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L’hindouisme: À la recherche de la Délivrance

L’hindouisme: À la recherche de la Délivrance

Chapitre 5

L’hindouisme: À la recherche de la Délivrance

“Dans la société hindoue, il est de coutume, sitôt levé, d’aller se baigner à la rivière, ou de prendre un bain chez soi s’il n’y a pas de cours d’eau à proximité. C’est là, pense-​t-​on, un moyen de se purifier. Après quoi, toujours à jeun, on se rend au temple pour faire des offrandes de fleurs et de nourriture au dieu de la localité; des fidèles lavent l’idole et l’enduisent de poudre rouge et jaune.

“Presque toutes les maisons ont un coin de mur, parfois même une pièce entière, réservé au culte de la divinité que s’est choisie la famille. Dans certains endroits, on rend un culte fervent à Ganesha, le dieu à tête d’éléphant. On s’adresse tout particulièrement à lui pour faire réussir une entreprise, car il a, croit-​on, le pouvoir d’enlever les obstacles. Ailleurs, on accordera peut-être la préférence à Krishna, à Râma, à Shiva, à Durgâ ou à d’autres divinités encore.” — Tara C., Katmandou, Népal.

1. a) Décrivez quelques coutumes hindoues. b) Dans quel domaine les conceptions occidentales et hindoues diffèrent-​elles notamment?

QU’EST-​CE au juste que l’hindouisme? Correspond-​il au cliché qu’on reprend en Occident: vénération d’animaux et bains dans le Gange, sur fond de système de castes? Ou est-​il plus que cela? En vérité, l’hindouisme recouvre bien davantage; c’est une autre conception de la vie, totalement étrangère aux valeurs occidentales. En général, les Occidentaux considèrent la vie comme une suite chronologique d’événements qui s’inscrivent dans l’Histoire. Pour les hindous, la vie obéit à un cycle perpétuel dans lequel l’histoire humaine n’a que peu d’importance.

2, 3. a) Pourquoi l’hindouisme est-​il difficile à appréhender? b) Comment un écrivain indien situe-​t-​il l’hindouisme par rapport au polythéisme?

2 Religion sans credo fixe, sans clergé hiérarchisé ni autorité suprême, l’hindouisme ne se laisse pas facilement appréhender, malgré la présence en son sein de svâmi (enseignants) et de guru (ou gourous; maîtres spirituels). Un livre d’histoire le définit à grands traits comme “l’ensemble des croyances et des institutions qui se sont développées depuis la composition du Veda, ses textes anciens (et les plus saints), jusqu’à nos jours”. Un autre ouvrage déclare: “Nous pourrions envisager l’hindouisme comme l’attachement et la dévotion aux dieux Vishnu ou Çiva [Shiva], à la déesse Shakti, ou encore à leurs incarnations, à leurs manifestations, à leurs épouses ou à leur progéniture.” Cette définition englobe par conséquent le culte de Râma et de Krishna (deux incarnations de Vishnu), celui de Durgâ, de Skanda et de Ganesha (respectivement l’épouse et les fils de Shiva). Pourtant, en dépit des 330 millions de dieux qu’on lui prête, l’hindouisme ne serait pas une religion polythéiste. Pourquoi?

3 A. Parthasarathy, écrivain indien, avance cette explication: “Les hindous ne sont pas polythéistes. L’hindouisme ne parle que d’un seul Dieu (...). Les dieux et les déesses du panthéon hindou servent uniquement à figurer les pouvoirs et les fonctions du seul Dieu suprême de l’univers sensible.”

4. Que recouvre le terme “hindouisme”?

4 Les hindous appellent souvent leur religion sanātana-dharma, la loi ou l’ordre éternel. Le terme “hindouisme *” est une dénomination des plus floues. Il recouvre une multitude de religions et de sectes (saṃpradāya) qui, au fil des millénaires, sont apparues et se sont multipliées dans le cadre complexe de la mythologie hindoue primitive. Cette mythologie est si difficile à démêler que la Mythologie générale, publiée chez Larousse, tient sur elle ces propos: “La mythologie indienne est une jungle inextricable d’exubérantes frondaisons. Lorsqu’on s’y trouve engagé, on perd la clarté du jour et toute netteté d’orientation.” Ce chapitre abordera néanmoins quelques-uns des traits caractéristiques et des enseignements de l’hindouisme.

Aux sources de l’hindouisme

5. Quelle place l’hindouisme occupe-​t-​il dans le monde?

5 Moins répandu que d’autres grandes religions, l’hindouisme comptait cependant près de 700 millions d’adeptes en 1990, soit approximativement 1 humain sur 8 (13 % de la population mondiale). Comme presque tous vivent en Inde, on peut naturellement se demander pour quelle raison et de quelle façon l’hindouisme s’est particulièrement fixé dans ce pays.

6, 7. a) Selon certains historiens, comment l’hindouisme est-​il apparu en Inde? b) Quelle version l’hindouisme donne-​t-​il du déluge? c) D’après l’archéologue John Marshall, quel genre de religion pratiquait-​on dans la vallée de l’Indus avant l’arrivée des Aryens?

6 Si l’on en croit certains historiens, les bases de l’hindouisme auraient été jetées voilà plus de 3 500 ans, lorsque des Aryens de race blanche venus du nord-ouest migrèrent dans la vallée de l’Indus, qui s’étend en gros sur les territoires actuels du Pakistan et de l’Inde. De là, ils progressèrent vers le bassin du Gange et à travers l’Inde. Des experts sont d’avis que ces émigrants tiraient leurs conceptions religieuses d’un ancien fonds de croyances iraniennes et babyloniennes. On retrouve d’ailleurs dans l’hindouisme un thème commun à bien d’autres cultures: la légende d’un déluge. — Voir l’encadré de la page 120.

7 Mais à quoi ressemblait la religion qui se pratiquait dans la vallée de l’Indus avant l’arrivée des Aryens? L’archéologue Sir John Marshall parle de “‘la Grande Déesse-mère’, dont les figurines présentent parfois une femme enceinte, mais le plus souvent une femme nue portant des colliers serrés autour du cou et une coiffure (...). Vient ensuite le ‘Dieu Mâle’, ‘dans lequel on reconnaît immédiatement un prototype du Shiva historique’, en position assise, les plantes des pieds jointes (une posture de yoga), ithyphallique (ce qui n’est pas sans évoquer le culte du liṅga [phallus]), et entouré d’animaux (ce qui vaut à Çiva l’épithète de ‘Seigneur des bêtes sauvages’). Les phallus et les vulves de pierre foisonnent, (...) signalant le culte du liṅga et de la yoni attribués à Çiva et à son épouse”. (Les religions dans le monde — de l’Antiquité à nos jours [angl.].) Aujourd’hui encore, on vénère Shiva comme le dieu de la fertilité, le dieu du phallus (linga). Il a pour monture le taureau Nandi.

