver la vérité ! ” Les deux hommes se sont procuré d’autres ouvrages bibliques et les ont étudiés attentivement. Tous deux sont devenus Témoins et ont fait connaître la vérité à de nombreuses personnes. Plus d’une centaine de leurs descendants sont aujourd’hui Témoins de Jéhovah.

NOUVELLE EXPANSION

En 1924, une presse avait été envoyée par bateau au Cap. Deux frères également sont arrivés de Grande-Bretagne pour apporter leur aide : Thomas Walder, qui est devenu le surveillant de la filiale, et George Phillips *, qui lui a succédé quelques années plus tard. Frère Phillips est resté à cette fonction près de 40 ans. Il a largement contribué à l’établissement et à l’accroissement de l’œuvre du Royaume dans le pays.

L’œuvre d’évangélisation a pris une nouvelle impulsion en 1931 grâce à la résolution relative au nouveau nom de Témoins de Jéhovah. La brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde parue à ce moment-​là reprenait le texte de cette résolution, intitulée “ Avertissement de Jéhovah ”. Les frères ont diffusé cette brochure dans tout le pays et en priorité aux membres du clergé, aux hommes politiques et aux directeurs des grandes entreprises.

UNE NOUVELLE FILIALE

En 1933, on a transféré les bureaux de la filiale dans des locaux plus spacieux du Cap, que les frères louaient. Ils y sont restés jusqu’en 1952. La famille du Béthel comptait alors 21 membres. Les Béthélites logeaient chez des frères et sœurs à l’extérieur et se rendaient au Béthel tous les jours. Chaque matin, avant leur activité, ils se réunissaient dans le vestiaire de l’imprimerie pour examiner le texte du jour. Après quoi, ils récitaient ensemble la prière du Notre Père.

Certains habitaient trop loin pour rentrer chez eux le midi. On leur donnait donc 15 cents sud-africains pour qu’ils puissent manger. Avec cette somme, ils pouvaient s’acheter, au café de la gare, de la purée et une petite saucisse ou une miche de pain et quelques fruits.

En 1935, Andrew Jack, un imprimeur chevronné, a mis son expérience au service de la filiale du Cap. Cet Écossais mince et au large sourire servait auparavant à plein temps dans les pays baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie). Peu après son arrivée en Afrique du Sud, il a obtenu davantage de matériel d’impression. Il n’a pas fallu longtemps pour que l’imprimerie où il travaillait seul tourne à plein rendement. La première presse automatique, une Frontex, a été installée en 1937. Pendant plus de 40 ans, elle a produit des millions de dépliants et de formulaires, ainsi que des périodiques en afrikaans.

Andrew a passé le restant de sa vie au Béthel. Même lorsqu’il a pris de l’âge, il est resté un bel exemple pour les autres Béthélites, notamment dans le domaine de la prédication, à laquelle il participait pleinement. Ce frère oint a achevé sa course terrestre en 1984, à l’âge de 89 ans, après 58 années de service dévoué.

UN ACCROISSEMENT FULGURANT DURANT LES ANNÉES DE GUERRE

Même si beaucoup de Sud-Africains ont combattu en Afrique et en Italie, l’Afrique du Sud n’a pas eu à souffrir autant de la Deuxième Guerre mondiale que l’Europe. Toutefois, pour s’assurer le soutien de la population et attirer des recrues, les autorités ont donné au conflit un retentissement considérable. En dépit du fort esprit patriotique qui prévalait à cette époque, on a enregistré durant l’année de service 1940 un nouveau maximum de 881 proclamateurs, soit un accroissement de 58,7 % par rapport au nombre de proclamateurs maximum de l’année précédente : 555.

En janvier 1939 paraissait pour la première fois en afrikaans le périodique Consolation (aujourd’hui Réveillez-vous !). Il s’agissait aussi du premier périodique imprimé par les Témoins de Jéhovah en Afrique du Sud. Sa composition nécessitait beaucoup de temps, car tout était fait à la main. Peu après, on a également décidé de publier La Tour de Garde en afrikaans. Même si les frères n’en ont pas eu conscience sur le moment, cette décision arrivait à point nommé, compte tenu de la tournure qu’allaient prendre les événements en Europe. Une linotype et une plieuse ont été installées. Le premier numéro a paru le 1er juin 1940.

Jusqu’ici, c’était la filiale des Pays-Bas qui envoyait La Tour de Garde en néerlandais pour les lecteurs afrikaans, étant donné que les deux langues se ressemblent. Cependant, en mai 1940, Hitler a envahi la Hollande et la filiale a dû subitement fermer ses portes. Toutefois, comme l’impression de La Tour de Garde en afrikaans avait commencé en Afrique du Sud, les frères ont pu recevoir tous les numéros. Ils en ont distribué jusqu’à 17 000 exemplaires par mois !

L’ŒUVRE PROGRESSE, MALGRÉ LA CENSURE

Les autorités religieuses exerçaient diverses pressions. Le gouvernement s’inquiétait de notre position de neutralité. Aussi, en 1940, la commission de censure a-​t-​elle saisi les numéros de La Tour de Garde et de Consolation destinés aux abonnés. Puis on a annoncé officiellement que ces publications étaient interdites. Les périodiques et autres publications expédiés par bateau étaient saisis dès leur arrivée.

Cela n’a pourtant pas empêché les frères de recevoir la nourriture spirituelle en temps voulu. D’une manière ou d’une autre, un exemplaire de La Tour de Garde en anglais arrivait toujours à la filiale, où il était mis en page, puis imprimé. George Phillips raconte : “ Sous l’interdiction, nous avons eu [...] la plus belle preuve que Jéhovah prenait soin de son peuple avec amour et qu’il le protégeait. Nous n’avons pas manqué un seul numéro de La Tour de Garde. Très souvent, un seul exemplaire du périodique nous parvenait. Il nous était transmis soit par un abonné qui habitait la Rhodésie du Nord ou la Rhodésie du Sud [aujourd’hui la Zambie et le Zimbabwe] ou l’Afrique-Orientale portugaise [l’actuel Mozambique], soit par un habitant d’une ferme isolée située en Afrique du Sud, soit par un marin qui faisait escale au Cap. ”

En août 1941, sans explication aucune, la censure s’est emparée de tout le courrier en partance de la filiale. Vers la fin de cette même année, le ministre de l’Intérieur a donné ordre de confisquer toutes les publications qui circulaient dans le pays. Un jour, vers 10 heures du matin, la police judiciaire est arrivée à la filiale avec des camions pour saisir toutes les publications. Frère Phillips a vérifié le mandat et a remarqué que des choses n’étaient pas en règle. Les ouvrages n’étaient pas listés par nom, ce qui était obligatoire selon le journal officiel du gouvernement.

Frère Phillips a donc demandé aux policiers de patienter un peu, le temps qu’il prenne contact avec un avocat et introduise une requête en urgence devant la Cour suprême afin qu’injonction soit faite au ministre de l’Intérieur de ne pas effectuer la saisie. Et il a eu gain de cause. À midi, l’injonction était prononcée, et la police est repartie les mains vides ! Cinq jours plus tard, le ministre a annulé son ordre et a payé nos frais de justice.

Les combats juridiques concernant l’interdiction de nos ouvrages ont duré quelques années encore. Les frères cachaient les publications chez eux. Certes, ils en avaient moins, mais ils en faisaient le meilleur usage possible. Ils prêtaient les livres à ceux qui voulaient étudier la Bible. Beaucoup ont accepté la vérité à cette époque.

Fin 1943, un nouveau ministre de l’Intérieur a été nommé. Les frères ont introduit une requête pour faire lever l’interdiction, et ils ont réussi. Début 1944, l’interdiction a été levée et tous les stocks de publications saisis par les autorités ont été rapportés à la filiale.

Les opposants au culte pur étaient-​ils parvenus à stopper la prédication ? Les chiffres de l’année de service 1945 montrent que Jéhovah a béni l’œuvre de ses serviteurs fidèles, qui a progressé comme jamais auparavant. En moyenne, 2 991 proclamateurs ont diffusé 370 264 écrits et dirigé 4 777 études bibliques. Un accroissement considérable par rapport aux 881 proclamateurs en 1940 !

UNE FORMATION THÉOCRATIQUE DES PLUS BÉNÉFIQUES

En 1943, la mise en place du Cours pour le ministère théocratique (aujourd’hui l’École du ministère théocratique) a permis à de nombreux frères de devenir des orateurs publics. Ce cours a également aidé les proclamateurs à être plus efficaces en prédication. En 1945, un grand nombre d’orateurs ayant été formés, on a organisé une campagne de discours publics. Les frères annonçaient les discours au moyen de feuilles d’invitation ou de pancartes.

Piet Wentzel * était alors un jeune pionnier. Voici ce qu’il raconte : “ Avec mon compagnon de service, Frans Muller, nous avons été envoyés à Vereeniging. Avant de commencer notre campagne de discours publics, en juillet 1945, j’ai préparé deux des quatre discours qui m’avaient été confiés. Tous les midis, j’allais au bord de la rivière et, pendant une heure, je parlais à l’eau et aux arbres. Il a fallu un bon mois pour que je me sente capable de les présenter devant un auditoire. ” Lors du premier discours prononcé à Vereeniging, 37 personnes étaient présentes. C’est ainsi qu’une congrégation a vu le jour quelque temps après.

Après avoir servi dans la circonscription pendant de nombreuses années, Piet et sa femme, Lina, ont été invités à venir au Béthel. Aujourd’hui, Piet fait partie du Comité de la filiale. Il est toujours aussi zélé dans le ministère et étudie toujours autant la Bible. Lina est décédée le 12 février 2004, après 59 ans de service à plein temps.

UNE AIDE PLEINE D’AMOUR

Le siège mondial, à Brooklyn, a pris une autre disposition : nommer des “ serviteurs des frères ”, les surveillants de circonscription d’aujourd’hui. Il s’agissait de frères célibataires en bonne santé et pleins d’énergie, en mesure de respecter un emploi du temps bien chargé.

Au départ, la visite des grosses congrégations se déroulait sur deux ou trois jours, et celle des petits groupes sur une seule journée. Les frères voyageaient beaucoup. La plupart du temps, ils empruntaient les transports publics (train, bus, etc.), souvent à des heures peu commodes. Au cours de leur visite, ils vérifiaient soigneusement les fichiers de la congrégation. Leur principal objectif, cependant, était de passer du temps avec les frères et sœurs dans le ministère, afin de les former.

Nommé en 1943, Gert Nel était l’un de ces serviteurs. Il avait connu la vérité en 1934, alors qu’il enseignait dans une école du Transvaal-Nord. Il a aidé un grand nombre de proclamateurs. D’ailleurs, beaucoup se souviennent encore de son service fidèle. Grand, mince et assez sévère d’apparence, il défendait avec zèle la vérité. Il était réputé pour son excellente mémoire, mais aussi pour son amour profond pour les gens. Il prêchait de 7 heures du matin à 7 ou 8 heures du soir, sans même faire une pause ! Lors de ses voyages en tant que surveillant itinérant, il prenait le train à toute heure du jour ou de la nuit, passait quelques jours dans une congrégation (tout dépendait de la taille de celle-ci), puis repartait vers une autre congrégation. Il accomplissait cela semaine après semaine. En 1946, Gert a été appelé au Béthel pour traduire des publications en afrikaans. Il y est resté fidèlement, jusqu’à sa mort survenue en 1991. Il a été le dernier frère oint à œuvrer au Béthel d’Afrique du Sud. Entre 1982 et 1985, d’autres frères oints fidèles — George Phillips, Andrew Jack et Gerald Garrard — avaient achevé leur course terrestre.

ILS SE SONT DÉPENSÉS GÉNÉREUSEMENT

Les serviteurs de Jéhovah éprouvent de la reconnaissance pour les surveillants itinérants et pour leurs femmes, qui se dépensent sans compter pour affermir les congrégations sur le plan spirituel. Luke Dladla, par exemple, a été nommé surveillant de circonscription en 1965. Il est à présent pionnier permanent. Il déclare : “ Aujourd’hui, en 2005, j’ai 79 ans et ma femme en a 68. Et pourtant, nous sommes toujours capables de gravir et de descendre des montagnes, et de traverser des rivières pour diffuser la bonne nouvelle dans notre territoire. Cela fait maintenant presque 50 ans que nous participons à la prédication. ”

Andrew Masondo a été nommé surveillant de circonscription en 1954. “ En 1965, explique-​t-​il, j’ai été envoyé au Botswana. Je me serais cru missionnaire ! Le pays souffrait de la famine, car il n’avait pas plu depuis trois ans. Ma femme Georgina et moi avons su ce que signifiait aller se coucher sans manger et partir prêcher le lendemain le ventre vide. La plupart du temps, nous ne prenions qu’un seul repas par jour, le midi.

“ Lorsque je suis revenu en Afrique du Sud, j’ai été nommé surveillant de district. J’ai été formé par Ernest Pandachuk. En partant, il m’a dit : ‘ Ne t’élève jamais au-dessus de tes frères. Sois comme un épi de blé qui s’incline lorsqu’il est mûr, montrant qu’il est bien garni. ’ ”

LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE DE CIRCONSCRIPTION

La première assemblée de circonscription en Afrique du Sud s’est tenue à Durban, en avril 1947. Milton Bartlett, diplômé de la cinquième classe de Guiléad et premier missionnaire à avoir été envoyé dans le pays, livre ses impressions au sujet des assistants : “ Quelle expérience enrichissante de voir tous ces Témoins de race noire ! Ils étaient vraiment paisibles, soignés de leur personne, pleins de sincérité, impatients d’en apprendre davantage sur la vérité, et très enthousiastes pour la prédication. ”

Comme la population noire était de plus en plus réceptive au message, il a fallu prendre des dispositions supplémentaires. C’est ainsi que, le 1er janvier 1949, on a publié le premier numéro de La Tour de Garde en zoulou. Il était imprimé à la filiale du Cap, à l’aide d’une petite machine manuelle. Certes, ce n’était pas le périodique coloré et attrayant dont nous disposons aujourd’hui, mais il dispensait une nourriture spirituelle de grande valeur. En 1950, on a également mis en place des classes d’alphabétisation en six langues. Ces classes ont permis à des centaines de frères et sœurs motivés de lire la Parole de Dieu.

L’œuvre d’évangélisation ne cessant de progresser, on a eu besoin de lieux de réunion convenables. En 1948, un pionnier a donc été envoyé à Strand, près du Cap, pour organiser la construction de la première Salle du Royaume d’Afrique du Sud. Une sœur de la région a financé le projet. “ J’aurais aimé monter ce bâtiment sur roues, explique George Phillips, et le promener à travers tout le pays pour inciter les frères à construire davantage de Salles du Royaume. ” Plusieurs années se sont écoulées avant que des chantiers de construction ne soient organisés un peu partout.

LA RÉACTION ENTHOUSIASTE DE LA COMMUNAUTÉ INDIENNE

Entre 1860 et 1911, des Indiens sont arrivés en Afrique du Sud pour travailler sous contrat dans les plantations de canne à sucre du Natal. Beaucoup sont restés une fois leur contrat achevé, et c’est ainsi qu’une grande communauté d’origine indienne — qui regroupe aujourd’hui plus d’un million de personnes — s’est établie dans le pays. La vérité biblique a commencé à toucher le cœur de ces gens, au début des années 50.

Velloo Naicker, né en 1915, était le quatrième garçon d’une famille de neuf enfants. Ses parents, des hindous fervents, travaillaient dans une plantation de canne à sucre. En classe, Velloo était passionné par les cours bibliques. Quelqu’un lui avait même donné une Bible. Il la lisait tous les jours et, au bout de quatre ans, il en avait achevé la lecture. “ Matthieu 5:6 m’a fait une forte impression, écrit-​il. Lorsque j’ai lu ce verset, j’ai compris que l’on peut réjouir Dieu si l’on est affamé de vérité et de justice. ”

Finalement, Velloo a reçu la visite d’un Témoin et s’est mis à étudier la Bible. Il a été l’un des premiers Indiens d’Afrique du Sud à se faire baptiser, en 1954. La communauté hindoue dans laquelle il vivait, à Actonville (province du Gauteng), était fortement opposée aux Témoins de Jéhovah. Un personnage important a même menacé Velloo de mort. D’ailleurs, à cause de son intégrité, Velloo a perdu son emploi. Il dirigeait une entreprise de nettoyage à sec. Il a toutefois continué de servir Jéhovah fidèlement jusqu’à sa mort, en 1981. Son bel exemple a porté du fruit : actuellement, plus de 190 membres de sa famille (y compris par alliance), sur quatre générations, servent eux aussi Jéhovah.

Gopal Coopsammy avait 14 ans la première fois qu’il a entendu son oncle Velloo parler de la vérité. Il se souvient : “ Velloo a parlé de la Bible à un groupe de jeunes dont je faisais partie. Il ne s’agissait pas vraiment d’une étude biblique. Comme j’étais hindou, je ne connaissais pas bien la Bible. Mais ce que j’y lisais me paraissait sensé. Un jour, j’ai vu mon oncle partir pour l’étude de livre. Je lui ai demandé si je pouvais l’accompagner. Il a bien sûr accepté. À partir de ce jour, j’ai commencé à assister aux réunions. Désireux d’approfondir ma connaissance de la Bible, je suis allé à la bibliothèque municipale pour trouver des ouvrages publiés par les Témoins de Jéhovah. J’ai subi la forte opposition de ma famille, mais je me rappelais sans cesse ces paroles du Psaume 27:10 : ‘ Si mon père et ma mère me quittaient, Jéhovah lui-​même me recueillerait. ’ Je me suis fait baptiser en 1955, à l’âge de 15 ans. ”

Gopal est surveillant-président de la congrégation où il sert actuellement avec sa femme, Susila. Ils ont aidé quelque 150 personnes à se vouer à Jéhovah. Comment sont-​ils parvenus à un tel résultat ? Gopal explique : “ Beaucoup de membres de notre famille vivaient là où nous habitions. J’ai donc pu leur donner le témoignage. Plusieurs ont réagi favorablement au message. De plus, comme j’avais ma propre entreprise, j’avais du temps libre pour prêcher. J’ai d’ailleurs été pionnier pendant quatre ans. Il m’a suffi de travailler dur dans le ministère et de suivre scrupuleusement tout intérêt manifesté. ”

L’AMOUR ET LA PATIENCE SONT RÉCOMPENSÉS

Doreen Kilgour et Isabella Elleray, respectivement diplômées de Guiléad en 1956 et 1957, ont prêché dans la communauté indienne de Chatsworth, dans la banlieue de Durban, pendant 24 ans.

Voici comment Doreen décrit la prédication dans ce territoire : “ Nous avons dû être patientes. Certains, par exemple, n’avaient jamais entendu parler d’Adam et Ève. Les gens étaient toutefois hospitaliers. Les Hindous pensent qu’il est mal de laisser quelqu’un sur le pas de la porte. Ils nous disaient : ‘ Prenez donc un thé avant de partir ’, ce qui signifiait que nous devions toujours boire un thé avant de passer à une autre maison. À la longue, nous avions l’impression de nager dans le thé ! C’était chaque fois pour nous un véritable miracle que de voir un Indien délaisser ses croyances profondément enracinées pour devenir un adorateur de Jéhovah. ”

Isabella, quant à elle, raconte : “ Un jour, en prédication, j’ai rencontré un homme qui a accepté les périodiques. Sa femme, Darishnie, qui sortait tout juste de l’Église, nous a rejoints, son bébé dans les bras. Nous avons eu une discussion très agréable. J’ai donc pris des dispositions pour revenir les voir. Mais Darishnie n’était jamais là. Plus tard, elle m’a expliqué que son pasteur lui avait dit de partir lorsque j’étais supposée venir. Ainsi, lui a-​t-​il dit, cette femme pensera que vous n’êtes pas intéressée. Puis je suis allée en Angleterre voir ma famille. Même là-bas, je ne pouvais m’empêcher de penser à Darishnie. De retour, je me suis de nouveau rendue chez elle. Elle a voulu savoir où j’étais passée. ‘ Je croyais que vous pensiez que je n’étais pas intéressée, m’a-​t-​elle confié. Comme je suis contente de vous revoir ! ’ Nous avons commencé une étude de la Bible ; son mari ne s’est cependant pas joint à nous. Darishnie, qui était très studieuse, s’est fait baptiser quelque temps plus tard.