8, 9. a) Comment un exégète hindou réfute-​t-​il la théorie de Marshall? b) Quels arguments a-​t-​on échangés à propos d’objets vénérés par les hindous et par les “chrétiens”? c) Sur quoi reposent les textes sacrés de l’hindouisme?

8 L’exégète hindou Swami Sankarananda ne partage pas l’interprétation de Sir John Marshall. Il affirme au contraire que ces pierres que l’on vénérait, certaines sous le nom de Śiva-liṅga, symbolisaient à l’origine le “feu du ciel, ou encore le soleil et le feu qu’il dégage, c’est-à-dire ses rayons”. (The Rigvedic Culture of the Pre-Historic Indus.) Il fait valoir qu’“au départ le culte du sexe (...) n’était pas d’essence religieuse, qu’il n’est qu’un sous-produit et une perversion de sa forme première. Ce sont les gens qui ont ramené à leur niveau des concepts trop élevés qu’ils n’étaient pas à même de comprendre”. Il retourne ensuite l’argument contre les Occidentaux qui décrient l’hindouisme, en rappelant que les chrétiens vénèrent la croix, un symbole phallique d’origine païenne, ce qui fait d’eux “les fervents d’un culte du sexe”.

9 Avec le temps, les croyances, les mythes et les légendes de l’Inde ont été couchés par écrit. Ils forment à présent les textes sacrés de l’hindouisme. En dépit de leur volume considérable, ces écrits ne cherchent pas à présenter la religion hindoue comme un bloc uniforme.

Les textes sacrés de l’hindouisme

10. Quels sont quelques-uns des textes les plus anciens de l’hindouisme?

10 Les textes les plus anciens forment le Veda, un recueil d’hymnes et de prières divisé en quatre parties: le Rig-Veda, le Sāma-Veda, le Yajur-Veda et l’Atharva-Veda. Sa rédaction, qui s’est étalée sur plusieurs siècles, s’est achevée aux alentours de l’an 900 avant notre ère. La littérature védique s’est par la suite enrichie d’autres documents, parmi lesquels les Brâhmana et les Upanishad.

11. a) En quoi les Brâhmana et les Upanishad diffèrent-​ils? b) Quelles doctrines sont exprimées dans les Upanishad?

11 Rédigés au plus tôt vers l’an 300 avant notre ère, les Brâhmana s’attachent à définir la bonne façon d’exécuter les rites et les sacrifices domestiques ou publics, dont ils commentent avec minutie la signification profonde. Les Upanishad (littéralement, “assis aux pieds d’un maître”), connus également sous le nom de Vedânta, furent consignés entre 600 et 300 avant notre ère. Ce sont des traités sur ce qui, dans la philosophie hindoue, détermine chaque pensée et chaque action. C’est dans ces écrits que se trouvent exprimées la doctrine du samsâra (transmigration de l’âme) et celle du Karma (croyance selon laquelle la condition présente d’un individu résulte des actions accomplies lors d’une vie antérieure).

12. Qui était Râma, et où trouve-​t-​on le récit de ses aventures?

12 Mentionnons aussi un autre groupe de textes, les Purâna, longs récits allégoriques qui décrivent les nombreuses actions légendaires des dieux, des déesses et des héros hindous. Le vaste catalogue sacré hindou renferme aussi des épopées, le Rāmāyaṇa et le Mahābhārata. La première relate l’histoire du “Seigneur Râma, (...) le personnage le plus glorieux de la littérature sacrée”, pour reprendre les propos de A. Parthasarathy. Le Rāmāyaṇa, qui jouit d’une immense popularité auprès des hindous, fut rédigé vers le IVsiècle avant notre ère. Il raconte les aventures du héros Râma (Râmachandra), que les hindous considèrent comme la personnification du fils, du frère et du mari idéal. Il passe pour le septième avatâra (incarnation) de Vishnu, et son nom est souvent utilisé dans les formules de salutation.

13, 14. a) Comment une source hindoue définit-​elle la Bhagavad-Gītā? b) Que signifient les termes “Shruti” et “Smriti”, et qu’est-​ce que le Manu Smriti?

13 Selon Bhaktivedanta Swami Prabhupâda, fondateur de l’Association internationale pour la Conscience de Krishna, “la Bhagavad-Gītā [une partie du Mahābhārata] enseigne la moralité la plus haute. (...) La Bhagavad-Gītā constitue donc la voie suprême de religion et de moralité. (...) C’est en elle, en son enseignement ultime, que réside le sommet de la moralité et de la religion: s’abandonner à Kṛṣṇa [Krishna]”. — BG.

14 La Bhagavad-Gītā (Chant Divin), qui, dit-​on, “renferme la quintessence de la sagesse védique de l’Inde”, a la forme d’“un dialogue entre Śri Kṛṣṇa [Krishna], Maître Souverain, et Arjuna, Son ami et dévot intime, — dialogue par quoi Il instruit ce dernier, en plein champ de bataille, sur la science de la réalisation spirituelle”. La Bhagavad-Gītā ne représente cependant qu’une fraction de la vaste littérature sacrée hindoue. Une partie de ces textes (Veda, Brâhmana et Upanishad) sont dits “Shruti”, “ce qui a été entendu”. On les tient donc pour le produit d’une révélation directe. D’autres ouvrages, tels les épopées et les Purâna, appartiennent à la “Smriti”, “ce qui est retenu par la mémoire”. Ils ont en conséquence été composés par des hommes, à partir toutefois de la révélation. L’un d’eux, le Manu Smriti, jette les bases de la religion et des lois qui régissent la société hindoue, tout en posant le principe du système des castes. Examinons maintenant quelques-unes des croyances auxquelles ces écrits ont donné naissance.

Enseignements et conduite: ahimsâ et varna

15. a) Expliquez ce qu’est l’ahimsâ, et dites comment les jaïna la mettent en pratique. b) Comment Gândhî considérait-​il l’ahimsâ? c) En quoi les sikh se distinguent-​ils des hindous et des jaïna?