“ Dans la région, une coutume hindoue consiste à faire porter à la femme mariée un tali, un bijou en or enfilé sur un cordon jaune. Elle est supposée ne l’enlever qu’à la mort de son mari. Lorsque Darishnie a voulu commencer à prêcher, elle a compris qu’elle ne pouvait pas garder son tali. Elle m’a alors demandé ce qu’elle devait faire. Je lui ai suggéré d’en parler d’abord à son mari et de voir sa réaction. C’est ce qu’elle a fait, mais son mari n’a pas voulu qu’elle l’enlève. Je lui ai conseillé d’être patiente et d’en reparler plus tard, lorsque son mari serait de bonne humeur. Finalement, il est revenu sur sa décision. Nous encouragions toujours nos étudiants à agir avec tact et à être respectueux des enseignements hindous, tout en prenant fermement position pour la vérité biblique. Ainsi, ils ne blesseraient pas inutilement des amis ou des proches, et ceux-ci, de leur côté, accepteraient plus facilement qu’un des leurs étudie la Bible et change de religion. ”

Comment Doreen et Isabella ont-​elles persévéré toutes ces années dans le service missionnaire ? “ Nous avons appris à aimer les gens, répond Doreen. Nous nous sommes données à fond dans notre territoire et nous le chérissions. ” Isabella ajoute : “ Nous nous sommes fait de nombreux amis. Nous avons d’ailleurs été tristes de quitter notre affectation lorsque notre santé s’est détériorée. On nous a cependant proposé d’aller servir au Béthel, offre que nous avons acceptée avec joie. ” Isabella est décédée le 22 décembre 2003.

Les autres missionnaires qui se sont dépensés à Chatsworth ont dû eux aussi quitter ce territoire à cause de leur âge avancé. Ils n’étaient plus en mesure de poursuivre leur service ni de s’occuper du home missionnaire. Ils ont donc été accueillis au Béthel. Il s’agissait d’Eric et de Myrtle Cooke, de Maureen Steynberg et de Ron Stephens (aujourd’hui décédé).

UN PROJET DE GRANDE ENVERGURE

Lorsque Nathan Knorr et Milton Henschel, qui servaient au siège mondial à Brooklyn, ont visité la filiale d’Afrique du Sud en 1948, il a été décidé d’acheter un terrain pour construire un Béthel et une imprimerie à Elandsfontein, près de Johannesburg. Ce projet a été achevé en 1952. Pour la première fois, la famille du Béthel pouvait habiter sous un seul et même toit. On a par la suite fait l’acquisition de matériel supplémentaire pour l’impression, dont une presse horizontale. La Tour de Garde était imprimée en huit langues et Réveillez-vous ! en trois.

En 1959, le Béthel et l’imprimerie ont été agrandis. Le bâtiment qu’on a construit était plus grand encore que le bâtiment d’origine. Une nouvelle presse Timson a aussi été installée. Il s’agissait de la première rotative de la filiale.

Pour aider au travail d’impression, frère Knorr a invité quatre jeunes frères du Canada à se rendre en Afrique du Sud : Bill McLellan, Dennis Leech, Ken Nordin et John Kikot. Ils sont arrivés en novembre 1959. Bill McLellan et sa femme, Marilyn, sont toujours au Béthel d’Afrique du Sud. John Kikot et sa femme, Laura, sont quant à eux au Béthel de Brooklyn, à New York. Ken Nordin et Dennis Leech vivent en Afrique du Sud avec leur famille. Ils continuent de faire fructifier les intérêts du Royaume. Les deux enfants de Ken servent au Béthel d’Afrique du Sud.

Les installations agrandies du Béthel et le nouveau matériel ont été utilisés au maximum pour faire face à l’accroissement. En 1952, le pays comptait plus de 10 000 proclamateurs. En 1959, ce chiffre était passé à 16 776 !

L’UNITÉ CHRÉTIENNE SOUS L’APARTHEID

Afin de comprendre les problèmes que les frères ont rencontrés sous l’apartheid, il est utile de connaître les contraintes liées à ce système. La loi autorisait les Noirs, les Blancs (d’origine européenne), les métis et les Indiens à travailler en ville dans les mêmes établissements (usines, bureaux, restaurants, etc.). Mais, le soir, chaque groupe racial devait rentrer dans sa banlieue. Par ailleurs, dans chaque établissement, il devait y avoir des réfectoires et des toilettes séparés pour les Blancs et pour les autres races.

Lorsqu’on a construit le Béthel d’Elandsfontein, les autorités n’ont pas accordé aux frères noirs, métis ou indiens le droit de vivre avec les frères blancs. À l’époque, la plupart des Béthélites étaient des Blancs, car les personnes d’une autre race avaient beaucoup de mal à obtenir l’autorisation de travailler en ville. Il y avait cependant 12 frères et sœurs noirs ou métis, la plupart membres du service de la traduction. Le gouvernement a donné l’autorisation de construire cinq chambres à l’arrière du bâtiment principal, mais séparées de celui-ci. Malheureusement, cette autorisation a par la suite été annulée quand l’apartheid s’est durci. Nos frères ont dû s’installer à une vingtaine de kilomètres du Béthel, dans un foyer pour hommes. Les deux sœurs noires, quant à elles, ont été hébergées dans des foyers chrétiens, en ville.

La loi interdisait même à ces Béthélites de prendre leurs repas en compagnie de leurs frères blancs, dans la salle à manger principale. Et les agents de la municipalité se chargeaient de vérifier si cet interdit était respecté ! Toutefois, les frères blancs ne supportaient pas l’idée de manger à part. Ils ont donc remplacé les vitres transparentes de la salle à manger par des carreaux opaques. Ainsi, tous les membres de la famille du Béthel pouvaient prendre leurs repas ensemble en toute tranquillité.

En 1966, George Phillips a jugé nécessaire de quitter le Béthel en raison de l’état de santé de sa femme, Stella. C’est Harry Arnott, un frère compétent, qui a été nommé surveillant de la filiale. Il a occupé cette fonction pendant deux ans. Puis, en 1968, Frans Muller * lui a succédé. Plus tard, il est devenu coordinateur du Comité de la filiale.

LA “ BOMBE BLEUE ” FAVORISE L’ACCROISSEMENT

Lors de l’assemblée de district de 1968, on a annoncé la parution du livre La vérité qui conduit à la vie éternelle. Surnommé la “ bombe bleue ”, ce livre a dynamisé la prédication. Le service des expéditions avait l’habitude d’envoyer aux congrégations environ 90 000 livres par an. Mais, en 1970, il en a expédié pas moins de 447 000 !

En 1971, frère Knorr s’est une nouvelle fois rendu en Afrique du Sud. Le Béthel était à nouveau trop petit. La famille du Béthel comptait alors 68 membres. On a donc projeté d’agrandir la filiale. Des frères se sont portés volontaires sur le chantier ou ont participé financièrement à la construction, qui s’est achevée le 30 janvier 1972. Un autre agrandissement a été réalisé en 1978. La concrétisation de tous ces projets a donné aux frères l’assurance qu’ils avaient le soutien de Jéhovah, car à cette époque le peuple de Dieu était soumis à des pressions de plus en plus fortes de la part du gouvernement.

LA NEUTRALITÉ EST MISE À L’ÉPREUVE

L’Afrique du Sud est devenue une république en mai 1961, après son retrait du Commonwealth. Le pays était en proie à des troubles politiques et à une violence croissante. Afin d’enrayer cette situation, le gouvernement a fait la part belle au nationalisme, ce qui a par la suite causé des difficultés aux Témoins de Jéhovah.

Le service militaire n’était pas obligatoire pour les Témoins de Jéhovah. Mais cela a changé à la fin des années 60 lorsque le pays a commencé à participer plus activement aux opérations militaires en Namibie et en Angola. Une nouvelle loi stipulait que tous les jeunes hommes blancs en bonne santé devaient être incorporés. Les frères qui refusaient de l’être étaient envoyés en détention dans des baraquements militaires, pendant 90 jours.

Mike Marx faisait partie d’un groupe de frères qui avaient été emprisonnés. On leur avait demandé de mettre la tenue et le casque militaires. “ Comme nous ne voulions pas être assimilés à des soldats, se souvient-​il, nous avons refusé de le faire. Nous avons donc été placés en isolement total et soumis à une ration alimentaire des plus réduites. Le commandant nous a aussi supprimé certains droits. ” Plus question d’écrire, ni de recevoir du courrier, ni d’avoir de la visite, ni de posséder quoi que ce soit à lire, mis à part la Bible ! Quant à la ration alimentaire normalement réservée aux prisonniers irréformables, elle consistait en ceci : de l’eau et la moitié d’une miche de pain pendant deux jours, la ration normale pendant sept jours, puis à nouveau deux jours au pain et à l’eau. Même les rations soi-disant normales étaient souvent peu abondantes et peu appétissantes.

Tout était fait pour briser l’intégrité des frères. Chacun d’eux était confiné dans une petite cellule. À une époque, on leur a même interdit l’accès aux douches. On leur donnait un seau pour les toilettes et un autre pour qu’ils puissent se laver. Les douches ont par la suite été de nouveau autorisées.

“ Un jour, en plein hiver, se rappelle Keith Wiggill, alors que nous venions de prendre une douche froide, les gardiens se sont emparés de nos matelas et de nos couvertures. Comme ils ne nous autorisaient pas à porter de vêtements civils, nous n’avions qu’un caleçon et un maillot de corps. Nous avons dormi sur une serviette humide étalée sur un sol en béton glacial. Le lendemain matin, le sergent-major a été stupéfait de constater que non seulement nous étions joyeux, mais encore que physiquement nous allions bien. Il a reconnu que notre Dieu avait pris soin de nous durant cette nuit glaciale. ”

Peu avant la fin de leurs 90 jours de peine, les frères passaient une nouvelle fois en jugement parce qu’ils refusaient de revêtir l’uniforme ou de s’entraîner avec les autres prisonniers. Quelle en était la conséquence ? Ils étaient de nouveau condamnés à la détention. Les autorités leur faisaient bien comprendre qu’elles étaient déterminées à les renvoyer en prison jusqu’à ce qu’ils atteignent 65 ans, âge auquel ils ne pourraient plus être incorporés.

En 1972, après de fortes pressions politiques et publiques, la loi a changé. Les frères n’ont eu à purger qu’une seule peine, correspondant à la durée du service militaire. Au départ, cette peine allait de 12 à 18 mois. Puis elle est passée à trois ans et, plus tard encore, à six ans ! Avec le temps cependant, les autorités ont été plus clémentes et ont autorisé les frères à tenir une réunion par semaine.

Durant leur détention, les frères n’ont pas oublié le commandement du Christ de faire des disciples (Mat. 28:19, 20). Ils ont donné le témoignage aux autres détenus, aux autorités carcérales et à tous ceux avec qui ils s’entretenaient. Pendant un temps, ils ont même été autorisés à prêcher la bonne nouvelle par courrier, le samedi après-midi.

À une époque, les 350 frères détenus étaient obligés de prendre leurs repas avec les 170 autres prisonniers. Les baraquements constituaient ainsi l’unique territoire de prédication avec une proportion de 2 Témoins pour 1 non-Témoin. Les autorités ont vite décidé que les frères prendraient leurs repas à part.

LA CHRÉTIENTÉ ET LA NEUTRALITÉ

Comment les Églises de la chrétienté ont-​elles réagi face à l’obligation du service militaire ? En juillet 1974, le Conseil sud-africain des Églises a adopté une résolution sur l’objection de conscience. Mais, au lieu de s’en tenir strictement à l’aspect religieux de la question, cette résolution laissait transparaître des motivations politiques. Elle encourageait l’objection de conscience, alléguant que l’armée soutenait une “ société injuste et discriminatoire ” et que, par conséquent, la guerre qu’elle menait était injuste elle aussi. Les églises afrikaans ainsi que d’autres groupes religieux n’ont pas adhéré à cette résolution.

L’Église réformée hollandaise a soutenu l’effort de guerre du gouvernement. Elle a rejeté la résolution du Conseil sous prétexte qu’il s’agissait d’une violation du principe de Romains chapitre 13. Parmi ceux qui s’opposaient à la résolution, il y avait aussi les aumôniers qui servaient dans l’armée sud-africaine, dont certains appartenaient à des Églises membres du Conseil. Dans une déclaration commune, les aumôniers des Églises anglophones ont condamné la résolution en ces termes : “ Nous [...] invitons chaque membre de nos Églises, et en particulier les jeunes hommes, à participer personnellement à la défense du pays. ”

En outre, les Églises membres du Conseil n’ont pas adopté une position claire sur la question de la neutralité. L’ouvrage Guerre et conscience en Afrique du Sud (angl.) fait cet aveu : “ La plupart [...] de ces Églises n’ont pas été en mesure d’expliquer clairement leur position à leurs membres, et les ont encore moins encouragés à être objecteurs de conscience. ” Toujours d’après ce livre, le gouvernement a réagi vivement à cette résolution et a renforcé ses mesures législatives, ce qui a dissuadé les Églises d’afficher leurs convictions. On lit en effet : “ Dans l’ensemble, les Églises ne sont jamais parvenues à mettre en place un plan d’action efficace. ”

Ce livre ajoute en revanche : “ Les objecteurs de conscience qui étaient en prison étaient en grande majorité Témoins de Jéhovah. ” On lit plus loin encore : “ Les Témoins de Jéhovah ont fait valoir le droit que possède chaque individu de s’opposer à la guerre à cause de sa conscience. ”

La position des Témoins était strictement religieuse. Tout en reconnaissant que “ les autorités qui existent se trouvent placées de par Dieu dans leurs positions relatives ”, les Témoins restent neutres sur le plan politique (Rom. 13:1). Ils se soumettent avant tout à Jéhovah, qui révèle dans sa Parole, la Bible, que ses vrais adorateurs ne doivent pas participer aux guerres. — Is. 2:2-4 ; Actes 5:29.

Ce système de détention a duré plusieurs années. Mais les Témoins ont prouvé qu’ils ne renonceraient jamais à leur neutralité pour échapper à des conditions difficiles. Les baraquements étaient bondés et donnaient une mauvaise image des conditions de détention. Des officiers ont fait pression pour que les frères soient envoyés dans des prisons civiles.

Toutefois, certaines autorités bien disposées à notre égard s’y sont opposées. Elles respectaient nos jeunes frères pour leur excellente moralité et savaient que, s’ils étaient envoyés dans des prisons civiles, ce serait inscrit sur leur casier judiciaire. De plus, ils côtoieraient les pires éléments de la société et risqueraient d’être violés. Des dispositions ont donc été prises pour qu’ils accomplissent un service d’utilité publique dans des secteurs n’ayant pas trait aux activités militaires. Lorsque le climat politique du pays a changé dans les années 90, le service militaire n’a plus été obligatoire.

Comment nos jeunes frères ont-​ils vécu le fait d’être emprisonnés pendant longtemps, à une période cruciale de leur vie ? Nombre d’entre eux ont magnifiquement démontré leur fidélité à Jéhovah et ont profité de l’occasion pour étudier la Parole de Dieu et pour mûrir spirituellement. “ Mon séjour en détention a marqué un véritable tournant dans ma vie, explique Cliff Williams. J’ai eu la preuve évidente que Jéhovah me protégeait et me bénissait. Cela m’a poussé à me dépenser encore plus pour faire avancer les intérêts du Royaume. Peu après ma libération, en 1973, j’ai entrepris le service de pionnier permanent. L’année suivante, je suis entré au Béthel, où je sers encore actuellement. ”

Stephen Venter, qui avait 17 ans lorsqu’il a été emprisonné, déclare quant à lui : “ J’étais un proclamateur non baptisé et je n’avais pas une connaissance très approfondie de la vérité. Mais trois choses m’ont permis de supporter cette épreuve : le soutien spirituel que me procurait l’examen du texte du jour, chaque matin, pendant que nous lavions le sol ; les réunions que nous tenions régulièrement et l’étude que me faisait un frère expérimenté. C’est vrai qu’il y a eu des moments difficiles, mais curieusement, je ne m’en souviens presque pas ! Pour tout dire, ces trois années de détention ont peut-être été les plus belles de ma vie. L’adolescent que j’étais a pu devenir un homme. J’ai appris à connaître Jéhovah, et cela m’a incité à entreprendre le service à plein temps. ”

La détention injuste de nos frères a, sous certains aspects, été bénéfique. Gideon Benade, qui rendait visite aux frères emprisonnés, a écrit : “ Avec le recul, on peut constater qu’un immense témoignage a été rendu ! ” L’endurance de nos frères et les nombreux articles de journaux concernant leurs procès et leurs condamnations ont incontestablement démontré la position neutre des Témoins, ce qui a impressionné aussi bien les autorités militaires que la population civile.

L’INTÉGRITÉ DES FRÈRES NOIRS

Durant les premières années de l’apartheid, les frères noirs n’ont pas été mis à l’épreuve comme les frères blancs en ce qui concerne la question de la neutralité. En effet, ils n’étaient pas appelés sous les drapeaux. Cependant, lorsque des groupes politiques noirs ont commencé à s’élever contre l’apartheid, les Témoins noirs ont rencontré diverses épreuves. Certains ont été tués, d’autres battus, d’autres encore ont dû fuir parce que leur domicile et tous leurs biens avaient été incendiés, et tout cela parce qu’ils refusaient de transiger avec leur neutralité chrétienne. Ils étaient absolument déterminés à obéir au commandement de Jésus de ‘ ne pas faire partie du monde ’. — Jean 15:19.

Certains groupes politiques exigeaient que tous les habitants de leur quartier achètent la carte du parti. Des représentants de ces groupes allaient chez les gens réclamer de l’argent pour acheter des armes ou pour financer les funérailles de leurs compagnons, morts lors de conflits avec les forces de sécurité des Blancs. Comme les frères refusaient poliment de donner de l’argent, ils étaient accusés d’être des espions à la solde du gouvernement défenseur de l’apartheid. Quand ils prêchaient, ils étaient parfois attaqués et on leur reprochait de faire de la propagande pour les Afrikaans.

Parlons un instant d’Elijah Dlodlo, qui a renoncé à une carrière prometteuse dans le sport pour devenir Témoin de Jéhovah. Deux semaines avant la première élection démocratique du pays, les tensions entre les communautés noires rivales étaient à leur paroxysme. Les proclamateurs de la congrégation d’Elijah avaient décidé de prêcher dans un territoire rarement parcouru situé à quelques kilomètres. Elijah, qui n’était baptisé que depuis deux mois, était accompagné de deux jeunes proclamateurs non baptisés. Alors qu’ils discutaient avec une femme, devant son domicile, des jeunes appartenant à un groupe politique sont arrivés. Le chef a brandi un sjambok, sorte de fouet en cuir épais, et a demandé : “ Qu’est-​ce qui se passe ici ? ”

“ Nous parlons de la Bible ”, a répondu la maîtresse de maison.

Sans lui accorder la moindre attention, l’homme, furieux, a déclaré à Elijah et à ses deux compagnons : “ Vous, venez avec nous ! Ce n’est pas le moment de parler de la Bible, c’est le moment de nous battre pour nos droits. ”

“ Nous ne pouvons pas faire cela, a répondu hardiment Elijah, car nous travaillons pour Jéhovah. ”

L’homme a alors poussé Elijah et s’est mis à le fouetter. Chaque fois qu’il frappait, l’homme criait : “ Viens avec nous ! ” Le premier coup reçu, Elijah n’a plus ressenti aucune douleur. Il a puisé de la force dans les paroles de l’apôtre Paul selon lesquelles tous les vrais chrétiens ‘ seraient persécutés ’. — 2 Tim. 3:12.

L’homme, épuisé, a fini par s’arrêter. L’un de ses compagnons lui a alors fait des remontrances, lui disant qu’Elijah n’était pas de leur communauté. Cette altercation a divisé les membres du groupe, qui ont commencé à se battre entre eux. Le chef s’est même fait rosser avec son propre fouet. Dans l’intervalle, Elijah et ses compagnons ont pris la fuite. Cette épreuve a renforcé la foi d’Elijah et l’a incité à continuer de prêcher avec hardiesse la bonne nouvelle. À présent, il est marié, père de famille et ancien dans sa congrégation.