15 Dans l’hindouisme, comme dans d’autres religions, la pensée et la conduite du croyant sont en partie modelées par certaines notions-clés. Un aspect essentiel est celui d’ahimsâ (sanskrit ahiṃsā), le concept de non-violence qui valut à Mohandas Gândhî (1869-​1948), le “Mahâtma”, une renommée internationale. (Voir l’encadré de la page 113.) Cette philosophie invite les hindous à ne pas tuer ni rudoyer d’autres créatures. C’est une des raisons qui les incitent à vénérer certains animaux, tels la vache, le serpent et le singe. Les plus fervents partisans de l’ahimsâ et du strict respect de la vie sont les adeptes du jaïnisme (mouvement fondé au VIsiècle avant notre ère). Les jaïna marchent nu-pieds et vont jusqu’à se couvrir la bouche d’un écran pour ne pas risquer d’avaler un insecte. (Voir l’encadré de la page 104 et la photographie ci-dessus.) Les sikh, à l’opposé, sont connus pour leurs traditions guerrières. “Singh”, nom de famille courant dans leur communauté, signifie “lion”. — Voir l’encadré des pages 100 et 101.

16. a) Comment la plupart des hindous considèrent-​ils le système des castes? b) Qu’a déclaré Gândhî à propos de ce système?

16 Une des caractéristiques les plus connues de l’hindouisme est son système de castes (varna), une structure qui divise la société en classes rigides. (Voir l’encadré de la page 113.) Un observateur ne manquera pas de s’apercevoir que ce système de stratification sociale, pourtant rejeté par les bouddhistes et les jaïna, cloisonne encore la société hindoue. Comparable à la discrimination raciale qui subsiste aux États-Unis ou ailleurs, le système des castes reste profondément ancré dans la mentalité indienne. On pourrait rapprocher la conscience de classe des hindous à celle qui existe toujours, à un degré moindre, dans la société britannique ou dans d’autres nations (Jacques 2:1-9). En Inde, on naît au sein d’un système de castes rigoureux, auquel il est pratiquement impossible d’échapper. Du reste, l’hindou moyen ne cherche pas à s’y soustraire. Il considère le sort qui lui échoit comme prédéterminé, inéluctable; c’est pour lui le fruit de son Karma, la rétribution des actes qu’il a accomplis lors d’une vie antérieure. Mais comment les castes sont-​elles apparues? Cette question nous oriente, une fois de plus, vers la mythologie hindoue.

17, 18. D’après la mythologie de l’Inde, quelle est l’origine du système des castes?

17 D’après la mythologie de l’Inde, il y avait à l’origine quatre grandes castes originelles correspondant aux diverses parties du corps de Purusha, l’“Homme primordial”. Les strophes du Rig-Veda déclarent:

“Lorsque les Dieux eurent découpé l’Homme, comment en disposèrent-​ils (les parts)?

Que (devint) sa bouche? que (devinrent) ses bras? comment furent appelés ses cuisses et ses pieds?

Sa bouche devint le brahmane [membre de la plus haute des castes]; ses deux bras, le noble [râjanya];

Ses deux cuisses, le producteur [Vaishya]; le serf [Shûdra] quant à lui naquit de ses deux pieds.” — Cosmogonies védiques.

18 On estime donc que les brahmanes (brâhmana), membres de la caste sacerdotale, la plus élevée de toutes, sont nés de la bouche de Purusha, la partie la plus noble de son corps. Les Kshatriya, ou Râjanya (administrateurs et hommes de guerre), sont issus de ses bras. La classe des marchands et des paysans, les Vaishya (Vaiçya), est sortie de ses cuisses. La caste inférieure, les Shûdra (Sūdra), est une classe d’ouvriers provenant de ses pieds, la partie la plus basse de son corps.

19. Quelles autres castes ont fait leur apparition?

19 Au fil des siècles sont même apparues des castes de plus basse condition: les hors-castes et les Intouchables, que Mahâtma Gândhî appela avec plus de bienveillance les Harijân, “peuple du dieu Vishnu”. Même si l’intouchabilité a été abrogée en Inde en 1948, les Intouchables n’en continuent pas moins à mener une existence très rude.

20. Décrivez d’autres aspects du système des castes.

20 Le temps passant, les castes se sont diversifiées, au point de devenir presque aussi nombreuses que les métiers qui se pratiquent en Inde. En réalité, cet ancien système de castes, qui assigne à chacun une place dans la hiérarchie sociale, repose également sur des découpes raciales. Il “prend en compte différents types raciaux, des ‘Aryens’ [à la peau claire], aux peuples de souche prédravidienne [plus sombres de peau]”. Le terme “varna”, rendu par caste, signifie “couleur”. “Les trois castes supérieures étaient composées d’Aryens, au teint clair; la quatrième, qui englobait les aborigènes à la peau sombre, n’était pas aryenne.” (Myths and Legends Series — India, Donald Mackenzie). Il est avéré que le système des castes en vigueur en Inde et appuyé par la doctrine du Karma condamne des millions de gens à souffrir perpétuellement de la pauvreté et de l’injustice.

Le terrible cycle des existences

21. Selon le Garuḍa-Purāṇa, comment le Karma détermine-​t-​il le destin d’une personne?

21 L’éthique et le comportement d’un hindou sont intimement liés à une autre croyance fondamentale: la loi du Karma, selon laquelle chaque acte porte des fruits, bons ou mauvais. C’est le Karma qui détermine chacune des renaissances que connaîtra l’âme par le jeu de la transmigration, ou réincarnation. Le Garuḍa-Purāṇa donne ces explications:

“L’homme crée lui-​même son propre destin, et même dans sa vie fœtale il subit la dynamique des œuvres accomplies au cours de son existence antérieure. Qu’il se terre dans la montagne ou s’assoupisse au cœur de la mer, qu’il soit en sécurité sur les genoux de sa mère ou tenu à bout de bras au-dessus de la tête maternelle, l’homme ne peut échapper à ses actions passées. (...) Quel que soit le moment, ou quelle que soit l’époque, tout ce qui doit lui advenir l’atteindra à coup sûr, exactement à la date prévue.”

On lit encore:

“La connaissance acquise durant l’existence précédente, les biens offerts par charité au cours de la vie antérieure et les œuvres accomplies lors d’une incarnation antérieure, tout cela précède l’âme de l’homme dans le lieu où elle se rend.”

22. a) De quelles façons différentes conçoit-​on la destinée de l’âme après la mort dans l’hindouisme et dans la chrétienté? b) Qu’enseigne la Bible sur l’âme?

22 Sur quoi s’articule cette croyance? La doctrine du Karma est indissociable de la notion d’âme immortelle, mais elle imprime à cette notion un sens différent de celui que lui prête la chrétienté. Les hindous croient que chaque âme individuelle, jīva ou prān *, connaît de multiples réincarnations et peut-être aussi l’“enfer”. Elle doit donc s’efforcer de s’unir à la “Réalité suprême”, au Brahman, ou Brahm (à ne pas confondre avec le dieu hindou Brahmâ). Dans la chrétienté, en revanche, l’âme peut avoir différentes destinées au gré des convictions de chacun: le ciel, l’enfer, le purgatoire ou les limbes. — Ecclésiaste 9:5, 6, 10; Psaume 146:4.

23. Comment la croyance au Karma rejaillit-​elle sur la façon dont les hindous considèrent l’existence? (Voir Galates 6:7-10.)

23 Un des effets de la croyance au Karma se manifeste chez les hindous par une tendance au fatalisme. Ils estiment que le statut social et les conditions d’existence d’un individu sont la juste rétribution d’actes antérieurs toujours mérités, quels qu’ils soient. L’hindou peut s’efforcer d’accumuler du bon Karma et espérer renaître dans un contexte plus supportable. Voilà pourquoi il se résoudra plus facilement à son sort qu’un Occidental. Un hindou voit en cela un principe de causalité lié à son existence précédente, principe qui consisterait à moissonner durant sa vie ce qu’on aurait semé au cours d’une vie antérieure. Ce concept est bien sûr totalement subordonné à la croyance à une âme humaine immortelle et à sa faculté de passer d’une vie à une autre, qu’elle soit humaine, animale ou végétale.

24. Qu’est-​ce que le moksha, et comment chaque hindou espère-​t-​il le réaliser?

24 Quel est en définitive le but ultime de la foi hindoue? Réaliser le moksha, la libération ou délivrance du cycle douloureux des renaissances et des existences successives. C’est pour l’“âme”, non pour le corps, échapper à la nécessité de s’incarner à nouveau. “Chaque hindou souhaitant accéder au moksha, c’est-à-dire en finir avec une longue suite d’incarnations, sa mort, a-​t-​on pu lire, est l’événement le plus important de sa vie.” La réalisation du moksha passe par plusieurs voies, ou mârga. (Voir l’encadré de la page 110.) Il est surprenant de constater tout ce que cette doctrine doit à la notion d’immortalité de l’âme enseignée dans la Babylone antique.

25. En quoi la façon dont les hindous considèrent la vie diffère-​t-​elle des vues exprimées dans la Bible?

25 Toutefois, selon la Bible, le mépris de la vie matérielle est aux antipodes du dessein que Jéhovah Dieu conçut à l’origine pour l’humanité. Ayant créé le premier homme et la première femme, il leur offrit de goûter sur la terre une vie heureuse et pleine d’agréments. La Bible le relate en ces termes:

“Et Dieu se mit à créer l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa; il les créa mâle et femelle. En outre, Dieu les bénit et Dieu leur dit: ‘Soyez féconds, et devenez nombreux, et remplissez la terre, et soumettez-​la, et tenez dans la soumission les poissons de la mer, et les créatures volantes des cieux, et toute créature vivante qui se meut sur la terre.’ (...) Après cela, Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici que cela était très bon.” (Genèse 1:27-31).

La Bible annonce que la terre va prochainement entrer dans une ère de paix et de justice. Chaque famille disposera d’un logement décent et jouira d’une santé parfaite. Les hommes se verront offrir une vie sans fin. — Ésaïe 65:17-25; 2 Pierre 3:13; Révélation 21:1-4.

26. À quelle question nous faut-​il répondre à présent?

26 Parlons à présent des dieux auxquels doit plaire un hindou en quête d’un bon Karma.

Le panthéon hindou

27, 28. a) De quels dieux la Trimûrti hindoue se compose-​t-​elle? b) Qui sont leurs épouses ou parèdres? c) Citez d’autres dieux et déesses hindous.

27 Bien que l’hindouisme soit à même de revendiquer des millions de divinités, dans la pratique quelques dieux seulement ont polarisé la vénération des diverses sectes hindouistes. Trois des plus grands dieux de l’Inde cœxistent au sein de la “Trimûrti”, une trinité ou triade de dieux. — L’encadré des pages 116 et 117 dresse une liste d’autres dieux hindous.

28 Cette triade se compose de Brahmâ le Créateur, de Vishnu le Conservateur et de Shiva le Destructeur. Tous trois ont au moins une épouse ou parèdre. Brahmâ est l’époux de Sarasvatî, la déesse du savoir. Vishnu a pour femme Lakshmî, tandis que Shiva eut pour première épouse Satî, qui se donna la mort. Elle fut la première femme à pratiquer la suttie en s’immolant par le feu. Observant son exemple mythique, des milliers de veuves indiennes se sont volontairement laissées brûler vives sur le bûcher funéraire de leur mari. Cette coutume, qui s’est perpétuée des siècles durant, est aujourd’hui interdite par la loi. Shiva a une autre épouse, qui porte divers noms et titres. Paisible sous la forme de Pârvatî, de Umâ ou encore de Gaurî, la Fauve, elle est aussi une divinité terrible quand elle a pour nom Durgâ ou Kâlî.

29. Quelle place les hindous accordent-​ils à Brahmâ? (Voir Actes 17:22-31.)

29 Pour être la figure centrale de la mythologie hindoue, Brahmâ n’occupe pourtant qu’une place minime auprès de la masse des fidèles. Malgré son épithète de Créateur, il ne possède d’ailleurs que très peu de sanctuaires. La mythologie attribue la création de l’univers matériel à une cause, un principe, un Être suprême — Brahman ou Brahm, que l’on symbolise par la syllabe sacrée OM, ou AUM. Les trois membres de la triade hindoue sont vus comme des éléments de cet “Être premier”; tous les autres dieux en sont des manifestations. Quel que soit donc le dieu que l’on place au rang suprême, cette divinité englobe tout. Voilà pourquoi, bien qu’ils vénèrent ouvertement des millions de dieux, la plupart des hindous ne reconnaissent qu’un seul Dieu véritable, susceptible de revêtir des formes multiples, masculines, féminines et même animales. Partant, les indianistes sont prompts à faire valoir le caractère résolument monothéiste de l’hindouisme. L’évolution de la pensée védique a toutefois amené la dissolution de la notion d’Être suprême au profit d’une réalité, d’un principe divin impersonnel.