Nos sœurs noires se sont, elles aussi, montrées extrêmement courageuses face aux pressions visant à les faire cesser de prêcher. Considérons l’exemple de Florah Malinda. Sa fille, Maki, qui était baptisée, a été brûlée vive par un groupe de jeunes parce qu’elle avait pris la défense de son frère qui avait refusé de rejoindre un mouvement politique. Malgré ce drame, Florah ne s’est pas aigrie ; au contraire, elle a continué à répandre la Parole de Dieu dans sa communauté. Un jour, des membres du groupe politique qui avait tué sa fille lui ont ordonné de rejoindre leur parti, sinon elle en subirait les conséquences. Des voisins sont venus à sa rescousse et ont expliqué qu’elle ne prenait pas part à la politique, mais qu’elle aidait activement les gens à étudier la Bible. Les activistes ont commencé à se quereller et ont laissé partir Florah. Durant toutes ces épreuves, Florah a fidèlement persévéré dans le service de pionnier permanent, et elle continue de le faire aujourd’hui.

Alors qu’il se rendait en bus dans son territoire, un frère pionnier permanent a été bousculé par un jeune activiste qui lui a demandé pourquoi il possédait des écrits publiés par des Afrikaans et pourquoi il les vendait à des gens de race noire. Le frère explique ce qui s’est passé ensuite : “ Il m’a ordonné de jeter les publications par la fenêtre. J’ai refusé. Il m’a giflé et a écrasé sa cigarette brûlante contre ma joue. Je n’ai pas riposté. Il a alors saisi mon sac de publications et l’a lancé par la fenêtre. Il a également arraché ma cravate en disant que c’étaient les Blancs qui portaient ça. Il n’a pas cessé de m’insulter et de se moquer de moi, allant jusqu’à affirmer que les gens comme moi devraient être brûlés vifs. Jéhovah est venu à mon secours, car j’ai pu sortir du bus sans subir d’autres brutalités. Cet événement ne m’a pas fait renoncer à la prédication. ”

La filiale d’Afrique du Sud a reçu quantité de lettres dans lesquelles des frères et sœurs ou des congrégations évoquaient l’intégrité de leurs frères noirs. L’une de ces lettres provenait d’un ancien d’une congrégation du Kwazulu-Natal. Voici ce qu’on y lisait : “ Nous vous écrivons cette lettre pour vous faire part du décès de frère Moses Nyamussua. Il était mécanicien. Un jour, les membres d’un groupe politique lui ont demandé de réparer les pistolets qu’ils s’étaient fabriqués. Mais il a refusé. Le 16 février 1992, tous les membres de ce groupe se sont rassemblés pour se battre contre un groupe rival. Ce soir-​là, après le combat, ils ont croisé notre frère qui allait faire ses courses. Ils l’ont alors tué avec leurs lances. Pour quelle raison ? ‘ Tu n’as pas voulu réparer nos armes, lui ont-​ils dit, et maintenant, à cause de toi, nos compagnons sont morts au combat. ’ La mort de notre frère a été un véritable choc pour nous, mais nous sommes déterminés à poursuivre notre ministère. ”

L’OPPOSITION À L’ÉCOLE

Dans les quartiers noirs, les enfants Témoins de Jéhovah rencontraient des difficultés à l’école parce qu’ils ne s’associaient pas aux prières et aux hymnes religieux lors des rassemblements matinaux. Le problème ne se posait pas dans les établissements réservés aux Blancs. Les parents n’avaient qu’à écrire une lettre expliquant leur position, et leurs enfants étaient exemptés. Dans les autres écoles, en revanche, refuser de participer aux cérémonies religieuses était considéré comme un rejet de l’autorité scolaire. Les enseignants n’étaient pas habitués à ce genre de résistance. Lorsque les parents Témoins expliquaient leur position, les professeurs répondaient qu’aucune exception ne serait tolérée.

Les responsables des établissements tenaient à ce que les élèves Témoins de Jéhovah assistent aux rassemblements matinaux, car on y faisait également des communications qui concernaient le travail scolaire. Par conséquent, les enfants Témoins étaient obligés d’être présents, mais pendant les chants et les prières ils restaient debout sans participer à quoi que ce soit. Certains enseignants passaient dans les rangs pour vérifier s’ils fermaient les yeux durant les prières et s’ils chantaient les hymnes religieux. Cela faisait chaud au cœur d’apprendre que tous ces enfants, dont certains étaient très jeunes, faisaient preuve de courage et restaient intègres.

Malheureusement, un grand nombre d’enfants Témoins ont été renvoyés des écoles. Les frères ont donc décidé de porter l’affaire devant les tribunaux. C’est ainsi que le 10 août 1976, la Cour suprême de Johannesburg a rendu une décision importante concernant 15 élèves d’une seule et même école. En voici un extrait : “ Les défendeurs [...] ont concédé aux enfants des plaignants le droit de ne pas participer aux prières et aux hymnes, et [...] ils ont reconnu que les exclusions et les renvois [...] étaient illégaux. ” Grâce à cette importante victoire juridique, ce problème a été résolu dans toutes les écoles concernées.

D’AUTRES DIFFICULTÉS À L’ÉCOLE

Dans les écoles réservées aux Blancs, de nombreux enfants Témoins ont vu leur fidélité mise à l’épreuve d’une autre façon, ce qui leur a valu d’être eux aussi expulsés des établissements. Le gouvernement de l’apartheid souhaitait que la jeunesse blanche soutienne son idéologie. En 1973, il a donc mis en place une sorte de mouvement citoyen de la jeunesse avec, notamment, au programme des défilés, des cours d’autodéfense et d’autres activités patriotiques.

Certains parents Témoins de Jéhovah ont fait appel à des conseillers juridiques. L’affaire a été portée à l’attention du ministre de l’Éducation, mais en vain. Celui-ci a soutenu que ce programme avait un caractère purement éducatif. Le gouvernement en a profité pour décrier les Témoins de Jéhovah. Dans certaines écoles, les directeurs étaient tolérants et dispensaient les enfants Témoins de participer aux parties du programme qui allaient à l’encontre des principes bibliques. Mais dans d’autres établissements, on renvoyait les enfants.

Peu de parents chrétiens pouvaient se permettre d’envoyer leurs enfants dans des écoles privées. Certains ont donc pris des dispositions pour que leurs enfants reçoivent des cours par correspondance. Des Témoins qui étaient enseignants leur donnaient aussi des cours à domicile. Il n’en demeure pas moins que beaucoup d’enfants renvoyés des écoles n’ont pas pu achever un cycle complet d’études secondaires. Ils ont cependant bénéficié d’une formation spirituelle chez eux et dans leur congrégation (Is. 54:13). Plusieurs d’entre eux ont entrepris le service à plein temps. Tous ces jeunes, qui ont fait preuve de courage, étaient heureux d’avoir réussi à endurer cette épreuve, et ce grâce à leur confiance absolue en Jéhovah (2 Pierre 2:9). Avec le temps, le climat politique du pays a changé, et les enfants des Témoins n’ont plus été renvoyés des écoles à cause de leur refus de participer aux activités patriotiques.

NOS ASSEMBLÉES DURANT L’APARTHEID

Afin de respecter la loi sud-africaine, les frères devaient organiser des assemblées pour chaque groupe racial. Toutefois, en 1952, ils ont pu tenir pour la première fois au stade Wembley, à Johannesburg, un rassemblement interracial. Frère Knorr et frère Henschel, qui visitaient alors la filiale, y ont prononcé des discours. Conformément aux règlements de l’apartheid, les différents groupes raciaux étaient assis dans des travées séparées : les Blancs dans la tribune ouest du stade, les Noirs dans la tribune est, les métis et les Indiens dans la tribune nord. Pour la cafétéria, les mêmes consignes étaient respectées. À propos de ce rassemblement, frère Knorr a écrit que, malgré ces restrictions, “ la joie était au rendez-vous, car tous ensemble, dans un même stade, nous pouvions adorer Jéhovah dans un ordre sacré ”.

En janvier 1974, trois assemblées de district ont été organisées dans la banlieue de Johannesburg : une pour les Noirs, une pour les métis et les Indiens, et une pour les Blancs. Toutefois, une disposition spéciale a été prise le dernier jour. Tous les frères et sœurs se sont réunis au Rand Stadium pour la session de l’après-midi. Au total, 33 408 personnes ont afflué dans le stade. Quel moment joyeux ! Cette fois, les Témoins de toutes les races étaient mélangés et pouvaient s’asseoir ensemble. De nombreux délégués venus d’Europe étaient aussi présents, ce qui a rendu l’événement encore plus mémorable. Mais comment un tel rassemblement a-​t-​il été possible ? Sans le savoir, les frères qui organisaient l’assemblée avaient loué un stade normalement réservé aux événements internationaux ou interraciaux. Ils n’ont donc pas eu à demander une autorisation pour organiser cette session spéciale.

LES PRÉJUGÉS N’ENTRAVENT PAS L’ORGANISATION DE NOS ASSEMBLÉES

Quelques années auparavant, des dispositions avaient été prises pour qu’une assemblée nationale à Johannesburg puisse être organisée. Mais un représentant de l’État qui était venu de Pretoria pour inspecter les bureaux du Département des Affaires bantoues (les Bantous étant des Noirs) a remarqué dans un compte rendu que le Mofolo Park avait été réservé par les Témoins de Jéhovah pour une assemblée qui accueillerait les frères de race noire.

Il en a donc averti ses supérieurs à Pretoria. Le Département des Affaires bantoues a immédiatement annulé la réservation, alléguant que les Témoins de Jéhovah n’étaient pas “ une religion reconnue ”. Les frères blancs avaient de leur côté réservé pour leur assemblée le Milner Park Show Grounds dans le centre de Johannesburg, et les frères métis l’Union Stadium, dans la banlieue ouest de la ville.

Deux frères du Béthel ont pris rendez-vous avec le ministre concerné, qui était en fait un ancien pasteur de l’Église réformée hollandaise. Ils lui ont fait remarquer que les Témoins de Jéhovah se réunissaient au Mofolo Park depuis de nombreuses années et que les frères blancs et métis avaient de leur côté leurs assemblées. Alors, pourquoi les frères noirs n’auraient-​ils pas le droit de se réunir ? Le ministre est resté sur ses positions.

Le Mofolo Park étant situé dans l’ouest de Johannesburg, les deux frères ont décidé de chercher à organiser l’assemblée dans l’est de la ville, où habitent aussi de grandes communautés noires. Ils ont rencontré le responsable municipal, mais ils ne lui ont pas parlé de leur entrevue à Pretoria avec le ministre. Lorsqu’ils lui ont demandé un lieu pour tenir une assemblée, l’homme s’est montré très gentil. Il leur a proposé le Wattville Stadium qui, contrairement au Mofolo Park, comportait des tribunes.

Tous les frères ont rapidement été informés du changement. Une magnifique assemblée réunissant près de 15 000 personnes a eu lieu en toute tranquillité. Les années suivantes, les frères ont pu sans problème obtenir ce stade pour leurs assemblées.

FONDATION D’UNE ASSOCIATION

Le 24 janvier 1981, sous la direction du Collège central, une association composée de 50 membres a été fondée : l’Association des Témoins de Jéhovah d’Afrique du Sud. Cette entité reconnue par la loi a favorisé les intérêts spirituels de plusieurs façons.

Depuis des années, les frères de la filiale essayaient en vain d’obtenir que les Témoins de Jéhovah aient le droit de célébrer eux-​mêmes les mariages. Frans Muller raconte : “ Chaque fois, le gouvernement rejetait notre demande, en nous disant que notre religion n’avait ni la stabilité nécessaire ni le statut pour pouvoir célébrer des mariages. ”

En outre, sans association légale, il était impossible d’obtenir la permission de construire des Salles du Royaume dans les quartiers noirs. La demande des frères était toujours repoussée, car les autorités disaient : “ Vous n’êtes pas une religion reconnue. ”

Peu après la création de l’association, les frères ont obtenu le droit de célébrer des mariages. Ils ont également eu la permission de construire des Salles du Royaume dans les quartiers noirs. Actuellement, plus de 100 frères, des anciens, sont habilités à célébrer des mariages. La cérémonie se déroule à la Salle du Royaume, et les mariés n’ont pas à contracter un mariage civil.

DES CHANGEMENTS RÉVOLUTIONNAIRES À L’IMPRIMERIE

Les méthodes d’impression ne cessant d’évoluer, les presses typographiques ont fini par ne plus être assez performantes. De surcroît, les pièces de rechange se faisaient rares et coûtaient cher. Il était donc temps de passer à la photocomposition informatisée et à l’impression offset. On a acheté des ordinateurs qui permettaient la saisie de texte et la photocomposition. Et, en 1979, la filiale du Japon a fait don d’une rotative TKS.

Étant donné qu’ils produisent des écrits en de nombreuses langues, les Témoins de Jéhovah ont jugé avantageux d’élaborer leur propre système de photocomposition. C’est ainsi qu’en 1979, des frères de Brooklyn (New York) ont commencé à mettre au point ce qu’on a par la suite appelé le MEPS (Système électronique de photocomposition multilingue). La filiale d’Afrique du Sud s’est équipée de ce système en 1984. Le recours à l’informatique pour la traduction et à la photocomposition a permis de publier simultanément les publications en plusieurs langues.

PRÉVISIONS EN VUE DE L’ACCROISSEMENT

Au début des années 80, le Béthel d’Elandsfontein était devenu trop petit, compte tenu de l’accroissement. On a donc acheté un terrain à Krugersdorp, à une trentaine de minutes en voiture de Johannesburg. Ce terrain de 87 hectares se situe dans un cadre plaisant, une région vallonnée bordée d’une rivière. Beaucoup de frères ont quitté leur emploi pour participer à la construction ; d’autres sont venus sur le chantier durant leurs vacances. Quelques volontaires sont arrivés de pays étrangers, tels que la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. La construction a duré six ans.

Il était toujours difficile pour les Témoins noirs, dont la plupart étaient traducteurs, d’obtenir le droit de vivre au Béthel. Vingt frères et sœurs seulement ont reçu cette autorisation, mais il a fallu construire un bâtiment indépendant pour eux. Avec le temps, cependant, le gouvernement a adouci sa politique d’apartheid, et des frères et sœurs de toutes races ont pu vivre avec le reste de la famille du Béthel.

La famille était ravie du nouveau Béthel, avec ses chambres spacieuses et bien aménagées. Le bâtiment d’habitation de deux étages, aux murs de briques rouges, est entouré de jardins magnifiques. Lorsque la construction a commencé à Krugersdorp, il y avait 28 000 proclamateurs en Afrique du Sud. Lors de l’inauguration, le 21 mars 1987, ce chiffre était déjà passé à 40 000 ! Certains, toutefois, se demandaient pourquoi on avait construit un si grand Béthel. En effet, tout un étage du bâtiment administratif était vide et une aile du bâtiment d’habitation était inoccupée. Mais les frères avaient pensé à l’avenir ; ils étaient sûrs d’avoir fait ce qu’il fallait pour un accroissement futur.

UN BESOIN IMPÉRIEUX EST COMBLÉ

Le nombre de congrégations ne cessant de croître, on avait impérativement besoin de Salles du Royaume. Dans les quartiers noirs, les frères tenaient leurs réunions dans des conditions difficiles. Ils utilisaient des garages, des remises ou encore des salles de classe, où chacun s’asseyait derrière un petit bureau d’écolier. Ils devaient aussi s’accommoder d’autres groupes religieux réunis dans les salles de classe voisines, qui chantaient à tue-tête au son des tam-tam. Le bruit était assourdissant.

Vers la fin des années 80, afin d’accélérer la construction des Salles du Royaume, les comités de construction régionaux ont testé de nouvelles techniques. En 1992, 11 Témoins canadiens, maîtrisant la méthode de construction rapide, se sont portés volontaires pour participer à la construction d’un bâtiment d’un étage pour une double Salle du Royaume à Hillbrow (banlieue de Johannesburg). Ces frères ont transmis leur savoir-faire aux frères locaux, qui ont ainsi pu améliorer leurs techniques de construction.

La première Salle du Royaume construite selon le procédé rapide a été celle de Diepkloof, à Soweto, en 1992. Cela faisait 30 ans que les frères cherchaient à acheter un terrain ! Lors de l’inauguration de la salle, le 11 juillet 1992, Zechariah Sedibe, qui s’était démené pour obtenir ce terrain, a déclaré, le sourire aux lèvres : “ Jamais nous n’aurions pensé avoir une Salle du Royaume ! Nous étions jeunes à l’époque. Aujourd’hui, je suis à la retraite, mais nous avons enfin notre salle, la première à avoir été construite en quelques jours, à Soweto. ”

Actuellement, il y a 600 Salles du Royaume dans les pays supervisés par la filiale d’Afrique du Sud. Toutes ces salles sont des centres du culte pur de Jéhovah. Toutefois, environ 300 congrégations de 30 proclamateurs ou plus n’ont pas encore de Salle du Royaume.

Sous la direction de la filiale, les 25 comités de construction régionaux offrent une aide pratique aux congrégations qui désirent construire leur salle. Les congrégations peuvent obtenir des prêts sans intérêt pour financer leur projet. Peter Butt, responsable du Comité de construction régional du Gauteng, s’occupe des projets de construction depuis plus de 18 ans. Il fait remarquer que, la plupart du temps, les frères qui servent dans ces comités sont des pères de famille et ont un emploi. Pourtant, ils sont heureux de sacrifier une bonne partie de leur temps libre pour aider leurs frères.

Jakob Rautenbach fait lui aussi partie d’un comité de construction régional. Il explique que les membres de ces comités sont généralement présents sur le chantier du début à la fin. Qui plus est, ce sont eux qui s’occupent de tout planifier avant le début de la construction. Jakob souligne aussi avec enthousiasme l’esprit joyeux des volontaires ainsi que leur coopération. Ils parcourent parfois de longues distances pour se rendre sur les chantiers, et ce à leurs frais.

De nombreux frères et sœurs donnent généreusement de leur temps et de leurs ressources dans cette œuvre de construction, ajoute Jakob. Puis il cite cet exemple : “ Depuis 1993, deux sœurs charnelles qui ont une entreprise assurent le transport de notre container de matériel qui mesure 13 mètres de long. Il est ainsi déplacé sur les différents sites de construction à travers tout le pays, et même dans des pays voisins. Quelle générosité de leur part ! Quantité d’entreprises avec qui nous traitons nous font des dons ou des remises lorsqu’elles voient ce que nous faisons. ”

Une fois que le projet est bien défini et que les équipes de volontaires sont constituées, les frères construisent généralement la salle en trois jours. Cette rapidité impressionne un grand nombre d’observateurs. La preuve : la première journée de construction d’une Salle du Royaume touchait à sa fin lorsque deux hommes qui s’étaient enivrés dans un bar des environs se sont approchés des frères. Ils leur ont expliqué que d’habitude ils empruntaient un terrain vague pour rentrer chez eux, mais que là, il y avait un bâtiment ! En fait, ils demandaient aux frères leur route parce qu’ils étaient persuadés de s’être trompés de chemin.

UN BEL ESPRIT DE SACRIFICE

Les changements politiques du début des années 90 n’ont pas été synonymes de paix et de stabilité. Au contraire, la violence a redoublé. La situation devenait difficile à gérer. Les gens invoquaient toutes sortes de raisons à cette violence : rivalités politiques, mécontentement des conditions économiques, etc.

Cela n’a pas pour autant arrêté le programme de construction de Salles du Royaume. Des volontaires de toutes races entraient dans les quartiers noirs en se faisant escorter par les frères locaux. Quelques volontaires ont été attaqués par des foules en colère. En 1993, alors que des frères bâtissaient une salle à Soweto, une bande a jeté des pierres à trois frères blancs qui se rendaient en voiture sur le chantier avec du matériel de construction. Toutes les vitres du véhicule ont été brisées et les frères ont été blessés. Tant bien que mal, ils ont quand même poursuivi leur route jusqu’au chantier. Les frères locaux les ont tout de suite emmenés à l’hôpital en empruntant un chemin plus sûr.

Cet incident n’a pas mis un terme aux travaux. Les frères ont pris davantage de précautions et, le week-end suivant, des centaines de volontaires de différentes races sont venus travailler sur le chantier. Les pionniers de la congrégation locale prêchaient dans les rues autour de la salle. Au moindre signe suspect, ils avertissaient les frères du chantier. Quelques jours plus tard, les frères blessés étaient suffisamment rétablis pour travailler de nouveau à la construction de la salle.