30. Décrivez quelques-uns des avatâra de Vishnu?

30 Vishnu, dieu solaire et cosmique à valeur bienveillante, est la divinité principale des adeptes du vaishnavisme. On le retrouve à travers dix avatâra (incarnations), dont ceux de Râma, de Krishna et du Bouddha *. Une autre manifestation de Vishnu est l’avatâra Nârâyana, que l’on représente “sous la forme d’un homme endormi sur les anneaux du serpent Shesha ou Ananta. Il flotte sur l’océan cosmique en compagnie de son épouse, la déesse Lakshmî, assise à ses pieds. De son nombril sort un lotus duquel surgit le dieu Brahmâ”. — The Encyclopedia of World Faiths.

31. Quel genre de dieu Shiva est-​il?

31 Shiva, encore appelé Maheshvara (le Maître Absolu) et Mahâdeva (le Grand Dieu), est la deuxième divinité majeure de l’hindouisme. Son culte a pour nom le shaivisme. On décrit Shiva comme “l’Ascète, le grand yogin, celui qui, assis, le corps couvert de cendres et la chevelure tressée, s’absorbe dans la méditation sur les pentes des Himalaya”. Il est également célèbre “pour son érotisme, tant dans son rôle de dieu de la fertilité qu’en sa qualité de Mahâdeva, le Seigneur de l’univers”. (The Encyclopedia of World Faiths.) On l’adore au travers du linga, un symbole phallique. — Voir les photographies de la page 99.

32. a) Quels aspects la déesse Kâlî revêt-​elle? b) Comment son culte a-​t-​il fourni la racine d’un mot anglais?

32 Comme beaucoup d’autres religions, l’hindouisme vénère une Grande Déesse, tantôt aimable, tantôt redoutable. Sous son visage le plus séduisant, c’est Pârvatî, ou encore Umâ. Mais elle prend aussi un aspect terrifiant sous les traits de Durgâ ou de Kâlî, déesse cruelle qui se repaît de sacrifices sanglants. En tant que Divine Mère, Kâlî Mâ (Mère noire de la terre) est la divinité de prédilection des adeptes du shaktisme. Représentée sous la forme d’une femme nue jusqu’aux hanches, elle est parée d’ornements macabres, de serpents et de crânes. Autrefois, certains de ses sectateurs, les Thugs, lui offraient des victimes humaines en les étranglant. De leur nom dérive le mot anglais “thug”, “étrangleur, assassin”.

Le rôle du Gange dans l’hindouisme

33. Pourquoi les hindous tiennent-​ils le Gange pour sacré?

33 Il est impossible de parler du panthéon hindou en passant sous silence le plus sacré des fleuves de l’Inde, le Gange. La mythologie hindoue a souvent un lien direct avec celle que les dévots hindous nomment Gaṅgā Mātā, “notre Mère le Gange”. (Voir la carte de la page 123.) Une prière dite en son honneur lui donne 108 noms différents. Pourquoi les fidèles hindous vénèrent-​ils ce fleuve avec tant de zèle? Parce que non seulement le Gange assure l’essentiel de leur subsistance, mais aussi parce qu’il a des sources mythiques. Les hindous pensent en effet que le Gange coulait autrefois dans les cieux, où il formait la Voie lactée. Comment est-​il devenu un fleuve terrestre?

34. Selon une légende hindoue, comment le Gange aurait-​il pris naissance?

34 À quelques variantes près, la plupart des hindous l’expliqueraient ainsi: Mahârâjah Sagara avait 60 000 fils qui furent consumés par le feu de Kapila, une des manifestations de Vishnu. Leur âme fut condamnée à rester en enfer, à moins que la déesse Gangâ n’accepte de descendre des cieux pour les purifier et ôter la malédiction qui pesait sur eux. Bhâgîratha, un petit-fils de Sagara, implora Brahmâ d’envoyer sur la terre la Gangâ céleste. Voici une des versions de ce qui arriva alors: “‘Comment pourrais-​je descendre sur la terre?’ répondit Ganga. ‘Je suis un torrent si puissant que je fracasserais le soubassement de la terre.’ Aussi, [Bhâgîratha], après avoir fait pénitence pendant mille ans, alla-​t-​il trouver le dieu Çiva, le plus grand de tous les ascètes, et le convainquit de se tenir au-dessus de la terre parmi les roches et les glaces de l’Himalaya. Çiva avait les cheveux tressés en chignon et il laissa Ganga descendre des cieux sur sa chevelure qui absorba en douceur le choc impétueux. Ganga alors s’écoula doucement sur la terre et descendit des montagnes et à travers la plaine, apportant l’eau et la vie à la terre desséchée.” De l’océan jusqu’au ciel, Edmund Hillary.

35. Comment les adorateurs de Vishnu expliquent-​ils l’origine du Gange?

35 Les adorateurs de Vishnu proposent une version assez différente des origines du Gange en s’appuyant sur le Viṣṇu-Purāa, un texte ancien. Nous lisons:

“C’est à cet endroit [le saint trône de Vishnu] que prend sa source le Gange qui efface tous les péchés (...). Il jaillit de l’ongle du gros orteil gauche de Vishnu.”

Ou, comme le dirait en sanskrit un adorateur de Vishnu: “Viṣṇu-pādabja-sambhūta”, c’est-à-dire “né du pied pareil-au-lotus de Vishnu”.

36. Quelles vertus les hindous prêtent-​ils aux eaux du Gange?

36 Les hindous prêtent au Gange le pouvoir de libérer, de purifier et de guérir les croyants. Ainsi lit-​on encore dans le Viṣṇu-Purāa:

“Purifiés par un bain dans ses eaux, et l’esprit absorbé en Keshava [Vishnu], les saints obtiennent la Délivrance. Qu’on en entende parler, qu’on le désire, qu’on le voie, qu’on le touche, qu’on s’y baigne ou qu’on le chante, jour après jour le fleuve sacré purifie tous les êtres. Même s’exclamer: ‘Gangâ, Gangâ!’ à mille lieues suffit à racheter les péchés de trois vies antérieures.”

Le Brahmāṇḍa-Purāṇa ajoute:

“Un seul bain dévotionnel dans les eaux pures de la Gangâ protège la famille de centaines de milliers de dangers. Les péchés accumulés de génération en génération sont effacés. Il suffit de se plonger dans la Gangâ pour être immédiatement purifié.”

37, 38. Pourquoi des millions d’hindous se pressent-​ils sur les berges du Gange?

37 Les hindous se pressent sur les berges du Gange pour accomplir les rites de la pûjâ (service divin): offrandes de fleurs et récitations de prières. Ils reçoivent aussi la tilaka, une marque faite avec une pâte rouge ou jaune qu’un prêtre leur dessine sur le front. Puis les fidèles entrent dans l’eau et se livrent à leurs ablutions. Bien que le fleuve soit très pollué par les égouts, les résidus chimiques et les cadavres qu’on y rejette, nombreux sont-​ils à boire un peu de son eau. L’attrait spirituel du Gange est tel, en effet, que des millions d’hindous aspirent à se baigner, ne serait-​ce qu’une fois, dans leur ‘fleuve sacré’, qu’il soit propre ou non.