Les congrégations apprécient le dévouement de tous ces volontaires et sont conscientes des sacrifices qu’ils font. Pendant 15 ans, Fanie et Elaine Smit ont souvent parcouru de longs trajets pour travailler sur les chantiers, et ce à leurs frais. Au total, ils ont aidé 46 congrégations à construire leur salle.

Voici ce qu’une congrégation du Kwazulu-Natal a écrit au Comité de construction régional : “ Vous vous privez de sommeil, de bons moments que vous pourriez passer avec votre famille, de détente et de bien d’autres choses pour venir jusqu’ici et construire notre salle. En plus de cela, nous savons que vous dépensez beaucoup d’argent pour que le projet soit un succès. Puisse Jéhovah se souvenir de vous ‘ pour le bien ’ ! — Nehémia 13:31. ”

Lorsqu’une congrégation dispose de sa propre Salle du Royaume, on obtient de bons résultats dans le voisinage. Témoin cette déclaration faite par une congrégation : “ Une fois notre salle construite, l’assistance aux réunions a été telle que nous avons dû diviser la congrégation en deux pour le discours public et l’étude de La Tour de Garde. Bientôt, nous allons devoir former une nouvelle congrégation. ”

Dans les campagnes, les petites congrégations ont parfois du mal à rassembler les fonds nécessaires à la construction d’une salle. Pourtant, beaucoup y parviennent par des moyens insolites. Dans une congrégation par exemple, les frères ont commencé par vendre des cochons. Quand ils ont eu besoin de plus d’argent, ils ont vendu un bœuf et un cheval. Ils ont ensuite vendu 15 moutons, un autre bœuf et un autre cheval. Une sœur, quant à elle, a proposé d’acheter la peinture, une autre la moquette. Une autre encore a payé les rideaux. Pour finir, il a fallu vendre encore un bœuf et cinq moutons pour acheter les chaises.

Dans la province du Gauteng, une congrégation qui venait d’obtenir sa salle a écrit : “ Les deux premières semaines qui ont suivi la construction, nous ne pouvions nous empêcher, après la prédication, de passer devant le bâtiment pour nous extasier. Il était hors de question de rentrer chez nous sans avoir d’abord vu notre Salle du Royaume. ”

NOUS NE PASSONS PAS INAPERÇUS

La population remarque souvent les efforts que nous faisons pour avoir des lieux de culte convenables. La congrégation d’Umlazi, dans le Kwazulu-Natal, a reçu une lettre qui déclarait entre autres : “ L’Association pour préserver la beauté de Durban apprécie les efforts que vous faites pour maintenir la propreté de votre salle et nous vous encourageons dans cette voie. Grâce à votre diligence, ce lieu est magnifique. Notre association s’évertue à lutter contre les ordures et à garder notre environnement net. Nous pensons que la propreté favorise une bonne santé. Voilà pourquoi nous désirons féliciter nos citoyens qui veillent à la propreté. Merci du bon exemple que vous donnez. Nous sommes avec vous dans tout ce que vous faites pour qu’Umlazi reste propre. ”

Une congrégation a écrit quant à elle : “ Un jour, un cambrioleur bien connu a tenté de pénétrer dans notre nouvelle Salle du Royaume. Mais les gens du quartier s’en sont pris à lui. Ils ont dit qu’il vandalisait ‘ leur église ’, étant donné qu’il s’agissait du seul édifice religieux des environs. Ils l’ont frappé, puis l’ont livré à la police. ”

UN VASTE PROGRAMME DE CONSTRUCTION EN AFRIQUE

En 1999, l’organisation de Jéhovah a mis en œuvre un programme de construction de Salles du Royaume dans les pays aux ressources limitées. Pour organiser ce travail dans plusieurs pays africains, un bureau régional pour la construction de Salles du Royaume a été mis en place à la filiale d’Afrique du Sud. Un représentant de ce bureau a été envoyé dans chacune des filiales africaines concernées afin d’aider les frères à créer un Bureau pour la construction de Salles du Royaume. Ce bureau est chargé d’acheter les terrains et d’organiser les équipes de construction. Des serviteurs internationaux ont aussi été envoyés dans ces pays pour aider et former les frères locaux.

Le bureau régional d’Afrique du Sud a mis en place en Afrique 25 Bureaux pour la construction de Salles du Royaume, qui s’occupent de la construction de salles dans 37 pays. Depuis novembre 1999, 7 207 Salles du Royaume ont été construites grâce à ce programme. En 2006, on a estimé qu’il en fallait encore 3 305 !

LES CHANGEMENTS POLITIQUES ET LEURS CONSÉQUENCES

Le mécontentement général suscité par la politique raciale du gouvernement ne cessait de grandir ; il se manifestait par des troubles et de la violence. Certains Témoins de Jéhovah en ont subi les conséquences directes. Les quartiers noirs étaient le théâtre de combats acharnés qui faisaient de nombreuses victimes. Dans l’ensemble cependant, les frères se montraient prudents et continuaient de servir Jéhovah fidèlement, en dépit des difficultés. Une nuit, par exemple, une bombe a été lancée sur la maison d’une famille chrétienne, qui était en train de dormir. Tous ses membres ont réussi à s’échapper. Plus tard, le frère a écrit ceci à la filiale : “ Ma famille et moi avons désormais une foi plus forte. Nous avons tout perdu, c’est vrai, mais nous nous sommes rapprochés de Jéhovah et de son peuple. Les frères nous ont aidés sur le plan matériel. Nous attendons avec impatience la fin de ce système de choses et nous remercions Jéhovah pour le paradis spirituel auquel nous goûtons. ”

Le 10 mai 1994, Nelson Mandela a été élu président. C’était le premier président de race noire. C’était aussi le premier président à avoir été élu démocratiquement. C’était par ailleurs la première fois que les Noirs avaient le droit de voter. Un vent de nationalisme et d’euphorie soufflait avec force. De ce fait, nos frères ont été confrontés à des épreuves d’un autre genre.

Malheureusement, certains ont transigé avec la neutralité chrétienne. Plusieurs ont accepté des emplois qui les amenaient à promouvoir le système électoral et à encourager le vote. D’autres ont accepté de travailler dans des bureaux de vote ou sont allés voter. La plupart des Témoins, cependant, sont restés neutres. Beaucoup de ceux qui ont transigé avec leur neutralité chrétienne ont par la suite reconnu leur erreur. Ils ont bien réagi aux conseils bibliques et se sont sincèrement repentis.

LA CROISSANCE... DANS LES CŒURS

Les nombreuses Salles du Royaume qui naissent un peu partout sont assurément une preuve de la bénédiction de Jéhovah. Mais c’est dans les cœurs qu’a lieu une croissance miraculeuse (2 Cor. 3:3). La vérité attire des personnes dont le vécu est totalement différent. Témoin ces deux exemples.

Ralson Mulaudzi a été incarcéré pour meurtre en 1986. Il a été condamné à mort. Dans l’une de nos brochures, il a trouvé l’adresse de la filiale. Il a donc écrit une lettre dans laquelle il demandait de l’aide pour comprendre la Bible. Les Lee, un pionnier spécial, a été autorisé à lui rendre visite. Une étude biblique a été commencée. Ralson n’a pas tardé à parler de ce qu’il apprenait aux autres prisonniers et aux gardiens. Il s’est fait baptiser en prison en avril 1990. Ralson reçoit régulièrement la visite des membres de la congrégation locale. Il a le droit de sortir de sa cellule une heure par jour, temps qu’il met à profit pour prêcher aux autres détenus. Il a déjà amené trois personnes au baptême et dirige actuellement deux études bibliques. Sa peine de mort a été commuée en celle de prison à vie, avec possibilité de mise en liberté conditionnelle.

D’autres personnes attirées vers Jéhovah sont issues d’un milieu tout à fait différent. Queenie Roussouw s’intéressait à la vérité. Un jour qu’elle assistait à l’étude de livre, elle a demandé au surveillant s’il pouvait rendre visite à son fils de 18 ans, qui se préparait à enseigner le catéchisme. Le frère a eu une bonne discussion avec ce jeune homme, qui s’est mis à assister aux réunions avec sa mère. Cette femme a ensuite demandé au frère de rendre visite à son mari, Jannie, ancien de l’Église réformée hollandaise et président du Conseil de l’Église, car il avait des questions à poser. Le frère s’est donc entretenu avec cet homme, qui a accepté lui aussi d’étudier la Bible.

Comme l’assemblée de district allait avoir lieu cette semaine-​là, le frère a invité Queenie. À sa grande surprise, Jannie est venu lui aussi, et il est resté les quatre jours. Le programme de l’assemblée et l’amour manifesté par les Témoins l’ont fortement impressionné. Le fils de 18 ans et le fils aîné, qui était diacre dans son Église, se sont mis à assister à l’étude biblique.

Tous ont quitté leur Église et ont commencé aussitôt à assister aux réunions. Un jour, ils sont même venus à une réunion pour la prédication. Le frère a expliqué à Jannie qu’il ne pouvait pas prêcher, car il ne remplissait pas encore les conditions pour être un proclamateur non baptisé. En pleurant, l’homme a déclaré que la vérité était ce qu’il cherchait depuis toujours et qu’il ne pouvait donc pas la garder plus longtemps pour lui.

Mais les Roussouw avaient un autre fils de 22 ans qui, depuis trois ans, étudiait la théologie. Jannie lui a écrit pour lui demander de passer le voir. Il voulait lui annoncer qu’il ne financerait plus ses études. Ce fils est effectivement revenu. Trois jours plus tard, Jannie et trois de ses fils — dont celui qui était revenu — se sont joints à la congrégation pour travailler une journée au Béthel de Krugersdorp. Impressionné par ce qu’il a vu, le fils de 22 ans a accepté d’étudier la Bible avec ses frères. Quelque temps après, il a déclaré qu’en un mois il en avait appris davantage sur la Bible qu’en deux ans et demi à l’université.

Toute la famille a fini par se faire baptiser. Le père est à présent ancien, et certains de ses fils sont anciens ou assistants ministériels. Une des deux filles est pionnière permanente.

“ ALLONGE TES CORDES ”

Malgré toutes les dispositions qui avaient été prises en vue de l’accroissement, il a fallu agrandir le Béthel de Krugersdorp, 12 années seulement après son inauguration (Is. 54:2). Au cours de cette période, le nombre de proclamateurs en Afrique du Sud et dans les pays supervisés par la filiale avait augmenté de 62 %. On a donc construit un entrepôt et trois autres bâtiments d’habitation, agrandi la lingerie et le bâtiment administratif, et aménagé une autre salle à manger. Le 23 octobre 1999, tous ces nouveaux locaux ont été dédiés à Jéhovah. Daniel Sydlik, membre du Collège central, a prononcé le discours d’inauguration.

Plus récemment, l’imprimerie a été agrandie de 8 000 mètres carrés. On y a installé une nouvelle rotative MAN Roland Lithoman. La filiale s’est également équipée de machines pour massicoter, compter et empiler les périodiques. En outre, la filiale d’Allemagne a fourni une chaîne de reliure qui permet à la filiale d’Afrique du Sud de produire des livres et des bibles à couverture souple pour toute l’Afrique subsaharienne.

DES LIEUX CONVENABLES POUR LES ASSEMBLÉES

Le besoin en Salles d’assemblées se faisant sentir, de nombreux projets ont été lancés. La première Salle d’assemblées a été construite à Eikenhof, au sud de Johannesburg. Elle a été inaugurée en 1982. Une autre a vu le jour à Bellville, au Cap. C’est Milton Henschel qui a prononcé le discours d’inauguration en 1996. En 2001, une autre salle a été bâtie à Midrand, entre Pretoria et Johannesburg.

Au début, les gens du quartier se sont opposés au projet de construction de Midrand. Mais, lorsqu’ils ont appris à connaître les frères et qu’ils ont vu ce qu’ils faisaient, ils ont changé d’opinion. Pendant plus d’un an, un voisin a offert tous les quinze jours aux volontaires des cagettes de fruits et de légumes. Certaines entreprises ont fait des dons. L’une d’elles a donné du compost pour les jardins. Une autre a remis un chèque de 10 000 rands (environ 1 200 euros). Bien entendu, les frères aussi se sont montrés généreux.

Cette Salle d’assemblées est un bâtiment magnifique et fonctionnel. Lors du discours d’inauguration, Guy Pierce, membre du Collège central, a souligné que la véritable beauté de la salle réside dans le fait qu’elle sert à honorer notre Grand Dieu, Jéhovah. — 1 Rois 8:27.

LES LOIS HUMAINES NE LES SÉPARENT PAS

Pendant des années, il a été difficile, dans les secteurs réservés aux Noirs, de trouver des lieux d’assemblées convenables. Dans la province du Limpopo, les frères vivaient dans ce qu’on appelait une réserve. Son accès étant interdit aux Blancs, Corrie Seegers, surveillant de district, n’a pas obtenu la permission d’y pénétrer et n’a donc pas trouvé un lieu où organiser une assemblée.

Il est donc allé voir un homme dont la ferme se trouvait juste à côté de la réserve. Mais l’homme a refusé que l’assemblée ait lieu sur ses terres. Par contre, il a autorisé frère Seegers à y installer sa caravane. Pour finir, les frères ont pu tenir leur assemblée dans la réserve. Ils se sont réunis dans une clairière attenante au champ du fermier. Des fils barbelés séparaient les deux terrains. Frère Seegers avait quant à lui installé sa caravane juste à côté de la clairière. De là, il donnait ses discours. Les frères étaient séparés du “ podium ” par les fils barbelés, mais ils pouvaient suivre le programme. Frère Seegers a ainsi pu s’adresser aux frères sans enfreindre la loi.

UN CHANGEMENT POSITIF POUR LA PRÉDICATION

Le Collège central a décidé qu’à partir de l’an 2000 toutes les congrégations d’Afrique du Sud bénéficieraient de cette nouvelle disposition : les publications pourraient être remises à toutes les personnes désireuses de les lire, sans qu’on demande de paiement en contrepartie. Les proclamateurs inviteraient simplement les personnes à faire une petite offrande en faveur de notre œuvre mondiale d’évangélisation.

Ce système d’offrandes volontaires a été profitable non seulement aux gens du territoire, mais aussi aux frères. Auparavant, beaucoup de nos frères n’avaient pas les moyens de se payer les publications utilisées dans le cadre de l’étude de La Tour de Garde ou de l’étude de livre. Dans certaines congrégations, seulement 10 % des proclamateurs possédaient leur propre exemplaire de La Tour de Garde. Aujourd’hui, tous les proclamateurs en ont un.

Depuis ces dernières années, l’activité du service des exportations au Béthel s’est intensifiée. En mai 2002, 432 tonnes de matériel, majoritairement des publications bibliques, ont été envoyées à d’autres pays africains.

La filiale d’Afrique du Sud stocke désormais les publications destinées aux filiales du Malawi, du Mozambique, de la Zambie et du Zimbabwe. Cela comprend toutes les publications imprimées dans les diverses langues parlées dans ces pays. Les commandes de chaque congrégation sont chargées dans les camions selon un ordre précis. Lorsqu’elles sont livrées aux différentes filiales, il n’y a plus qu’à les transférer dans d’autres camions, qui desserviront à leur tour les divers dépôts des pays en question.

Depuis la mise en place du système d’offrandes volontaires, la demande en publications a considérablement augmenté. En Afrique du Sud, la production de périodiques est passée de 1 million à 4,4 millions par mois. Les commandes de publications représentent aujourd’hui 3 800 tonnes par an contre 200 en 1999.

La filiale d’Afrique du Sud envoie également des matériaux de construction à d’autres pays africains. Elle expédie aussi des produits de première nécessité aux frères qui sont dans le besoin. Les frères du Malawi, par exemple, ont régulièrement reçu de l’aide lorsqu’ils ont dû fuir leur domicile et s’installer dans des camps, à cause de persécutions intenses. Des secours ont également été acheminés en Angola quand, en 1990, une terrible sécheresse a ravagé le pays. En outre, la guerre civile qui a éclaté dans ce pays a plongé beaucoup de frères dans la pauvreté. Des cargaisons de nourriture et de vêtements leur ont été envoyées. En 2000, de l’aide a été apportée aux frères du Mozambique lors d’inondations désastreuses. Au cours de l’année 2002 et au début de l’année 2003, plus de 800 tonnes de maïs ont été envoyées aux frères du Zimbabwe qui étaient victimes d’une grave sécheresse.

DES PROGRÈS DANS LE DOMAINE DE LA TRADUCTION

Actuellement, la filiale d’Afrique du Sud a un important service de la traduction. Il y a quelques années, ce service a pris de l’extension : il était de plus en plus urgent de traduire la Bible dans les langues locales. Aujourd’hui, il se compose de 102 traducteurs qui participent à la production de publications en 13 langues.

Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau sont aujourd’hui disponibles en sept langues locales. Au sujet de l’édition en tswana, un frère a déclaré : “ Elle est compréhensible, agréable à lire et à écouter. Je voudrais remercier Jéhovah et l’organisation qu’il dirige par son esprit saint pour la façon dont nous sommes nourris spirituellement. ”

La technologie moderne a grandement facilité le travail des traducteurs. Alors que des frères de la filiale d’Afrique du Sud tentaient de mettre au point un programme informatique pour aider les traducteurs. Le Collège central a chargé des frères du siège mondial, à Brooklyn, de mettre au point un programme informatique pour aider les traducteurs. Par la suite, la filiale d’Afrique du Sud a été sollicitée pour apporter son aide dans ce domaine. Les efforts conjugués ont permis de créer ce qu’on appelle le Watchtower Translation System. Les traducteurs du monde entier en font bon usage.

Les frères n’ont pas essayé de créer un programme informatique capable de traduire, comme essaient de le faire certaines entreprises, sans grand succès d’ailleurs. Ils ont plutôt cherché à fournir des outils aux traducteurs. Ils ont par exemple mis la Bible sous format électronique. Les traducteurs peuvent également élaborer leurs propres dictionnaires. Ceux-ci sont une aide précieuse car, dans certaines langues locales, il n’existe pas de bons dictionnaires.

LA PRÉDICATION AUX MALENTENDANTS

Les proclamateurs du message du Royaume s’efforcent de parler à tout le monde. Communiquer avec des malentendants est un véritable défi, mais les résultats en valent la peine ! Dans les années 60, June Carikas a commencé une étude biblique avec une dame sourde. Cette femme et son mari, sourd lui aussi, ont progressé au point de se faire baptiser.

Depuis cette époque, un grand nombre de malentendants ont accepté la vérité. Des groupes en langue des signes ont été formés à travers tout le pays. Les frères se sont habitués à avoir une section en langue des signes lors des assemblées de district. Ils sont touchés de voir les frères et sœurs “ chanter ” les cantiques en langue des signes et “ applaudir ” en agitant les mains.

Le premier groupe en langue des signes a été formé dans la congrégation de Brixton, à Johannesburg, sous la supervision du mari de June, George, qui est ancien. Les frères et sœurs de la congrégation qui désiraient apprendre la langue — y compris des Béthélites — ont reçu une formation. Aujourd’hui, dans les territoires dont s’occupe la filiale d’Afrique du Sud, on compte une congrégation et cinq groupes en langue des signes.

LE FRUIT DU ROYAUME DANS D’AUTRES PAYS

La filiale d’Afrique du Sud supervise l’œuvre d’évangélisation dans cinq autres pays. Voici un bref aperçu des progrès de l’œuvre dans ces pays.

Namibie

Ce pays s’étend de l’océan Atlantique à la frontière ouest du Botswana. Après la Première Guerre mondiale, il a été placé sous mandat sud-africain par la Société des Nations. Finalement, en 1990, après maints combats et effusions de sang, il a obtenu son indépendance. La Namibie est en grande partie aride et peu peuplée. On y trouve cependant des paysages grandioses, une faune abondante et une végétation hors du commun. Le désert du Namib attire de nombreux touristes, qui sont généralement surpris qu’une faune d’une telle variété puisse vivre dans un milieu aussi hostile. Aux paysages spectaculaires s’ajoute une population colorée, qui parle neuf langues nationales.

Le message du Royaume a été communiqué en Namibie pour la première fois en 1928. Cette année-​là, la filiale d’Afrique du Sud a envoyé un grand nombre de publications bibliques aux habitants qui ne pouvaient pas être personnellement contactés. C’est aussi à cette époque que Bernhard Baade est devenu Témoin de Jéhovah. Il était le premier Namibien à découvrir la vérité, d’une façon plutôt insolite d’ailleurs. Un jour, il a acheté des œufs qui étaient enveloppés dans des feuilles de l’une de nos publications. Il a lu ces pages avec empressement, sans connaître leur provenance. L’un des œufs était emballé dans la dernière page de la publication, où figurait l’adresse de la filiale d’Allemagne. Bernhard a écrit à la filiale pour recevoir d’autres publications. Un surveillant de circonscription qui a par la suite visité la congrégation de Bernhard a remarqué que ce frère, de son vivant, n’avait jamais laissé passer un seul mois sans prêcher.

En 1929, Lenie Theron a été envoyée à Windhoek, la capitale. Cette sœur pionnière a prêché dans toutes les grandes villes du pays. Elle circulait en train ou à bord des charrettes postales. En quatre mois, elle a laissé 6 388 livres et brochures en afrikaans, en allemand et en anglais. Des pionniers venaient de temps à autre prêcher dans le pays, mais personne ne restait pour suivre l’intérêt. Néanmoins, cela a changé en 1950, lorsque des missionnaires sont arrivés. Parmi eux figuraient Gus Eriksson, Fred Hayhurst et George Koett. Tous ont accompli leur service avec fidélité, jusqu’à leur mort.

En 1953, le pays comptait huit missionnaires, dont Dick Waldron et sa femme, Coralie *. Ils ont subi l’opposition virulente du clergé de la chrétienté ainsi que celle des autorités locales. Ils étaient désireux de répandre le message de la Bible aux populations indigènes, mais pour cela ils devaient obtenir auprès du gouvernement l’autorisation d’entrer dans les zones réservées aux Noirs. Toutes leurs demandes se sont heurtées à un refus.

Après la naissance de leur fille en 1955, les Waldron ont dû abandonner le service missionnaire. Dick a poursuivi le service de pionnier pendant quelque temps. Puis, en 1960, il a enfin reçu la permission d’entrer dans la ville noire de Katutura. “ La vérité y suscitait un intérêt extraordinaire ”, se souvient-​il. En peu de temps, plusieurs habitants de cette ville se sont mis à assister aux réunions. Aujourd’hui, une cinquantaine d’années plus tard, Dick et Coralie servent toujours fidèlement en Namibie. Ils ont largement contribué à l’avancement des intérêts du Royaume dans ce pays.

Il n’a pas été facile de communiquer la vérité biblique aux différentes ethnies du pays. Il n’existait aucune publication dans les langues locales, comme le herero, le kwangali ou le ndonga. Au début, les indigènes instruits qui étudiaient la Bible ont traduit quelques tracts et quelques brochures sous la supervision des Témoins locaux. Esther Bornman, alors pionnière spéciale, s’est mise à apprendre le kwanyama. Avec le temps, elle est parvenue à parler cette langue ainsi qu’une autre. C’est elle et Aina Nekwaya, une sœur qui parlait le ndonga, qui traduisaient La Tour de Garde, une partie des articles étant publiée en kwanyama et une autre en ndonga. Ces deux langues sont parlées dans l’Ovamboland et sont comprises par la plupart des gens.

En 1990, un bureau de traduction bien équipé a été créé à Windhoek. Au fur et à mesure, les traducteurs sont devenus plus nombreux, si bien qu’actuellement, en plus des langues citées précédemment, les publications sont traduites en herero, en kwangali, en khoekhoegowab et en mbukushu. André Bornman et Stephen Jansen sont responsables de ce bureau.

La Namibie est un gros producteur de diamants. La Tour de Garde du 15 juillet 1999 y faisait allusion dans l’article “ Des pierres précieuses vivent en Namibie ! ” Cet article comparait les personnes au cœur sincère à des “ pierres précieuses vivantes ” et expliquait que, même si la bonne nouvelle avait été prêchée abondamment dans ce pays, il restait des régions où le témoignage avait à peine été donné. L’invitation suivante était donc lancée : “ Votre situation vous permet-​elle de servir Jéhovah là où on a grand besoin de proclamateurs zélés du Royaume ? Si oui, passez en Namibie et aidez-​nous à chercher et à polir des pierres précieuses spirituelles ! ”

Cette invitation a suscité un enthousiasme qui fait chaud au cœur. La filiale a reçu 130 demandes de renseignements de la part de frères et sœurs vivant dans divers pays, dont l’Australie, l’Allemagne, le Japon et certains pays d’Amérique du Sud. Au bout du compte, 83 Témoins ont fait le voyage jusqu’en Namibie. Dix-huit d’entre eux s’y sont installés. Seize sont pionniers permanents, et certains se sont qualifiés pour devenir pionniers spéciaux. L’état d’esprit de ces frères et sœurs volontaires a été contagieux. Aujourd’hui encore, la filiale reçoit des lettres dans lesquelles des frères demandent des renseignements au sujet de l’invitation lancée dans La Tour de Garde. William et Ellen Heindel sont missionnaires dans le nord du pays, depuis 1989. Ils ont dû apprendre le ndonga, langue parlée par les Ovambos, qui vivent dans cette région. Leur endurance et leur dur labeur dans ce territoire des plus inhabituels leur valent de belles récompenses. William explique : “ Nous voyons des petits garçons, dont certains à qui nous avons fait l’étude, devenir des hommes spirituels. Certains sont anciens ou assistants ministériels dans la congrégation. Quelle fierté pour nous lorsque nous les entendons prononcer des discours aux assemblées de circonscription ou de district ! ”

Ces dernières années, plusieurs diplômés de l’École de formation ministérielle ont été envoyés en Namibie. Ils accomplissent un excellent travail pour ce qui est de suivre l’intérêt manifesté et d’aider les congrégations. En mai 2004, il y avait 1 233 proclamateurs, soit un accroissement de 8 % par rapport à l’année précédente.

Lesotho

Ce petit pays de 2,4 millions d’habitants est enclavé dans l’Afrique du Sud. Il se situe dans le massif du Drakensberg, qui offre aux bons marcheurs des panoramas magnifiques.

La tranquillité habituelle de ce pays ne lui a pourtant pas épargné une période de troubles politiques. En 1998, à Maseru, la capitale, des différends à propos d’une élection ont provoqué des conflits entre l’armée et la police. Veijo Kuismin et sa femme, Sirpa, y étaient alors missionnaires. “ Heureusement, se souvient Veijo, peu de nos frères ont été blessés durant ces conflits. Nous avons organisé des secours pour fournir nourriture et combustible à ceux qui en manquaient. L’unité de la congrégation a été affermie et l’assistance aux réunions a augmenté à travers tout le pays. ”

Le Lesotho vit principalement de l’agriculture. En raison d’une piètre situation économique, beaucoup d’hommes émigrent en Afrique du Sud pour travailler dans les mines. Il existe cependant au Lesotho de précieuses richesses spirituelles. Un grand nombre de personnes acceptent la vérité biblique. En 2006, on a enregistré 3 101 proclamateurs du Royaume, soit 2 % d’accroissement par rapport à l’année précédente. Trois couples de missionnaires — les Hüttinger, les Nygren et les Paris — servent actuellement à Maseru.

Abel Modiba a été surveillant de circonscription au Lesotho entre 1974 et 1978. Il sert aujourd’hui au Béthel d’Afrique du Sud avec sa femme, Rebecca. Avec son calme légendaire, il nous livre ses impressions sur le Lesotho : “ Il n’y avait pas de routes dans la plupart des campagnes. Je marchais parfois pendant sept heures pour rejoindre un groupe de proclamateurs isolés. Souvent, les frères venaient à ma rencontre avec deux chevaux : un pour moi et un pour mes bagages. Nous transportions même parfois un projecteur de diapositives et une batterie de 12 volts. Lorsqu’un cours d’eau était en crue, nous attendions quelques jours que le niveau des eaux diminue. Dans certains villages, le chef invitait tous les habitants à assister au discours public.

“ Des frères et sœurs devaient marcher de nombreuses heures pour assister aux réunions. Voilà pourquoi, durant la semaine de la visite du surveillant de circonscription, ceux qui venaient de loin avaient l’habitude de rester chez les proclamateurs habitant à côté de la Salle du Royaume. Il s’agissait ainsi d’une semaine vraiment spéciale. Le soir, ils se retrouvaient pour se raconter des anecdotes et chanter des mélodies du Royaume. Le lendemain, tout le monde allait prêcher. ”

Per-Ola et Birgitta Nygren sont missionnaires à Maseru, depuis 1993. Voici un fait qui illustre bien toute la valeur des périodiques. Birgitta raconte : “ En 1997, j’ai commencé à étudier avec Mapalesa. Cette femme s’est mise à assister aux réunions, mais elle n’était pas régulière dans l’étude. Souvent, elle se cachait quand elle nous voyait arriver. J’ai donc arrêté d’étudier avec elle, mais j’ai continué de lui apporter les périodiques. Des années plus tard, elle est revenue à l’une de nos réunions. Elle a expliqué qu’un jour elle a lu un article de La Tour de Garde sur le fait de maîtriser sa colère. Elle y a perçu la réponse de Jéhovah à son problème, car elle n’arrêtait pas de se disputer avec les membres de sa famille. L’étude a repris et, depuis, Mapalesa ne manque aucune réunion. Elle a même commencé à participer activement à la prédication. ”

Pendant de nombreuses années, les frères du Lesotho se sont réunis dans des abris de fortune. Mais depuis ces dernières années, la filiale d’Afrique du Sud aide les congrégations de ce pays à financer la construction de Salles du Royaume.

Perchée à 3 000 mètres environ, la Salle du Royaume de Mokhotlong reste sans rivale en Afrique pour ce qui est de son altitude. Lors de sa construction, des volontaires sont venus d’aussi loin que l’Australie et la Californie (États-Unis). Des frères de la province du Kwazulu-Natal, en Afrique du Sud, ont offert de l’argent et fourni des véhicules pour transporter les matériaux de construction jusqu’au site. Les conditions de vie sur le chantier n’étaient pas idéales ; les volontaires devaient apporter le nécessaire pour dormir et cuisiner. La salle a été construite en dix jours. Un frère âgé, né en 1910, s’est rendu sur le chantier tous les jours pour constater l’avancement des travaux. Il attendait la construction d’une Salle du Royaume depuis qu’il était devenu un serviteur de Jéhovah, dans les années 20. Il était ravi de voir ‘ sa ’ Salle du Royaume se bâtir.

En 2002, le Lesotho a été touché par la famine. Des camions ont acheminé de la farine de maïs et d’autres produits de première nécessité aux Témoins habitant les zones sinistrées. Voici ce que déclarait une lettre pleine de gratitude : “ Lorsque les frères sont venus chez moi m’apporter de la farine de maïs, j’ai été très surprise. Comment avaient-​ils su que c’était précisément ce dont j’avais besoin ? J’ai remercié Jéhovah pour cette aide que je n’aurais jamais pensé recevoir. Cela a renforcé ma foi en Jéhovah Dieu et en son organisation. Je suis déterminée à le servir de tout mon cœur. ”

Botswana

Ce pays abrite en grande partie le désert du Kalahari et compte plus de 1,7 million d’habitants. Le climat est en règle générale chaud et sec. Parcs et réserves naturelles en grand nombre attirent les touristes. Le magnifique delta de l’Okavango est réputé pour le calme qu’il a su conserver ainsi que pour sa faune abondante. Le moyen de transport traditionnel utilisé sur les voies fluviales du delta est le mokoro, une pirogue fabriquée à base de bois local. Le Botswana est prospère sur le plan économique, en grande partie grâce à l’exploitation minière de diamants. Depuis la découverte de ces pierres précieuses dans le désert du Kalahari en 1967, le Botswana est devenu l’un des premiers exportateurs mondiaux de diamants.

Il semble que le message du Royaume de Dieu ait commencé à être diffusé au Botswana en 1929, par un frère venu y séjourner quelques mois. Puis, en 1956, Joshua Thongoana y a été nommé surveillant de circonscription *. Il se rappelle qu’à l’époque les écrits publiés par les Témoins de Jéhovah étaient interdits.

Les missionnaires enthousiastes qui se dépensent dans ce territoire productif obtiennent de bons résultats. Blake et Gwen Frisbee, ainsi que Tim et Virginia Crouch, ne ménagent pas leurs efforts pour apprendre le tswana. Dans le nord du pays, Veijo et Sirpa Kuismin sont heureux d’aider la population sur le plan spirituel.

Dans le sud, Hugh et Carol Cormican font preuve d’un ardent esprit missionnaire. “ Dans notre congrégation, explique Hugh, il y a un jeune frère de 12 ans, Eddie. Tout petit, il voulait déjà apprendre à lire afin de pouvoir s’inscrire à l’École du ministère théocratique et participer à la prédication. Devenu proclamateur non baptisé, il s’est mis à prêcher très régulièrement. Il a même entamé une étude de la Bible avec l’un de ses camarades de classe. Depuis son baptême, Eddie entreprend souvent le service de pionnier auxiliaire. ”

Nombre de congrégations du Botswana se trouvent au cœur (ou dans la périphérie) de Gaborone, capitale florissante située près de la frontière est. Cette région est très peuplée. Le reste de la population vit dans les villages de l’ouest ou bien dans le désert du Kalahari. Quelques Bochimans y habitent encore, vivant de leurs terres et de la chasse à l’arc. Les proclamateurs fournissent de gros efforts lors des campagnes de prédication dans des territoires isolés. Ils parcourent parfois des milliers de kilomètres pour faire découvrir les vérités bibliques aux éleveurs nomades. Ces gens sont généralement occupés à planter, à construire des abris avec les matériaux locaux et à chercher du bois. Il leur reste peu de temps pour d’autres activités. Toutefois, lorsqu’un inconnu arrive avec un message biblique réconfortant, ils acceptent volontiers de se réunir en plein air sur le doux sable du désert.

Stephen Robbins, qui fait partie d’un groupe de six pionniers spéciaux temporaires, déclare : “ Ici, les gens sont de vrais pigeons voyageurs. Ils traversent les frontières comme nous traversons les rues. Un jour que nous étions à bord d’un ferry pour traverser l’Okavango, nous avons rencontré l’un de nos étudiants de la Bible, Marks. Nous avons été ravis d’apprendre qu’il avait pris des jours de congé pour voyager et parler des vérités bibliques à ses amis et à ses proches. Marks consacre tout son temps libre à l’œuvre d’évangélisation. ”

La prédication porte du fruit au Botswana. En 2006, on a enregistré 1 497 proclamateurs, soit un accroissement de 6 % par rapport à l’année précédente.

Swaziland

Ce petit royaume est peuplé d’environ 1,1 million d’habitants. Il s’agit essentiellement d’un pays agricole. Toutefois, beaucoup d’hommes vont chercher du travail en Afrique du Sud. Le Swaziland, avec ses paysages magnifiques, possède plusieurs réserves naturelles. Ses habitants sont chaleureux ; ils suivent encore bon nombre de leurs traditions.

Le roi Sobhuza II réservait un bon accueil aux Témoins de Jéhovah. Il possédait quantité de nos écrits. Chaque année, il invitait des membres du clergé dans sa résidence royale pour parler de la Bible, mais il conviait aussi un Témoin de Jéhovah. En 1956, le frère qui était invité a parlé de la doctrine de l’immortalité de l’âme ainsi que de l’usage des titres honorifiques parmi les ecclésiastiques. Après quoi, le roi a demandé aux chefs religieux si ce qui avait été dit était vrai. Aucun n’a pu réfuter les explications du frère.

Nos frères du Swaziland ont dû prendre fermement position contre une coutume liée au deuil et basée sur le culte des ancêtres. Dans certaines régions, des chefs de tribu chassaient les Témoins de Jéhovah de chez eux parce qu’ils refusaient d’observer les coutumes traditionnelles liées au deuil. Mais ces chrétiens étaient toujours recueillis par leurs frères spirituels des alentours. Saisie de ce dossier, la Cour suprême du Swaziland a rendu un jugement favorable aux Témoins de Jéhovah. Elle a déclaré qu’ils pouvaient retourner chez eux et récupérer leurs terres.

James et Dawne Hockett, respectivement diplômés de Guiléad en 1971 et en 1970, sont missionnaires à Mbabane, la capitale. Pour montrer à quel point les missionnaires doivent s’adapter à différentes coutumes, James cite cet exemple : “ Un jour que nous prêchions dans un territoire non attribué, un chef de village m’a demandé de prononcer un discours public. Il a rassemblé tous les habitants. Nous nous sommes réunis sur un site en construction où se trouvaient des parpaings un peu partout. Comme le sol était humide, je me suis assis sur l’un d’eux et Dawne s’est assise à côté de moi. Une sœur swazi s’est alors approchée de Dawne et lui a demandé de venir s’asseoir à côté d’elle. Dawne a répondu qu’elle était bien là où elle était, mais la sœur a insisté. Plus tard, on nous a expliqué que, comme certains hommes étaient assis par terre, les femmes ne pouvaient être assises plus haut ! Telle est la coutume dans les régions rurales. ”

Une autre fois, James et Dawne se sont rendus dans une école afin de parler à une enseignante qui avait manifesté de l’intérêt. Cette femme a envoyé un élève leur dire que ce n’était pas le moment. James et Dawne ont donc décidé de parler au jeune garçon, Patrick, et lui ont demandé s’il connaissait la raison de leur visite. Après une conversation agréable, ils lui ont remis le livre Les jeunes s’interrogent — Réponses pratiques. Une étude biblique a commencé. Patrick était orphelin et vivait dans une pièce attenante à la maison de son oncle. Il devait se prendre en charge, se préparer à manger et travailler à mi-temps pour payer sa scolarité. Après avoir bien progressé, il s’est fait baptiser. Il est à présent ancien dans sa congrégation.

Depuis le début de l’œuvre au Swaziland, dans les années 30, on a enregistré des résultats encourageants. En mai 2006, par exemple, 2 292 proclamateurs ont répandu activement la bonne nouvelle du Royaume de Dieu et ont dirigé 2 911 études bibliques.

Sainte-Hélène

Cette petite île de 17 kilomètres de long sur 10 kilomètres de large se situe à l’ouest de la côte sud-ouest de l’Afrique. Son climat est généralement doux et agréable. Ses quelque 4 000 habitants sont d’origine européenne, asiatique ou africaine. On y parle l’anglais avec un accent caractéristique. Il n’y a pas d’aéroport ; seule une ligne maritime assure l’accès vers l’Afrique du Sud et l’Angleterre. L’île ne capte la télévision que depuis le milieu des années 90, grâce à une liaison par satellite.

La bonne nouvelle du Royaume de Dieu a atteint les rivages de Sainte-Hélène pour la première fois au début des années 30, lorsque deux pionniers y ont séjourné durant une brève période. Ils ont laissé des publications à Tom Scipio, policier et diacre dans l’Église baptiste. Tom s’est mis à parler de ce qu’il apprenait. En chaire, il enseignait qu’il n’existait ni Trinité, ni enfer de feu, ni âme immortelle. Lui et quelques personnes qui tenaient à défendre la vérité biblique ont été expulsés de leur Église. Bientôt, Tom et quelques autres ont commencé à prêcher avec trois phonographes. Ils ont sillonné l’île à pied ou à dos d’âne. Tom a également su implanter la vérité dans le cœur des membres de sa famille, dont ses six enfants.

En 1951, Jacobus van Staden a été envoyé d’Afrique du Sud pour encourager le groupe qui se trouvait sur l’île. Il a aidé ces Témoins fidèles à être plus efficaces dans le ministère et à organiser régulièrement des réunions. George Scipio *, l’un des fils de Tom, explique l’une des difficultés qu’ils rencontraient pour que tout le monde puisse aller aux réunions : “ Parmi toutes les personnes qui souhaitaient venir aux réunions, deux seulement possédaient un véhicule. Le terrain était accidenté et vallonné ; il y avait très peu de routes à l’époque [...]. Certains partaient à pied très tôt le matin. Moi, je prenais trois personnes dans ma petite voiture, je les déposais plus loin et elles poursuivaient leur chemin à pied. Je faisais demi-tour, je reprenais trois autres personnes, je les déposais, je repartais, et ainsi de suite. Grâce à ce moyen, tout le monde était présent aux réunions. ” Plus tard, bien que marié et père de quatre enfants, George a été pionnier permanent pendant 14 ans. Trois de ses fils sont anciens.