38 Des bûchers funéraires sont installés sur les berges du fleuve. C’est là que l’on vient faire incinérer ses morts, dont les cendres seront ensuite jetées dans l’eau; pratique réputée donner à l’âme un passeport pour la félicité éternelle. Ceux qui n’ont pas les moyens de payer une crémation se contentent de confier au fleuve le corps enveloppé d’un linceul. Le cadavre s’y décomposera ou servira de pâture aux charognards. Une question vient donc s’ajouter à celles que nous avons déjà considérées: Qu’enseigne l’hindouisme sur la vie après la mort?

L’hindouisme et l’âme

39, 40. Qu’a dit un commentateur hindou au sujet de l’âme?

39 La réponse se dégage de cet extrait de la Bhagavad-Gītā:

“À l’instant de la mort, l’âme prend un nouveau corps, aussi naturellement qu’elle est passée, dans le précédent, de l’enfance à la jeunesse, puis à la vieillesse.” — Chapitre 2, verset 13.

40 Un hindou commente ainsi ce verset: “Chaque être est une âme spirituelle, distincte de toute autre. À chaque instant celle-ci change de corps et se manifeste sous la forme d’un enfant, puis d’un adolescent, d’un adulte, d’un vieillard. Mais à travers ces mutations, elle reste identique à elle-​même et ne subit aucun changement. Finalement, à la mort de l’enveloppe charnelle qu’elle habitait, cette âme transmigre dans une autre. Sachant que l’âme est certaine de revêtir un autre corps, matériel ou spirituel, pour une nouvelle vie, Arjuna ne peut avoir aucune raison solide de se lamenter sur [la mort].”

41. D’après la Bible, que faut-​il distinguer à propos de l’âme?

41 Cette explication, qui définit “chaque être” comme étant une âme “distincte de toute autre”, s’harmonise avec ce que la Bible déclare en Genèse 2:7, savoir:

“Alors Jéhovah Dieu forma l’homme de la poussière du sol et souffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint une âme vivante.”

Ceci posé, il importe de déterminer si l’homme, avec toutes ses fonctions organiques et ses facultés mentales, est en lui-​même une âme, ou bien s’il possède une âme distincte de son corps. Est-​il ou a-​t-​il une âme? La citation qui suit lève toute équivoque quant à la pensée hindoue.

42. Relativement à l’âme, en quoi l’hindouisme et la Bible diffèrent-​ils?

42 Le verset 17 du 2chapitre de la Bhagavad-Gītā stipule:

“Sache que ne peut être anéanti ce qui pénètre le corps tout entier. Nul ne peut détruire l’âme impérissable.”

Ce verset fait l’objet du commentaire que voici:

“Chaque corps est donc l’enveloppe charnelle d’une âme distincte, perceptible à travers la conscience individuelle, sa manifestation extérieure.”

Alors que dans la Bible l’homme est une âme, dans l’hindouisme, par contre, il possède une âme. La différence est de taille et ne manque pas de se répercuter sur les doctrines qui découlent de l’une ou l’autre de ces conceptions. — Lévitique 24:17, 18.

43. a) D’où la doctrine de l’immortalité de l’âme tire-​t-​elle son origine? b) Quels en sont les prolongements?

43 La doctrine de l’immortalité de l’âme provient en dernière analyse d’un fonds très ancien de croyances religieuses, la Babylone antique. Elle suppose logiquement une “vie après la mort”, dont les prolongements fournissent du reste la matière de maints enseignements religieux; citons notamment la réincarnation, le ciel, l’enfer, le purgatoire, les limbes. Dans l’esprit des hindous, le ciel et l’enfer sont des lieux par lesquels transite l’âme en attendant sa réincarnation. Un autre aspect remarquable de l’hindouisme est la façon dont il envisage l’enfer.

L’enfer vu par les hindous

44. À quoi savons-​nous que l’hindouisme enseigne la doctrine des tourments dans un enfer?

44 On lit dans la Bhagavad-Gītā:

“Pour les hommes dont la famille n’est plus régie par l’ordre, ô Janârdana, il est une demeure assurée en enfer!” — Chant I, 44; collection Points, série Sagesses, Fayard 1972.

Ce verset est ainsi commenté: “L’homme doit [se] purifier de tous ses actes coupables. S’il y manque, ses actions déméritoires le forceront à renaître sur des planètes infernales, où il mènera une vie des plus misérables.” On notera cependant une légère divergence avec la doctrine des tourments éternels enseignée dans la chrétienté: “Le [châtiment] (...) n’est pas éternel.” Mais quelle idée les hindous se font-​ils de l’enfer?

45. Comment les tourments de l’enfer hindou ont-​ils été décrits?

45 Le texte qui suit, extrait du Mārkaṇḍeya Purāa, décrit les tribulations d’un pécheur:

“Les émissaires de Yama [le dieu de la mort] s’empressent de le lier dans d’affreux nœuds coulants et le conduisent vers le sud, tout tremblant sous les coups de bâton. Il pousse des hurlements d’horreur et de désespoir tandis que les émissaires de Yama le traînent sur le sol couvert de Kusha [une plante], d’épines, de fourmilières, de piquants et de pierres, le sol d’où jaillissent des flammes par endroits, rempli de trous, rendu incandescent par la chaleur du soleil, brûlé par ses rayons. Entraîné par les terribles émissaires et dévoré par des centaines de chacals, le pécheur se rend à la demeure de Yama par le chemin de l’épouvante. (...)

“Quand son corps est brûlé, il ressent d’intolérables brûlures; et quand son corps est battu ou tailladé, il éprouve de violentes douleurs.

“Par la destruction de son corps, et bien qu’elle en revête un autre, la créature qui a commis des actes nuisibles endure ainsi un supplice sans fin. (...)

“Puis, pour que ses péchés soient complètement expiés, on emmène le pécheur dans un autre enfer. Après être passé par tous les enfers, il prend la forme d’un animal. S’incarnant ensuite en vers, en insectes, en mouches, en bêtes féroces, en moustiques, en éléphants, en arbres, en chevaux, en vaches et en différentes formes de vies impures et misérables, il revient à l’état humain, renaissant bossu, laid ou nain, ou Chândâla Pukkasa.”

46, 47. Que dit la Bible sur la condition des morts, et que peut-​on en conclure?

46 Comparons maintenant ce récit avec ce que dit la Bible à propos des morts:

“Les vivants, en effet, se rendent compte qu’ils mourront; mais quant aux morts, ils ne se rendent compte de rien du tout, et ils n’ont plus de salaire, car leur souvenir est oublié. De plus, leur amour et leur haine et leur jalousie ont déjà péri, et ils n’ont plus de portion, pour des temps indéfinis, dans tout ce qui doit se faire sous le soleil. Tout ce que ta main trouve à faire, fais-​le avec ta vigueur, car il n’y a ni œuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse dans le Schéol, le lieu où tu vas.” — Ecclésiaste 9:5, 6, 10.

47 Si, comme l’affirme la Bible, l’homme ne possède pas une âme, mais qu’il est lui-​même une âme, cela revient à dire que l’existence consciente cesse avec la mort et que l’homme n’éprouve plus alors ni félicité ni souffrance. La doctrine confuse de l’“au-delà” perd du même coup toute consistance *.

Un rival apparaît

48, 49. a) En guise de révision, rappelez quelques enseignements de l’hindouisme. b) Pourquoi certains penseurs se sont-​ils interrogés sur les vertus de la foi hindoue? c) Quel personnage allait remettre en cause la pensée hindoue?

48 Cet examen nécessairement rapide de l’hindouisme a révélé une religion d’aspect polythéiste, mais d’essence monothéiste, centrée sur la croyance au Brahman, la cause, le principe, l’Être suprême, symbolisé par la syllabe sacrée OM, ou AUM, et apte à revêtir divers noms et formes. L’hindouisme enseigne aussi la tolérance et encourage à se montrer bon envers les animaux.

49 Par contre, certaines facettes de l’hindouisme — la loi du Karma et le système injuste des castes, l’idolâtrie et les divergences relevées dans les mythes — ont conduit des penseurs à s’interroger sur les vertus de cette foi. L’un d’eux naquit dans le nord-est de l’Inde vers 560 avant notre ère. Il s’appelait Siddhârtha Gautama. Il fonda une religion qui, à défaut de se développer en Inde, s’épanouit surtout à l’extérieur, comme va le montrer le chapitre suivant. Cette nouvelle religion reçut un nom: le bouddhisme.

[Notes]

^ § 4 L’appellation “hindouisme” a été forgée en Europe.

^ § 22 Le mot sanskrit ātma, ou ātman, souvent rendu par “âme”, correspond plus exactement au mot “esprit”. — Voir le Dictionnaire des religions de Paul Poupard (PUF), page 119, et la brochure La victoire sur la mort: est-​elle à votre portée? publiée en 1986 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.

^ § 30 Le dixième avatâra, encore à venir, est le Kalki, que l’on dépeint “sous les traits d’un jeune homme éblouissant monté sur un cheval blanc et tenant une épée qui rayonne comme un météore, semant de toutes parts la mort et la destruction”. “Il viendra rétablir la justice sur la terre et restaurer une ère de pureté et d’innocence.” — Les religions de l’Inde (angl.); Dictionnaire d’hindouisme (angl.). — Voir Révélation 19:11-16.

^ § 47 La résurrection des morts dont il est question dans la Bible n’est pas apparentée à la doctrine de l’immortalité de l’âme. Voir le chapitre 10.

[Questions d’étude]

[Encadré/Illustrations, page 100, 101]

Le sikhisme: une réforme religieuse

Le sikhisme, qui a pour emblème trois épées et un cercle, compte plus de 17 millions de fidèles, qui vivent presque tous au Pendjab. Le temple d’or des sikh se dresse au milieu d’un lac artificiel à Amritsar, la ville sainte du sikhisme. Les hommes se reconnaissent aisément à leurs turbans bleus, blancs ou noirs. Le port de cette coiffe et des cheveux longs est un aspect essentiel de leur foi.

Sikh est un terme hindi qui signifie “disciple”. Les sikh sont les disciples de Guru Nânak, le fondateur de leur mouvement. Ils observent également les enseignements des dix guru (Nânak et ses neuf successeurs) dont les écrits sont consignés dans le Gurū Granth Sāhib, leurs Écritures sacrées. Le sikhisme vit le jour au début du XVIe siècle, lorsque Guru Nânak entreprit de former une religion d’union en s’inspirant de ce que l’hindouisme et l’islām avaient de meilleur.

La mission de Nânak tient en une phrase: “Il n’y a qu’un seul Dieu, et Il est notre Père; nous devons donc tous être frères.” De même que les musulmans, les sikh croient en un seul Dieu et proscrivent l’usage d’idoles (Psaume 115:4-9; Matthieu 23:8, 9). Ils adhèrent aux croyances traditionnelles de l’hindouisme: l’immortalité de l’âme, la réincarnation et le Karma. Les sikh pratiquent leur culte dans des lieux appelés gurdwârâ. — Voir Psaume 103:12, 13; Actes 24:15.

Guru Nânak formulait ainsi l’un de ses grands commandements: “Remémorez-​vous Dieu constamment, répétez Son nom.” Dieu est désigné par l’expression le “Seul Vrai”, mais n’est pas nommé (Psaume 83:16-18). Un autre commandement stipulait: “Partage ce que tu possèdes avec celui qui est moins fortuné que toi.” C’est pourquoi chaque temple sikh dispose d’un langar, “cuisine gratuite”, où n’importe qui peut venir prendre un repas sans rien payer. Il existe même des chambres gratuites où les voyageurs ont la possibilité de passer la nuit. — Jacques 2:14-17.

Le dernier guru des sikh, Govind Singh (1666-​1708), créa l’ordre du Khâlsâ dont les membres arboraient cinq symboles, dits les “cinq k”: les cheveux non coupés (kes) (symbole de spiritualité) et retenus par un peigne (kaṅghā) (symbole d’ordre et de discipline), une épée (kirpān) (figurant la dignité, le courage et l’abnégation), un bracelet de métal (kaṛā) (représentant l’union avec Dieu) et une culotte courte (kacch) (évoquant la modestie et symbolisant la retenue morale). — Voir Le grand atlas universalis des religions, page 89.

[Illustration]

Le temple d’or des sikh à Amritsar, dans le Pendjab (Inde).

[Illustrations]

Le turban bleu figure un esprit aussi large que le ciel et qui ne fait aucune place aux préjugés.

Le turban blanc désigne une personne sainte menant une vie exemplaire.

Le turban noir rappelle la persécution des sikh par les Britanniques en 1919.

Les autres couleurs relèvent du goût de chacun.