Jannie Muller, surveillant de circonscription, ainsi que sa femme, Anelise, se sont rendus sur l’île dans les années 90. “ Si vous accompagnez un proclamateur en prédication, dit Jannie, il vous dira qui habite la maison suivante et comment il réagira au message. Lorsque nous avons distribué les Nouvelles du Royaume intitulées “ Les hommes apprendront-​ils un jour à aimer leur prochain ? ” l’île a été couverte en un jour, de 8 heures 30 à 15 heures. ”

Jannie a été particulièrement marqué par leurs arrivées sur l’île et par leurs départs. Il raconte : “ Quand le bateau accostait, la plupart des frères étaient sur le quai pour nous accueillir. Ils parlaient du jour de notre départ comme d’un jour de larmes. Et c’était vrai. Les larmes coulaient alors qu’ils étaient tous réunis sur le quai, agitant la main pour nous dire au revoir. ”

En 2006, dans l’île de Sainte-Hélène, 125 proclamateurs ont prêché la vérité biblique, et 239 personnes ont assisté au Mémorial. La proportion de proclamateurs sur l’île par rapport à la population est de 1 pour 30, la plus importante du monde.

L’AVENIR

Dans un pays marqué par les dissensions raciales, les Témoins de Jéhovah, issus de toutes races, bénéficient d’un “ lien d’union ” hors du commun (Col. 3:14). Cela ne passe pas inaperçu. En 1993, de nombreux frères et sœurs sont venus d’outre-mer pour assister aux assemblées internationales. Quelque 2 000 Témoins étaient présents à l’aéroport de Durban pour accueillir les délégués des États-Unis et du Japon. Dès qu’ils les ont vus, ils se sont mis à chanter des cantiques. Les frères se sont salués chaleureusement et se sont embrassés. Parmi les touristes, il y avait un homme politique éminent. En discutant avec des frères, il a dit : “ Si nous avions la même unité que vous, nous aurions réglé nos problèmes depuis bien longtemps. ”

En 2003, les assemblées internationales “ Rendez gloire à Dieu ” ont revigoré spirituellement tous les assistants. Plusieurs de ces assemblées, ainsi que d’autres rassemblements plus petits, ont eu lieu dans les principales villes d’Afrique du Sud. Deux membres du Collège central, Samuel Herd et David Splane, étaient présents, aux côtés de délégués venus de 18 pays. Certains portaient leur tenue traditionnelle, ce qui ajoutait au caractère international de l’événement. Au total, ces assemblées ont réuni 166 873 personnes ; 2 472 se sont fait baptiser.

Janine, qui a assisté à l’assemblée internationale du Cap, a montré toute sa gratitude pour le nouveau livre Écoute le grand Enseignant. “ Les mots me manquent pour vous dire à quel point j’apprécie ce cadeau, dit-​elle. Ce livre permet de toucher le cœur de nos enfants. Jéhovah sait ce dont son peuple a besoin, et Jésus, le Chef de la congrégation, voit la lutte que nous avons à mener dans un monde éloigné de Dieu. Je remercie de tout cœur Jéhovah et ses serviteurs qui sont sur la terre. ”

Si nous dressons un bilan de l’histoire des Témoins de Jéhovah en Afrique du Sud au siècle dernier, nous ne pouvons que nous réjouir de l’endurance et de la foi inébranlable que nos frères et sœurs fidèles ont manifestées. En 2006, 78 877 proclamateurs ont dirigé 84 903 études bibliques. Et 189 108 personnes ont assisté au Mémorial. Les faits montrent que ces paroles de Jésus s’appliquent aussi dans cette région du globe : “ Voyez ! Je vous le dis : Levez les yeux et regardez les champs : ils sont blancs pour la moisson. ” (Jean 4:35). Il reste encore beaucoup de travail à effectuer en Afrique du Sud. Les preuves que Jéhovah dirige son œuvre sont si nombreuses que nous sommes poussés à nous exclamer, aux côtés de nos frères et sœurs des quatre coins du monde : “ Poussez des cris de triomphe vers Jéhovah, vous tous, gens de la terre ! Servez Jéhovah dans la joie. ” — Psaume 100:1, 2.

[Notes]

^ § 29 Vous retrouverez la vie de Paul Smit dans La Tour de Garde du 1er novembre 1985, pages 10 à 13.

^ § 40 La biographie de George Phillips a paru dans La Tour de Garde du 15 mai 1957, pages 155-6.

^ § 61 La biographie de Piet Wentzel a paru dans La Tour de Garde du 1er juillet 1986, pages 9 à 13.

^ § 97 La biographie de Frans Muller a paru dans La Tour de Garde du 1er avril 1993, pages 19 à 23.

^ § 231 La vie de Dick et de Coralie Waldron est rapportée dans La Tour de Garde du 1er décembre 2002, pages 24-8.

^ § 250 La biographie de Joshua Thongoana a paru dans La Tour de Garde du 1er février 1993, pages 25-9.

^ § 266 La biographie de George Scipio a paru dans La Tour de Garde du 1er février 1999, pages 25-9.

[Entrefilet, page 174]

À Sainte-Hélène, la proportion de proclamateurs par rapport à la population est de 1 pour 30, la plus importante du monde.

[Encadré, pages 68, 69]

Qu’est-​ce que l’apartheid ?

Le mot “ apartheid ” signifie littéralement “ séparation ”. Il a été employé pour la première fois par le Parti national, lors des élections de 1948. Ce parti a accédé au pouvoir cette année-​là et, avec l’appui de l’Église réformée hollandaise, a mis en place une politique visant à séparer les différents groupes ethniques présents dans le pays. Déterminé à assurer la suprématie de la race blanche, le gouvernement a promulgué des lois qui officialisaient la ségrégation dans des aspects fondamentaux de la vie courante : logement, emploi, politique, enseignement et équipements collectifs.

Les principaux groupes ethniques ont été classifiés comme suit : les Blancs, les Bantous (Noirs africains), les métis et les Asiatiques (Indiens). Les partisans de l’apartheid soutenaient que les différentes races devaient avoir leurs propres zones d’habitation, qu’on appelait “ homelands ”, pour vivre selon leur culture et leurs coutumes. Ce système, qui paraissait satisfaisant en théorie à certains, s’est révélé désastreux dans la pratique. À grand renfort de fusils, de gaz lacrymogènes et de chiens féroces, on a contraint de nombreux Noirs à quitter leur domicile avec le peu d’affaires qu’ils possédaient et on les a relogés dans d’autres quartiers. La plupart des établissements publics, tels que les banques ou les bureaux de poste, comportaient des sections réservées à la population blanche, qui avait par ailleurs l’exclusivité des restaurants et des cinémas.

Les Blancs comptaient tout de même sur la main-d’œuvre noire, bon marché, pour le commerce et les tâches domestiques. Cela a séparé beaucoup de familles. Les hommes de race noire, par exemple, étaient autorisés à travailler en ville, dans les mines ou les usines. Ils étaient logés dans des foyers pour hommes. Leurs femmes, par contre, devaient rester dans leur homeland. Cette situation fragilisait la vie de famille et favorisait l’immoralité. Les esclaves noirs qui travaillaient pour des Blancs habitaient généralement la propriété du maître. Leurs proches ne pouvant pas vivre dans les quartiers réservés aux Blancs, ils ne les voyaient pas pendant de longues périodes. En outre, les Noirs devaient porter sur eux en permanence un laissez-passer.

L’apartheid a compliqué bien des aspects de la vie : enseignement, mariage, emploi, droit à la propriété, etc. Même s’ils étaient réputés pour l’harmonie raciale qui régnait parmi eux, les Témoins de Jéhovah ont obéi aux lois du gouvernement tant que celles-ci ne les empêchaient pas de rendre un service sacré à Dieu (Rom. 13:1, 2). Autant que possible, ils recherchaient les occasions de se retrouver avec leurs compagnons chrétiens issus des différents groupes ethniques.

Vers le milieu des années 70, le gouvernement a opté pour plusieurs réformes qui ont adouci la politique raciale. Puis, le 2 février 1990, le président Frederik De Klerk a annoncé d’autres mesures pour démanteler l’apartheid, notamment la légalisation des organisations politiques noires ainsi que la libération de Nelson Mandela. L’apartheid a officiellement pris fin en 1994, lorsqu’on a élu démocratiquement un gouvernement à majorité noire.

[Encadré/Cartes, pages 72, 73]

DONNÉES GÉNÉRALES — Afrique du Sud

Géographie

Le littoral d’Afrique du Sud est une plaine étroite bordée de montagnes. Celles-ci se prolongent par un vaste plateau intérieur, qui constitue la plus grande partie du pays. Le massif du Drakensberg, qui culmine à plus de 3 400 mètres, fait de ce plateau le site le plus élevé de toute la côte orientale (côté océan Indien). L’Afrique du Sud est environ deux fois plus grande que la France.

Population

Les 44 millions d’habitants offrent une grande diversité. En 2003, le gouvernement a publié les résultats d’un recensement où la population était divisée en quatre groupes : les Noirs africains (79 %) ; les Blancs (9,6 %) ; les métis (8,9 %) et les Indiens ou les Asiatiques (2,5 %).

Langues

Mis à part l’anglais, que beaucoup de gens parlent, il existe dix autres langues officielles. Les voici toutes, dans l’ordre où elles sont le plus parlées : zoulou, xhosa, afrikaans, sepedi, anglais, tswana, sesotho, tsonga, siswati, venda et ndebele.

Sources de revenus

Le pays est riche en ressources naturelles. Il est le premier producteur d’or et de platine du monde. Des millions de Sud-Africains travaillent dans des mines, dans des fermes ou dans des usines (domaine agro-alimentaire, secteurs automobile, mécanique, textile, etc.).

Climat

La pointe sud du pays, Le Cap notamment, bénéficie d’un climat méditerranéen avec des hivers humides et des étés secs. Sur le plateau intérieur, en revanche, le climat est différent. L’été, les orages apportent un peu de fraîcheur ; les journées d’hiver, quant à elles, sont relativement chaudes et le ciel est dégagé.

[Cartes]

(Voir la publication)

NAMIBIE

DÉSERT DU NAMIB

Katutura

WINDHOEK

BOTSWANA

DÉSERT DU KALAHARI

GABORONE

SWAZILAND

MBABANE

LESOTHO

MASERU

Teyateyaneng

AFRIQUE DU SUD

Parc national Kruger

Nylstroom

Bushbuckridge

PRETORIA

Johannesburg

Klerksdorp

Dundee

Ndwedwe

Pietermaritzburg

Durban

DRAKENSBERG

Strand

Le Cap

PRETORIA

Midrand

Krugersdorp

Kagiso

Johannesburg

Elandsfontein

Soweto

Eikenhof

Heidelberg

[Illustrations]

Le Cap

Cap de Bonne-Espérance

[Encadré/Illustrations, pages 80, 81]

Mes premiers pas en prédication

ABEDNEGO RADEBE

NAISSANCE 1911

BAPTÊME 1939

PARCOURS Il a servi dans la première congrégation de Noirs à Pietermaritzburg, dans le Kwazulu-Natal. Il est mort fidèle en 1995.

JE SUIS né près de Pietermaritzburg, où j’ai aussi grandi. Mon père était un prédicateur méthodiste. Vers le milieu des années 30, j’ai obtenu des ouvrages publiés par les Témoins de Jéhovah. J’étais d’accord avec ce que je lisais, mais je n’avais pas la possibilité de me réunir avec les Témoins.

Dans le foyer où j’habitais, quelqu’un m’a remis la brochure Le Ciel et le Purgatoire. Je n’avais jamais rien lu de pareil. J’ai découvert ce qu’enseigne la Bible au sujet de la résurrection et de l’espérance terrestre. J’ai écrit au bureau du Cap pour obtenir d’autres livres.

J’hésitais à aborder les Témoins que je voyais en ville, car dans ma tribu on disait : “ N’adresse jamais la parole à un Blanc le premier. Attends qu’il te parle. ”

Un soir que je rentrais du travail, j’ai vu la voiture équipée d’un haut-parleur des Témoins garée devant le foyer où je vivais. Alors que je me dirigeais vers le portail, un homme âgé en costume d’été, bien bâti, s’est avancé vers moi. Il s’est présenté ; il s’appelait Daniel Jansen. Je me suis dit qu’il fallait profiter de l’occasion pour mieux connaître les Témoins. Je lui ai donc demandé s’il était possible d’écouter un des discours de frère Rutherford. Une foule s’est alors rassemblée. À la fin du discours, frère Jansen m’a mis un micro dans les mains et m’a demandé : “ Expliquez en zoulou ce qui a été dit pour que tous ces gens comprennent, eux aussi. ”

“ Mais je ne me rappelle pas tout ”, ai-​je répliqué.

“ Eh bien, parlez de ce dont vous vous souvenez ”, a-​t-​il répondu.

Les mains tremblantes, j’ai balbutié quelques mots dans le micro. Il s’agissait en fait de mes premiers pas en prédication. Frère Jansen m’a par la suite invité à l’accompagner dans le ministère. Il s’est d’abord assuré que j’avais une bonne compréhension des enseignements fondamentaux de la Bible et que je m’y conformais. Apparemment, il a été satisfait. Pendant quatre ans, j’ai fait partie d’un groupe (ou congrégation) de Blancs ; j’étais le seul Noir. Nous n’étions pas nombreux et nous nous réunissions chez un frère.

À cette époque, chaque proclamateur portait sur lui une carte de témoignage qui permettait de présenter le message aux personnes. Nous utilisions aussi des phonographes et des enregistrements de discours d’une durée de quatre minutes. Et nous portions en plus des sacs remplis de publications.

Pour gagner du temps, le proclamateur tenait toujours son phonographe prêt à fonctionner, avec le ressort remonté et une aiguille neuve au bout du cornet. Lorsque l’occupant ouvrait la porte, il le saluait et lui présentait la carte qui introduisait le discours enregistré. Lorsque l’enregistrement avait dépassé la moitié du temps, le proclamateur commençait à prendre dans son sac le livre cité dans le discours et pouvait ainsi le remettre à la personne dès la fin de l’enregistrement.

[Encadré/Illustrations, pages 88, 89]

Un exemple de fidélité

GEORGE PHILLIPS

NAISSANCE 1898

BAPTÊME 1912

PARCOURS Il est devenu pionnier permanent en 1914. Il a été surveillant de la filiale d’Afrique du Sud pendant près de 40 ans. Il est mort fidèle en 1982.

GEORGE PHILLIPS est né en Écosse, à Glasgow, où il a grandi. Il a entrepris le service de pionnier en 1914, à l’âge de 16 ans. En 1917, il a été envoyé en prison à cause de sa neutralité chrétienne. Puis, en 1924, frère Rutherford en personne l’a invité à aller servir en Afrique du Sud. “ George, a-​t-​il déclaré, ce sera peut-être pour une année, ou pour un peu plus longtemps. ”

Voici les impressions de George à son arrivée en Afrique du Sud : “ Comparativement à la Grande-Bretagne, les conditions étaient tout à fait différentes. Tout ce qui se rattachait à l’œuvre était tellement plus modeste ! En ce temps-​là, il n’y avait que six proclamateurs à plein temps et pas plus de quarante frères et sœurs qui participaient dans une faible mesure à la prédication. Notre territoire comprenait toute la zone située entre Le Cap et le Kenya. Comment allait-​il être parcouru et comment un témoignage efficace serait-​il rendu en une année ? Mais pourquoi se tourmenter à ce sujet ? Le mieux était de se mettre au travail, d’utiliser les moyens mis à notre disposition, et de s’en remettre à Jéhovah pour les résultats. ”

“ L’Afrique du Sud est un pays complexe aux races et aux langues multiples. Mais quelle joie de pouvoir connaître ces différents peuples ! Organiser l’œuvre dans un territoire aussi vaste et poser les fondements nécessaires à son développement n’étaient pas des tâches faciles. ”

“ Toutefois, durant toutes ces années, Jéhovah a toujours pris soin de moi avec amour et m’a accordé largement sa protection, sa direction et sa bénédiction. J’ai appris que ‘ l’attachement à Dieu est un moyen de grand gain ’ et que, si l’on veut demeurer dans ‘ le lieu secret du Très-Haut ’, on doit s’attacher étroitement à son organisation et travailler dur pour accomplir son œuvre selon sa volonté. ” — 1 Tim. 6:6 ; Ps. 91:1.

[Encadré/Illustration, pages 92-94]

J’ai aidé ma famille sur le plan spirituel

JOSEPHAT BUSANE

NAISSANCE 1908

BAPTÊME 1942

PARCOURS Ce père de famille a découvert la vérité quand il travaillait à Johannesburg, alors qu’il était loin de son Zoulouland, dans la province de Kwazulu-Natal.

JE SUIS né en 1908 dans le Zoulouland, en Afrique du Sud. Mes parents se satisfaisaient d’une vie simple à la ferme. À l’âge de 19 ans, j’ai commencé à travailler comme vendeur dans la ville de Dundee. J’ai alors entendu dire que beaucoup de jeunes hommes gagnaient bien leur vie à Johannesburg, centre de l’industrie aurifère. Je m’y suis donc installé, et pendant de nombreuses années mon travail a consisté à coller des affiches publicitaires. À Johannesburg, les occasions de se distraire ne manquaient pas, mais j’ai vite compris que la vie citadine sapait les valeurs traditionnelles de mon peuple. De nombreux jeunes hommes abandonnaient leur famille vivant à la campagne, mais, pour ma part, je n’ai jamais oublié la mienne, et je lui envoyais régulièrement de l’argent. En 1939, j’ai épousé Claudina, une fille du Zoulouland. Bien que marié, je continuais à travailler à 400 kilomètres de là, à Johannesburg. La plupart de mes compagnons zoulous faisaient de même. Il m’était pénible d’être séparé de ma famille pendant de longues périodes, mais je me sentais dans l’obligation de la faire bénéficier d’un meilleur niveau de vie.

Pendant que j’étais à Johannesburg, j’ai décidé, avec Elias, un ami, de rechercher la vraie religion. Nous avons fait le tour des lieux de culte de notre voisinage, mais aucun ne nous a donné satisfaction. Puis Elias a rencontré les Témoins de Jéhovah. J’ai alors commencé à fréquenter régulièrement avec lui la première congrégation noire des Témoins de Jéhovah de Johannesburg. En 1942, après avoir voué ma vie à Jéhovah, j’ai été baptisé à Soweto. Lorsque je retournais au Zoulouland, j’essayais de communiquer mes croyances à Claudina, mais elle était très engagée dans les activités de son Église.

Elle a pourtant commencé à examiner nos publications à la lumière de sa bible et, progressivement, la vérité contenue dans la Parole de Dieu a touché son cœur. En 1945, elle s’est fait baptiser. Elle est devenue une proclamatrice zélée, prêchant la vérité biblique à ses voisins et l’inculquant à nos enfants. Dans le même temps, à Johannesburg, j’ai eu la joie d’aider quelques personnes à connaître la vérité. En 1945, il y avait quatre congrégations noires dans la banlieue de Johannesburg. J’étais serviteur de groupe dans la congrégation de Petit Marché. Par la suite, des instructions bibliques ont été données aux hommes mariés travaillant loin de chez eux pour qu’ils retournent auprès de leurs proches et soient plus attentifs à leurs responsabilités de chef de famille. — Éph. 5:28-31 ; 6:4.

En 1949, j’ai donc démissionné de mon emploi à Johannesburg pour m’occuper de ma famille selon les voies de Jéhovah. De retour chez moi, j’ai été embauché par un vétérinaire qui me faisait procéder au déparasitage du bétail. Il était difficile de pourvoir aux besoins d’une famille de six enfants avec le maigre salaire que je percevais. Pour faire face aux dépenses, je vendais donc des légumes et du maïs que nous cultivions à la maison. Notre famille n’était pas riche, mais nous avions des trésors spirituels, car nous nous laissions guider par les paroles de Jésus contenues en Matthieu 6:19, 20.

Pour obtenir ces trésors spirituels, il faut fournir de grands efforts, comme pour extraire l’or des mines aux alentours de Johannesburg. Chaque soir, je lisais un texte de la Bible avec mes enfants et je demandais à chacun de me dire ce qu’il avait appris. Le week-end, je les emmenais prêcher à tour de rôle. En allant de ferme en ferme, j’examinais avec eux des questions bibliques et essayais d’imprimer dans leur cœur les principes moraux élevés de la Bible. — Deut. 6:6, 7.

Pendant de nombreuses années, nous avons été la seule famille à pouvoir accueillir les surveillants itinérants. Ces frères ainsi que leurs femmes avaient une excellente influence sur nos enfants ; ils ont fait naître en eux le désir de devenir évangélisateurs à plein temps. Nous avons eu en tout cinq garçons et une fille qui, aujourd’hui, sont adultes et forts spirituellement. J’éprouve une profonde gratitude pour la direction que l’organisation de Jéhovah nous a donnée en nous encourageant à prêter davantage attention aux besoins spirituels de notre famille. Les bénédictions reçues sont autrement plus précieuses que tout ce que l’argent peut acheter. — Prov. 10:22.

Frère Josephat Busane a continué de servir fidèlement Jéhovah jusqu’à sa mort, en 1998. Ses enfants chérissent toujours leur héritage spirituel. L’un de ses fils, Theophilus, est surveillant itinérant. Vous trouverez d’autres détails sur la vie de frère Busane dans le ‘ Réveillez-vous ! ’ du 8 octobre 1993, pages 19 à 22.

[Encadré/Illustration, pages 96, 97]

“ Le service sacré m’a rapproché de Jéhovah ”

THOMAS SKOSANA

NAISSANCE 1894

BAPTÊME 1941

PARCOURS Ce pionnier a appris cinq langues pour aider spirituellement les gens des différents territoires qu’il a parcourus.

EN 1938, un professeur m’a remis plusieurs brochures publiées par les Témoins de Jéhovah. À l’époque, j’étais pasteur dans l’Église wesleyenne de Delmas, ville située à une soixantaine de kilomètres à l’est de Johannesburg. J’étais un passionné de la Bible depuis longtemps déjà. Dans mon Église, on enseignait que l’âme est immortelle et que les méchants sont tourmentés en enfer. J’ai toutefois découvert en lisant les brochures qu’il en était autrement, selon la Bible (Ps. 37:38 ; Ézék. 18:4). J’ai aussi appris que la plupart des serviteurs de Dieu ne vont pas au ciel, mais qu’ils vivront éternellement sur la terre. — Ps. 37:29 ; Mat. 6:9, 10.

J’étais vraiment content de découvrir ces vérités et j’avais envie de les partager avec les membres de mon Église. Mais cela n’a pas plu aux autres pasteurs, qui ont cherché à m’excommunier. J’ai donc quitté mon Église et j’ai commencé à me réunir avec un petit groupe de Témoins de Jéhovah à Delmas. Je me suis fait baptiser en 1941, puis j’ai entrepris le service de pionnier en 1943.

J’ai déménagé à Rustenburg, où on avait besoin de proclamateurs du Royaume. Comme je n’étais pas de la région, il me fallait demander au chef de la communauté un logement et un permis de séjour. Ce dernier m’a expliqué que je devais payer 12 livres pour obtenir ce permis. Je ne disposais pas de cette somme. Heureusement, un frère blanc plein de gentillesse l’a payée pour moi et m’a soutenu financièrement pour que je puisse poursuivre mon service de pionnier. L’un des hommes avec qui j’étudiais a fait de bons progrès. Après mon départ, il a été nommé assistant ministériel dans la congrégation.

Je me suis ensuite installé plus à l’ouest, à Lichtenburg. Cette fois-​ci, j’ai dû m’entretenir avec un responsable administratif blanc pour avoir la permission de vivre dans le quartier noir de la ville. Il n’a pas accepté. J’ai alors demandé de l’aide à un pionnier blanc qui habitait non loin de là, à Mafikeng. Nous sommes allés voir le responsable administratif, mais celui-ci a déclaré : “ Je ne veux pas de vous ici. Vous autres, vous enseignez que l’enfer n’existe pas. Comment voulez-​vous que les gens fassent le bien s’ils n’ont plus peur de l’enfer ? ”

Devant ce refus, je suis parti habiter à Mafikeng, où je suis toujours pionnier permanent. Ma langue maternelle est le zoulou, mais peu après avoir découvert la vérité, j’ai décidé d’apprendre l’anglais pour pouvoir lire toutes les publications des Témoins de Jéhovah. Cela m’a aidé à mûrir sur le plan spirituel.

Pour être efficace dans le ministère, j’ai également appris à parler sesotho, xhosa, tswana et un peu afrikaans. Au fil des années, j’ai eu la joie d’amener beaucoup de personnes à se vouer à Jéhovah. Quatre servent maintenant en tant qu’anciens. Le service à plein temps est aussi bénéfique pour ma santé.

Je remercie Jéhovah de me permettre d’avoir une belle vieillesse dans son service. Si j’ai acquis la connaissance des Écritures et si j’ai du résultat dans le ministère, ce n’est pas grâce à mes propres forces, mais grâce à l’esprit saint de Dieu. Par-dessus tout, le service à plein temps m’a rapproché de Jéhovah. J’ai appris à me décharger totalement sur lui.

Cette interview date de 1982. Frère Skosana, chrétien oint de l’esprit, est resté fidèle jusqu’à la fin. Il est décédé en 1992.

[Encadré/Illustrations, pages 100, 101]

Le premier surveillant de district en Afrique du Sud

MILTON BARTLETT

NAISSANCE 1923

BAPTÊME 1939

PARCOURS Il a été le premier diplômé de Guiléad à être envoyé en Afrique du Sud. Il a travaillé dur pour faire avancer les intérêts du Royaume, particulièrement dans les communautés noires.

MILTON Bartlett est arrivé au Cap en décembre 1946. Il était le premier missionnaire diplômé de Guiléad à venir en Afrique du Sud. Il avait pour tâche de mettre en place le service du district et de la circonscription, ce qu’il a fait. À cette époque, il était le seul surveillant de district. Au cours des années qui ont suivi, d’autres surveillants itinérants ont déployé de gros efforts pour promouvoir les intérêts du Royaume dans le pays, surtout parmi la population noire.

Milton était très apprécié. Il était patient et savait écouter les frères quand ceux-ci lui confiaient leurs problèmes. Lorsque des besoins concernaient l’ensemble des proclamateurs, il était donc en mesure d’envoyer à la filiale des rapports précis. Cela permettait d’expliquer aux frères et sœurs comment mieux conformer leur conduite et leur façon d’adorer Dieu aux principes de la Bible.

Milton était en mesure d’aider ses frères parce qu’il connaissait bien les Écritures et qu’il était un enseignant habile. Il avait aussi la détermination et la persévérance nécessaires pour obtenir des autorités la permission d’entrer, lui, un homme blanc, dans les villes réservées aux Noirs. Les fonctionnaires qui avaient des préjugés raciaux lui refusaient souvent ce permis. Milton devait alors faire appel à des autorités supérieures, comme le conseil municipal. Il devait ensuite attendre que le conseil tienne sa prochaine réunion et annule les décisions qui lui étaient défavorables. De cette façon ou d’une autre, il a réussi à avoir accès à la plupart des zones d’habitations réservées aux Noirs.

Il arrivait que des policiers infiltrés viennent épier les discours de Milton. En effet, les chefs religieux de la chrétienté accusaient à tort les Témoins de Jéhovah d’être des agitateurs communistes. Un jour, un policier noir a été envoyé dans l’une de nos assemblées pour noter ce qui s’y passait. “ Sa visite s’est avérée providentielle, a écrit Milton une vingtaine d’années plus tard, car, grâce à ce qu’il avait entendu ce week-end-​là, ce policier a accepté la vérité et, depuis, il y est toujours resté très attaché. ”

Lorsque Milton, célibataire, est arrivé dans le pays à l’âge de 23 ans, il y avait 3 867 proclamateurs. Vingt-six années plus tard, ce chiffre était passé à 24 005. En 1973, Milton et sa femme, Sheila, avec leur bébé de un an, Jason, sont retournés aux États-Unis afin de s’occuper des parents âgés de Milton. La photo qui figure sur cette page montre Milton et Sheila assistant à l’inauguration de l’extension de la filiale d’Afrique du Sud en 1999. Quelle joie pour eux de revenir en Afrique du Sud, 26 ans plus tard, et de se retrouver en compagnie de nombreux frères et sœurs âgés qui n’avaient pas oublié leur service dévoué !

[Illustration]

Milton et Sheila Bartlett, 1999.

[Encadré/Illustration, page 107]

Un cadre exceptionnel

Le Cap, la plus belle ville d’Afrique selon certains, est situé dans un cadre magnifique, au pied de l’impressionnante montagne de la Table.

En été, le plateau est parfois couvert d’une masse nuageuse qu’on surnomme à juste titre “ la nappe ”. Les vents forts se heurtent aux pentes montagneuses et contraignent les masses d’air à remonter ; l’humidité dont elles sont chargées se condense ainsi en un nuage épais qui stagne au-dessus de la montagne.

[Encadré/Illustrations, pages 114-117]

Il est resté intègre durant sa détention

INTERVIEW DE ROWEN BROOKES

NAISSANCE 1952

BAPTÊME 1969

PARCOURS Il a été emprisonné de décembre 1970 à mars 1973 en raison de sa neutralité chrétienne. Il a entrepris le service de pionnier permanent en 1973, puis est entré au Béthel en 1974. Il fait aujourd’hui partie du Comité de la filiale.

Quelles étaient les conditions en prison ?

Les baraquements étaient de longs bâtiments ; ils comprenaient chacun deux rangées de 34 cellules, séparées par une rigole d’écoulement. En isolement total, nous étions seuls dans une cellule de quatre mètres carrés environ. Nous n’en sortions que deux fois par jour : le matin pour nous laver, nous raser et nettoyer notre seau de toilette, et l’après-midi pour prendre une douche. Nous n’avions le droit ni d’écrire des lettres ni d’en recevoir. Le seul livre autorisé était la Bible. Nous ne possédions ni stylos ni crayons. Et pas question d’avoir de la visite !

Avant leur incarcération, la plupart des frères s’étaient fabriqué une bible, à laquelle ils avaient relié d’autres ouvrages comme l’Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible. Les gardiens n’y voyaient que du feu, car elle ressemblait aux grosses et vieilles bibles afrikaans ou hollandaises.

Comment faisiez-​vous pour vous procurer les publications bibliques ?

Nous les introduisions clandestinement quand c’était possible. Tous nos effets personnels, y compris nos affaires de toilette, étaient rangés dans des valises qui se trouvaient dans l’une des cellules vides. Une fois par mois, le gardien nous autorisait à nous réapprovisionner en savons, etc. Ces valises contenaient également des publications.

Pendant que l’un de nous faisait diversion en discutant avec le gardien, un autre cachait une publication dans son caleçon ou sous son maillot de corps. De retour dans notre cellule, nous divisions le livre en plusieurs cahiers, plus faciles à dissimuler. Ensuite, nous nous les passions, afin que tout le monde puisse les lire. Nous n’étions pas à court de cachettes. Certaines cellules étaient en piteux état ; il y avait des trous partout !

Nos cellules étaient fréquemment fouillées, parfois en pleine nuit. Les gardiens trouvaient toujours quelques-uns des cahiers, mais jamais toutes les publications. L’un des soldats les plus sympathiques avec nous nous avertissait souvent quand une fouille était programmée. Nous enveloppions alors les publications dans du plastique et nous les glissions dans les canalisations. Un jour, un orage terrible a éclaté et, à notre grand désarroi, l’un de nos paquets a flotté jusque dans la rigole à l’intérieur du baraquement. Des soldats aux arrêts ont commencé à jouer au foot avec. Tout à coup, un gardien est apparu et leur a ordonné de rentrer dans leurs cellules. À notre grand soulagement, personne n’a prêté davantage attention au paquet. Nous l’avons récupéré peu après, lorsque nous avons pu sortir de nos cellules.

Ta fidélité a-​t-​elle été mise à l’épreuve quand tu étais en prison ?

Constamment. Le personnel pénitentiaire essayait tout le temps de nous tendre des pièges. Par exemple, les gardiens se montraient très gentils avec nous en nous donnant du rab, en nous permettant de faire de l’exercice dehors et même de nous prélasser au soleil. Puis, au bout de quelques jours, ils nous commandaient d’enfiler l’uniforme militaire. Comme nous refusions de le faire, ils nous traitaient encore plus durement qu’auparavant.

On nous a aussi demandé de porter les casques de l’armée, mais en vain. Le capitaine était si en colère qu’il ne nous a plus jamais autorisés à prendre de douches. On nous a donné à chacun un seau, que nous gardions dans notre cellule.

Nous n’avions pas de chaussures non plus. Les pieds de certains frères saignaient. Nous avons donc décidé de nous en fabriquer. Nous avons rassemblé des morceaux de vieilles couvertures qui servaient à astiquer le sol. Nous avons trouvé un bout de fil de cuivre que nous avons aplati à une extrémité et aiguisé à l’autre. Avec une épingle, nous avons fait un trou dans sa partie plate : nous avons ainsi obtenu une aiguille à coudre. Nous avons défait les fils de nos propres couvertures et, avec les morceaux de couvertures récupérés, nous nous sommes cousu des mocassins.

Un jour, sans crier gare, on nous a ordonné de nous répartir trois par cellule. Nous étions serrés, mais cela présentait tout de même des avantages. Nous nous sommes arrangés pour que certains frères plus faibles sur le plan spirituel se retrouvent avec des frères plus mûrs. Nous étudiions la Bible et faisions des séances d’exercice pour la prédication. Au grand désarroi du capitaine, notre moral ne cessait de s’affermir.

Comprenant que son plan avait échoué, le capitaine a ordonné à chaque Témoin de partager une cellule avec deux détenus non Témoins. Même s’il leur était strictement interdit de nous adresser la parole, ces détenus ont commencé à nous poser des questions. Nous avons pu à maintes reprises leur donner le témoignage. Un ou deux d’entre eux ont d’ailleurs refusé de participer à certaines activités militaires. Mais nous nous sommes rapidement retrouvés un par cellule.

Pouviez-​vous organiser des réunions ?

Oui, régulièrement. Au-dessus de chaque porte se trouvait une fenêtre grillagée avec sept barreaux verticaux. Nous attachions les extrémités d’une couverture à deux barreaux éloignés, de façon à obtenir une sorte de petit hamac sur lequel nous pouvions nous asseoir. De là, nous voyions le frère de la cellule en face de la nôtre. En parlant fort, les autres frères du baraquement pouvaient nous entendre. Nous examinions le texte tous les jours et, si nous disposions du périodique, nous faisions également l’étude de La Tour de Garde. Chaque soir, nous prononcions à tour de rôle une prière. Nous organisions même notre propre programme d’assemblée de circonscription.

Comme nous n’étions pas certains qu’un ancien obtiendrait la permission d’entrer dans la prison pour célébrer avec nous le Mémorial, nous prenions nos dispositions. Nous fabriquions du vin en faisant tremper du raisin dans de l’eau. Pour le pain, nous aplatissions et faisions sécher des morceaux prélevés sur notre ration quotidienne. Un jour, les frères de l’extérieur ont pu nous transmettre une petite bouteille de vin et du pain sans levain.

Les conditions ont-​elles changé avec le temps ?

Oui, elles se sont améliorées. La loi a été modifiée et notre groupe, composé de 22 frères, a été libéré. Les jeunes gens qui refuseraient de faire le service militaire pour des raisons religieuses se verraient infliger désormais une seule et unique peine d’une durée bien définie. À notre libération, les 88 frères qui restaient en détention ont été traités normalement. Ils pouvaient recevoir de la visite une fois par mois et avaient le droit d’écrire et de recevoir du courrier.

As-​tu eu du mal à te réadapter à ta sortie de prison ?

Oui, il m’a fallu du temps. Par exemple, il m’était très pénible de me retrouver au milieu d’une foule. Nos familles et les frères nous ont aidés avec bienveillance à accepter petit à petit des responsabilités dans la congrégation.

Même si ces années ont été difficiles, elles nous ont été bénéfiques. La mise à l’épreuve de notre foi nous a affermis sur le plan spirituel et nous a appris l’endurance. Nous avons compris combien la Bible a de la valeur et à quel point il est bénéfique de la lire et de la méditer chaque jour. Et puis, nous avons certainement appris à placer notre confiance en Jéhovah. Après avoir fait tant de sacrifices pour lui rester fidèles, nous étions déterminés à continuer, à lui donner le meilleur de nous-​mêmes, en étant si possible dans le service à plein temps.

[Encadré/Illustration, pages 126-128]

Dans les périls, nous avons mis notre confiance en Jéhovah

ZEBLON NXUMALO

NAISSANCE 1960

BAPTÊME 1985

PARCOURS Il était rasta avant de connaître la vérité. Il a entrepris le service à plein temps peu après son baptême. Il est actuellement surveillant de circonscription avec sa femme, Nomusa.

APRÈS avoir participé à la construction du Béthel de Krugersdorp, mon compagnon de service et moi avons été envoyés là où il y avait du besoin, c’est-à-dire à KwaNgendezi, près de la ville portuaire de Durban. Quelques jours après notre arrivée, un groupement politique a envoyé cinq de ses jeunes recrues à notre domicile. Ils ont sollicité notre aide pour protéger la ville d’un groupement politique rival. L’animosité entre ces deux groupes zoulous avait fait couler beaucoup de sang dans la région. Nous leur avons demandé quelle serait, selon eux, la solution à toute cette violence. Ils ont répondu que tous ces malheurs étaient dus à la domination des Blancs. Nous avons alors mentionné d’autres pays africains qui, bien que dirigés par des Noirs, étaient eux aussi ravagés par la guerre et dont les habitants étaient plongés dans la même pauvreté. Nous avons aussi rappelé ce dicton : “ L’Histoire est un éternel recommencement. ” Ils ont reconnu que la criminalité, la violence et la maladie ne disparaîtraient pas, même si les Noirs prenaient le pouvoir. Puis nous avons ouvert la Bible et nous leur avons montré que le Royaume de Dieu est le seul gouvernement capable de résoudre les problèmes de l’humanité.

Quelques jours plus tard, dans la soirée, nous avons entendu une foule de jeunes scander des chants pour la liberté. Des hommes brandissaient des armes. Des maisons ont été incendiées et des personnes tuées. Saisis de peur, nous avons prié Jéhovah de nous aider à ne pas nous laisser intimider et à ne pas renoncer à notre intégrité. Nous nous sommes également remémoré l’exemple de martyrs qui n’avaient pas renié Jésus dans des circonstances similaires (Mat. 10:32, 33). Tout à coup, un groupe d’adolescents et d’adultes a frappé à la porte. Sans même nous saluer, ils ont réclamé de l’argent pour acheter de l’intelezi, mot zoulou désignant un remède préparé par un sorcier et destiné à protéger. Nous les avons suppliés de ne pas s’énerver, puis nous leur avons posé cette question : “ Pensez-​vous que ce soit bien que les sorciers, par le moyen de la sorcellerie, encouragent à la tuerie ? Imaginez que l’un de vos proches soit victime d’un tel traquenard. Que ressentiriez-​vous ? ” Tous ont reconnu qu’ils ne voudraient pas que cela leur arrive. Nous avons alors ouvert la Bible et nous avons demandé au chef du groupe de lire en Deutéronome 18:10-12 la pensée de Dieu sur la sorcellerie. Nous leur avons ensuite demandé ce qu’ils pensaient de ces versets. Ils étaient sidérés. Nous avons profité de leur silence pour leur demander encore s’il était préférable pour nous d’écouter Jéhovah ou de les écouter, eux. Sur ce, ils sont partis sans dire un mot.

Nous avons réchappé à de nombreuses situations comme celle-ci. Nous avons constaté que Jéhovah était bel et bien à nos côtés. Par exemple, un soir, un autre groupe est venu à notre domicile réclamer de l’argent afin d’acheter des armes pour “ protéger ” les habitants de la ville. Les membres de ce groupe se plaignaient de l’insécurité qui régnait à cause du groupe politique opposé, et ils estimaient que la solution était de contre-attaquer avec des armes encore plus puissantes. Ils nous ont prévenus : ‘ Si vous ne nous donnez pas d’argent, vous le paierez très cher. ’ Nous leur avons alors rappelé que leur mouvement avait signé une charte qui garantissait les droits de l’homme et le respect de la conscience des autres. Nous leur avons demandé si on doit être disposé à mourir plutôt que d’aller à l’encontre de la constitution en laquelle on croit. Ils ont répondu oui. Nous avons alors ajouté que nous appartenions au mouvement des Témoins de Jéhovah, que notre “ constitution ” à nous était la Bible et que la Bible condamnait le meurtre. Finalement, le chef du groupe a déclaré à ses compagnons : “ Je comprends la position de ces hommes. Ils nous ont bien expliqué que si l’argent est destiné au développement de la ville, comme la construction d’une maison de retraite, ou s’il sert à aider un voisin hospitalisé, ils sont prêts à nous le donner. Mais ils ne veulent pas nous le donner pour tuer. ” Sur ce, ils se sont tous levés, nous nous sommes serré la main et nous les avons remerciés de leur patience.

[Encadré/Illustrations, pages 131-134]

Trois sœurs célibataires : 100 ans de traduction !

Plusieurs frères et sœurs du Béthel d’Afrique du Sud mettent leur célibat à profit pour le précieux service du Royaume (Mat. 19:11, 12). Les trois sœurs évoquées ci-dessous totalisent 100 années de travail consacré à la traduction de la nourriture spirituelle fournie par “ l’esclave fidèle et avisé ”. — Mat. 24:45.

Maria Molepo

Je suis née dans le village de Molepo, dans la province du Limpopo. Ma sœur aînée, Aletta, m’a fait découvrir la vérité alors que j’allais encore à l’école. À la fin de mes études, une autre de mes sœurs, qui n’est pas Témoin de Jéhovah, a proposé de me payer trois années de formation universitaire pour que j’obtienne un diplôme d’enseignante. Mais j’ai refusé son offre parce que je voulais servir Jéhovah aux côtés de mes deux sœurs aînées, Aletta et Elizabeth, qui étaient pionnières. Je me suis fait baptiser en 1953, puis pendant six années je me suis efforcée d’accomplir le service de pionnier certains mois jusqu’à ce que, finalement, je remplisse une demande. J’ai été nommée pionnière permanente en 1959.

En 1964, la filiale d’Afrique du Sud m’a demandé de travailler à mi-temps au Béthel pour traduire la nourriture spirituelle en sepedi. C’est ce que j’ai fait, tout en continuant le service de pionnier. Puis, en 1966, on m’a proposé d’être nommée Béthélite. Le service au Béthel n’était pas vraiment ce à quoi j’aspirais. La prédication quotidienne me manquait. Mais j’ai rapidement modifié ma façon de voir les choses. Du samedi après-midi au dimanche soir, je me considérais comme une pionnière, même si je ne pouvais pas atteindre le nombre d’heures requis. J’aimais tellement ces week-ends que, bien souvent, je rentrais trop tard le samedi ou le dimanche soir pour le souper. Lorsque les sœurs plus âgées du Béthel ont disposé de samedis matin, j’ai été ravie. J’allais pouvoir prêcher encore plus !

Durant mes huit premières années de Béthel, j’ai partagé ma chambre avec une autre traductrice. Nous logions dans un bâtiment séparé de la résidence principale. Les autorités de l’apartheid nous avaient permis pendant un temps d’habiter à côté de nos frères et sœurs blancs, mais en 1974 cela nous fut interdit. Les traducteurs de race noire, comme moi, étaient obligés de vivre dans les quartiers réservés aux Noirs. J’ai donc été accueillie chez une famille chrétienne de Tembisa. Chaque jour, je devais effectuer un long trajet entre mon domicile et le Béthel. Lorsqu’on a construit un nouveau Béthel à Krugersdorp, le gouvernement avait assoupli sa politique. J’ai donc pu de nouveau vivre avec le reste de la famille du Béthel.

Je suis vraiment reconnaissante à Jéhovah de m’avoir permis de continuer mon activité de traductrice jusqu’à ce jour. Il m’a bénie pour avoir utilisé le don du célibat à son service au point que ma jeune sœur, Annah, a elle aussi choisi de rester célibataire pour être évangélisatrice à plein temps, et ce depuis 35 ans déjà.

Tseleng Mochekele

Je suis née au Lesotho, à Teyateyaneng. Ma mère était croyante et nous forçait, mes frères et sœurs et moi, à l’accompagner à l’église. Ce que je détestais... Puis ma tante est devenue Témoin de Jéhovah. Elle a alors fait connaître ses croyances à ma mère. Quelle joie lorsque ma mère a cessé d’aller à l’église ! Mais, pour ma part, je ne me suis pas intéressée à la vérité, car j’aimais le monde et ses divertissements.

En 1960, j’ai déménagé à Johannesburg pour terminer mes études. Quand j’ai quitté la maison, ma mère m’a dit : “ Je t’en prie, Tseleng, cherche les Témoins de Jéhovah à Johannesburg et deviens l’un des leurs. ” Quand je suis arrivée à Johannesburg, j’ai d’abord été surprise de voir la quantité de loisirs que cette ville offrait. Mais en y regardant de plus près, j’ai été choquée par l’immoralité sexuelle qui était couramment pratiquée. Je me suis alors souvenue des paroles de ma mère. J’ai commencé à assister aux réunions des Témoins de Jéhovah à Soweto. Lors de ma première réunion, je me rappelle avoir prié Dieu ainsi : “ Aide-​moi, Jéhovah, car je veux devenir un de tes Témoins. ” Je n’ai pas tardé à prêcher et je me suis fait baptiser en juillet, la même année. À la fin de mes études, je suis retournée chez ma mère. Elle aussi s’était fait baptiser.

En 1968, la filiale d’Afrique du Sud m’a proposé de devenir traductrice à plein temps. J’ai donc traduit les publications en sesotho pendant de nombreuses années, tout en habitant chez ma mère. Lorsque ma famille a eu des difficultés financières, j’ai proposé à ma mère d’arrêter le service à plein temps pour travailler. Mais ma mère et ma jeune sœur, qui était elle aussi baptisée, ont refusé. Elles chérissaient le privilège de pouvoir me soutenir dans mon service.

En 1990, j’ai pu devenir membre de la famille du Béthel, dans les nouveaux bâtiments de Krugersdorp. J’y suis toujours traductrice et j’aime toujours autant cette activité. Je ne regrette pas d’être restée célibataire. Au contraire, je suis reconnaissante à Jéhovah qu’il m’ait bénie en me donnant une vie heureuse et riche de sens.

Nurse Nkuna

Je suis née dans le nord-est de l’Afrique du Sud, à Bushbuckridge. Ma mère, qui était Témoin de Jéhovah, m’a élevée dans la vérité. Elle travaillait à plein temps pour compléter le salaire de mon père. Elle m’a appris à lire avant même que j’aille à l’école. Cela me permettait de prêcher en semaine avec une sœur âgée qui était pionnière permanente. Cette sœur ne voyait plus très bien, alors comme je savais lire, je lui étais d’une grande aide. J’ai continué de prêcher avec cette sœur l’après-midi, même lorsque je suis entrée à l’école. Le fait de fréquenter des serviteurs à plein temps a développé en moi l’amour de la prédication. Quel bonheur de voir des gens prendre position pour la vérité ! Vers l’âge de dix ans, j’ai parlé à Jéhovah de mon désir de consacrer ma vie à l’œuvre de prédication. Je me suis fait baptiser en 1983. Pendant quelques années, j’ai travaillé pour subvenir aux besoins de ma famille. Afin d’être sûre de ne pas cultiver l’amour de l’argent, ce qui m’aurait empêchée d’atteindre mon objectif du service à plein temps, j’ai demandé à ma mère de gérer mon salaire. Puis, en 1987, j’ai quitté mon emploi lorsque ma demande d’entrée au Béthel pour être traductrice en zoulou a été acceptée.

Servir au Béthel tout en étant célibataire me procure beaucoup de joie. Les commentaires donnés lors du culte matinal m’aident à être plus efficace dans le ministère. Le fait aussi de travailler en collaboration étroite avec des compagnons issus de différentes cultures m’a permis d’améliorer ma personnalité chrétienne. Je n’ai pas d’enfants, c’est sûr, mais j’ai de nombreux enfants et petits-enfants spirituels que je n’aurais jamais eus si j’avais choisi de me marier et de fonder une famille.

Tout en se dépensant pleinement au Béthel, au service de la traduction, ces trois sœurs célibataires ont aidé 36 personnes à se vouer à Jéhovah et à se faire baptiser.

[Encadré/Illustrations, pages 146, 147]

La splendeur des montagnes

Le massif du Drakensberg s’étire sur plus de 1 000 kilomètres à travers toute l’Afrique du Sud. La partie la plus spectaculaire est celle qui forme une frontière naturelle entre le Kwazulu-Natal et le Lesotho. On l’appelle souvent la Suisse sud-africaine.

Les sommets vertigineux — l’imposant mont Sentinel, le périlleux et lisse Capuchon du Moine ou encore la dangereuse Dent du Diable avec ses pentes abruptes — attirent les alpinistes aventureux. Il peut être risqué de gravir ces montagnes. Toutefois, plusieurs passages escarpés, mais sans danger, permettent de les franchir sans aucun équipement particulier. Par contre, il est indispensable d’obéir aux règles élémentaires de la randonnée en haute montagne : se munir de vêtements chauds, d’une tente et d’une réserve de nourriture. La nuit, les températures peuvent être extrêmement basses et les vents très violents.

Chaque année, des milliers de randonneurs, de campeurs et d’alpinistes quittent le stress et la pollution des villes pour prendre un grand bol d’air pur, boire de l’eau douce rafraîchissante et admirer la splendeur de ces hauteurs majestueuses.

[Illustration]

Peintures rupestres réalisées par des Bochimans.

[Encadré/Illustrations, pages 158, 159]

Libéré du spiritisme et de la polygamie

ISAAC TSHEHLA

NAISSANCE 1916

BAPTÊME 1985

PARCOURS Avant de connaître la vérité, cet homme était un riche sorcier déçu par la chrétienté.

ISAAC et trois de ses amis — Matlabane, Lukas et Phillip — ont grandi dans les montagnes du Sekhukhune, dans le nord-est de l’Afrique du Sud. Ces quatre jeunes hommes ont un jour décidé de quitter l’Église apostolique à cause de l’hypocrisie de ses membres. Ensemble, ils se sont mis à chercher la vraie religion. Mais, avec le temps, ils se sont perdus de vue.

Les trois amis d’Isaac, ainsi que leurs femmes, sont par la suite devenus Témoins de Jéhovah. Et Isaac ? Il a suivi les traces de son père, qui était un sorcier très connu. Son objectif était de gagner de l’argent, et il est devenu riche. Il possédait une centaine de bêtes et avait un bon compte en banque. Comme tout homme riche de sa communauté, Isaac avait aussi deux femmes. C’est alors que Matlabane est parti à la recherche d’Isaac pour lui dire que lui et ses deux autres amis avaient trouvé la vraie religion.

Lorsqu’ils se sont retrouvés, Isaac a été ravi de revoir son ami. Il était aussi curieux de savoir pourquoi ses anciens amis étaient devenus Témoins de Jéhovah. Une étude biblique a commencé à l’aide de la brochure Vivez éternellement heureux sur la terre ! Dans l’édition en langue locale, l’image numéro 17 montre un sorcier africain en train de jeter des osselets sur le sol pour répondre à la question d’un client. Isaac a été étonné de découvrir, d’après les versets qui étaient donnés en référence — Deutéronome 18:10, 11 — que de telles pratiques spirites déplaisent à Dieu. Il a également été troublé par l’image numéro 25 où l’on voit un homme entouré de plusieurs femmes. Cette image renvoyait aussi au texte de 1 Corinthiens 7:1-4, qui montre qu’un vrai chrétien ne peut avoir qu’une seule femme.

Isaac désirait vivement obéir aux Écritures. À l’âge de 68 ans, il a donc renvoyé sa deuxième épouse et a légalisé son mariage avec sa première femme, Florina. Il a également abandonné son métier et a jeté ses osselets de sorcellerie. Un jour qu’il était en train d’étudier la Bible, deux clients sont arrivés de très loin. Ils venaient le rembourser de ce qu’ils lui devaient [140 dollars à l’époque], en contrepartie de services rendus antérieurement. Isaac a refusé cet argent. Il leur a donné le témoignage en leur expliquant qu’il avait cessé son activité de sorcier et qu’il étudiait maintenant la Bible dans l’intention de devenir Témoin de Jéhovah. Ce qu’il a fait rapidement ! En 1985, Florina et lui se sont fait baptiser. Depuis quelques années, Isaac, âgé à présent de 90 ans, est ancien dans la congrégation chrétienne.

[Tableau/Graphique, pages 124, 125]

Afrique du Sud REPÈRES HISTORIQUES

1900

1902 Les publications bibliques pénètrent en Afrique du Sud.

1910 William Johnston établit le bureau de la filiale à Durban.

1916 Arrivée du “ Photo-Drame de la Création ”.

1917 Le bureau de la filiale est transféré au Cap.

1920

1924 Une presse est expédiée par bateau au Cap.

1939 Parution de Consolation en afrikaans.

1940

1948 Construction de la première Salle du Royaume, près du Cap.

1949 Parution de La Tour de Garde en zoulou.

1952 Le Béthel d’Elandsfontein est achevé.

1979 Installation d’une presse offset TKS.

1980

1987 Construction d’un Béthel à Krugersdorp ; il sera agrandi en 1999.

1992 Première Salle du Royaume construite à Soweto selon la méthode rapide.

2000

2004 Agrandissement de l’imprimerie. Mise en service d’une rotative MAN Roland Lithoman.

2006 Nouveau maximum de 78 877 proclamateurs.

[Graphique]

(Voir la publication)

Total des proclamateurs

Total des pionniers

80 000

40 000

1900 1920 1940 1980 2000

[Tableau/Illustrations, pages 148, 149]

Une multitude de langues

L’imprimerie d’Afrique du Sud produit ‘ La Tour de Garde ’ en 33 langues.

Une grande diversité de modes

En Afrique, il existe une grande diversité de styles vestimentaires, de bijoux et de tissus imprimés hauts en couleurs.

Zoulou

POUR SE SALUER “ Sanibona ”

NOMBRE DE LOCUTEURS 10 677 000 *

NOMBRE DE PROCLAMATEURS 29 000 *

Sesotho

POUR SE SALUER “ Lumelang ”

NOMBRE DE LOCUTEURS 3 555 000

NOMBRE DE PROCLAMATEURS 10 530

Sepedi

POUR SE SALUER “ Thobela ”

NOMBRE DE LOCUTEURS 4 209 000

NOMBRE DE PROCLAMATEURS 4 410

Tsonga

POUR SE SALUER “ Xewani ”

NOMBRE DE LOCUTEURS 1 992 000

NOMBRE DE PROCLAMATEURS 2 540

Xhosa

POUR SE SALUER “ Molweni ”

NOMBRE DE LOCUTEURS 7 907 000

NOMBRE DE PROCLAMATEURS 10 590

Afrikaans

POUR SE SALUER “ Hallo ”

NOMBRE DE LOCUTEURS 5 983 000

NOMBRE DE PROCLAMATEURS 7 510

Tswana

POUR SE SALUER “ Dumelang ”

NOMBRE DE LOCUTEURS 3 677 000

NOMBRE DE PROCLAMATEURS 4 070

Venda

POUR SE SALUER “ Ri a vusa ”

NOMBRE DE LOCUTEURS 1 021 800

NOMBRE DE PROCLAMATEURS 480

[Notes de l’encadré]

^ § 518 Chiffres approximatifs.

^ § 519 Chiffres approximatifs.

[Illustrations pleine page, page 66]

[Illustration, page 71]

Un bois jaune.

[Illustration, page 74]

Stoffel Fourie.

[Illustration, page 74]

“ Études des Écritures. ”

[Illustration, page 74]

La congrégation de Durban avec W. Johnston, en 1915.

[Illustration, pages 74, 75]

Johannes Tshange et sa famille.

[Illustration, page 75]

La première filiale, située dans une petite pièce de cet immeuble.

[Illustration, page 77]

Japie Theron.

[Illustration, page 79]

Henry Myrdal.

[Illustration, page 79]

Piet de Jager.

[Illustration, page 82]

Henry Ancketill, en 1915.

[Illustration, page 82]

Grace et David Taylor.

[Illustration, page 82]

Cette brochure, publiée en 1931, contenait la résolution relative au nouveau nom de Témoins de Jéhovah.

[Illustrations, page 84]

La famille du Béthel du Cap en 1931, dont George et Stella Phillips.

[Illustration, page 87]

Enregistrement en xhosa.

[Illustration, page 87]

Andrew Jack et la presse Frontex, 1937.

[Illustration, page 87]

Premier numéro de “ Consolation ” et de “ La Tour de Garde ” en afrikaans.

[Illustration, page 90]

Délégués à l’assemblée de Johannesburg, 1944.

[Illustration, page 90]

Un discours est annoncé à l’aide de pancartes, 1945.

[Illustration, page 90]

Frans Muller et Piet Wentzel se servant de phonographes, 1945.

[Illustration, page 95]

Gert Nel, serviteur des frères, 1943.

[Illustration, page 95]

Prédication en campagne, 1948.

[Illustration, page 99]

Andrew Masondo et sa seconde femme, Ivy.

[Illustration, page 99]

Luke et Joyce Dladla.

[Illustration, page 99]

Première “ Tour de Garde ” en zoulou.

[Illustration, page 102]

Par son bel exemple, Velloo Naicker a aidé plus de 190 membres de sa famille à accepter la vérité.

[Illustrations, page 102]

Gopal Coopsammy à l’âge de 21 ans, et aujourd’hui avec sa femme, Susila ; ils ont amené 150 personnes au baptême.

[Illustration, pages 104, 105]

Isabella Elleray.

Doreen Kilgour.

[Illustration, pages 108, 109]

Béthel d’origine, 1952.

Béthel d’Elandsfontein, 1972.

[Illustrations, page 110]

Moments forts à certaines assemblées de district :

(En haut) Parution du livre “ Enfants ”, 1942 ; (au milieu) candidats au baptême, 1959 ; (en bas) chorale xhosa accueillant des délégués, 1998.

L’année dernière, 3 428 personnes se sont fait baptiser !

[Illustration, page 120]

Elijah Dlodlo, qui a été fouetté.

[Illustration, page 121]

Florah Malinda, pionnière permanente. Sa fille a été sauvagement assassinée.

[Illustration, page 122]

Moses Nyamussua, assassiné par une bande armée.

[Illustrations, pages 140, 141]

Construction de Salles du Royaume selon la méthode rapide :

La congrégation de Kagiso a reçu de l’aide pour bénéficier d’un nouveau lieu de culte.

Avant.

Pendant.

Après.

Les membres de la congrégation de Rathanda, à Heidelberg, affectionnent leur nouvelle Salle du Royaume.

Dans 37 pays africains, déjà 7 207 salles de bâties ! Il en faut encore 3 305 !

[Illustration, page 147]

La famille Roussouw aujourd’hui.

[Illustrations, page 150]

Salle d’assemblées de Midrand.

[Illustration, page 155]

Secours envoyés au Zimbabwe, 2002.

[Illustration, page 155]

Un programme informatique a été mis au point pour aider les traducteurs.

[Illustrations, pages 156, 157]

Filiale d’Afrique du Sud, 2006.

Bâtiments d’habitation, bâtiments administratifs, nouvelle presse et service des expéditions.

[Illustrations, pages 156, 157]

Le Comité de la filiale.

Piet Wentzel.

Loyiso Piliso.

Rowen Brookes.

Raymond Mthalane.

Frans Muller.

Pieter de Heer.

Jannie Dieperink.

[Illustrations, pages 161, 162]

Namibie.

William et Ellen Heindel.

Coralie et Dick Waldron, 1951.

Le bureau de traduction en Namibie.

[Illustrations, page 167]

Lesotho.

(En haut) Abel Modiba effectuant son service itinérant ; (ci-dessus) troglodytes se rassemblant autour d’un missionnaire ; (à gauche) Per-Ola et Birgitta Nygren.

[Illustrations, page 168]

Botswana.

Les Thongoana donnent le témoignage à un marchand ambulant.

Prédication de hutte en hutte.

[Illustrations, page 170]

Swaziland.

James et Dawne Hockett.

Prédication sur un marché artisanal, à Mbabane.

[Illustrations, page 170]

Sainte-Hélène.

La campagne des “ Nouvelles du Royaume ” n’a duré qu’une journée ; (ci-dessous) ville portuaire de Jamestown.

[Illustration, page 175]

Assemblée internationale de 1993.