[Illustration]

Au cours d’une cérémonie, un prêtre sikh relate l’histoire des armes sacrées.

[Encadré/Illustrations, page 104]

Le jaïnisme, religion du renoncement et de la non-violence

Le jaïnisme, avec le svastika de l’Inde antique pour emblème, fut fondé au VIsiècle avant notre ère par Nâtaputta Vardhamâna, un riche prince indien, mieux connu sous le nom de Vardhamâna Mahâvîra (titre signifiant “Grand Homme” ou “Grand Héros”). Il entreprit une vie de renoncement et d’ascèse. S’étant mis en quête de la connaissance, il allait nu par les villages et les plaines du centre de l’Inde “pour tenter d’échapper au cycle lugubre naissance-​mort-​renaissance”. (Guide illustré des religions dans le monde.) Il pensait que l’âme n’accède au salut qu’au prix d’un renoncement et d’une maîtrise de soi extrêmes et par une stricte application de l’ahimsâ, la non-violence à l’égard de tout être vivant. Il poussa l’ahimsâ très loin en se munissant d’un balai souple avec lequel il écartait doucement les insectes qui se trouvaient sur son chemin. Son respect pour la vie l’incitait également à veiller à la pureté et à l’intégrité de son âme.

De nos jours, ses disciples pratiquent toujours le renoncement et le respect de toute créature, dans l’espoir d’améliorer leur Karma. On notera une fois de plus l’influence puissante que la croyance à l’immortalité de l’âme exerce sur les humains.

La communauté jaïna compte aujourd’hui moins de quatre millions de fidèles, dont la plupart vivent en Inde, dans la région de Bombay et dans la province du Gujarât.

[Illustration]

Culte jaïna aux pieds d’une statue de saint Gomateshvara haute de 17 mètres, dans le Karnâtaka (Inde).

[Encadré/Illustrations, pages 106, 107]

Quelques termes hindous

ahimsâ (sanskrit ahiṃsā): non-violence; devoir de ne blesser ni de ne tuer aucun être vivant; doctrine à l’origine du végétarisme des hindous et du respect qu’ils portent aux animaux.

âshrama: ermitage ou tout autre lieu où enseigne un guru (maître spirituel).

âtman: esprit; associé à ce qui est impérissable. Souvent traduit à tort par “âme”. Voir jîva.

avatâra: manifestation ou incarnation d’une divinité hindoue.

bhakti: dévotion d’un fidèle à une divinité; moyen d’accéder au salut.

bindi: point carmin que les femmes mariées portent sur le front.

Brahman: l’Ultime Réalité. Voir page 116.

brâhmana: prêtre, membre de la plus haute des castes.

dharma: Ordre général de tout ce qui est et par lequel on juge qu’une action est bonne ou mauvaise.

ghât: escalier en plate-forme sur les berges d’une rivière.

guru: enseignant ou maître spirituel.

Harijân: “peuple de Dieu”; nom bienveillant donné par Mahâtma Gândhî aux membres de la caste des Intouchables.

japa: culte rendu à la Divinité par la répétition d’un de ses noms; le fidèle pratique cet exercice à l’aide d’un mālā, un chapelet à 108 grains.

jîva (ou prân, prâni): âme individuelle ou être vivant.

Karma: principe selon lequel tout acte porte des fruits bons ou mauvais, qui seront rétribués dans une vie future par le jeu de la transmigration de l’âme.

Kshatriya: dirigeants, administrateurs et hommes de guerre, deuxième caste de la société hindoue.

mahant: saint homme ou enseignant.

mahâtma: saint hindou (de mahā, “élevé ou grand”, et âtman, “esprit”).

mantra: formule sacrée censée posséder un pouvoir magique; c’est aussi la formule que reçoit le nouvel initié à une secte et qui accompagne les prières et les incantations.

mâyâ: l’univers considéré comme une illusion.

moksha, ou mukti: délivrance du cycle des réincarnations, qui met fin à la transmigration de l’âme. C’est l’équivalent du Nirvâna, l’union de l’âme individuelle avec le Brahman, la Réalité suprême.

OM, AUM: mot symbolique représentant le Brahman et utilisé comme objet de méditation; on reconnaît en lui la vibration mystique; il sert aussi de mantra.

paramâtman: l’Esprit Suprême, l’ātman universel, identique au Brahman.

pûjâ: culte.

sâdhu: saint homme hindou; un ascète ou un yogi.

samsâra: transmigration d’une âme immortelle.

Shakti: énergie féminine ou épouse d’une divinité; s’applique particulièrement à l’épouse de Shiva.

shraddhâ: rites importants destinés à honorer les ancêtres et à aider l’âme des défunts à réaliser le moksha.

Shûdra: ouvriers, la plus basse des quatre castes hindoues.

svâmi: enseignant ou chef spirituel de haut niveau.

tilaka: marque apposée sur le front, signifiant que le fidèle se souvient du Seigneur dans toutes ses activités.

Trimûrti: trinité hindoue formée de Brahmâ, Vishnu et Shiva.

Upanishad: anciens textes à caractère poétique comptant parmi les écrits sacrés de l’hindouisme; ils sont aussi appelés Vedânta, “Fin du Veda”.

Vaishya: marchands et paysans; la troisième des castes de la société hindoue.

Veda: écrits sacrés à forme poétique, les plus anciens textes de la littérature indienne.

Yoga: de la racine Yuj, “unir”, “relier”; recherche de l’union avec le Principe universel. On le connaît surtout comme une technique de méditation associée à des postures et à des exercices respiratoires. L’hindouisme distingue au moins quatre principales formes de yoga, ou voies. Voir page 110.

[Illustrations]

De gauche à droite: mahant hindou; sâdhu debout en méditation; guru au Népal.

[Encadré, page 110]

Quatre façons de réaliser le moksha

L’hindouisme offre au moins quatre façons de réaliser le moksha, la délivrance de l’âme. Ces voies sont aussi appelées yoga ou mârga.

1. Karma-yoga: “La voie de l’action, ou karma-yoga, discipline de l’action. Karma-mârga désigne avant tout l’accomplissement du dharma qui s’applique aux êtres selon leur condition. Certains devoirs incombent à tous, tels que l’ahimsâ, l’abstention d’alcool et de viande, mais le dharma personnel dépend de la caste et de l’état de vie de chacun.” — Les grandes religions d’Asie (angl.).

Ce Karma se pratique dans les strictes limites de la caste, dont on préserve la pureté en s’interdisant de se marier ou de manger avec un membre d’un groupe social différent, chaque caste étant déterminée par le Karma accumulé lors d’une existence antérieure. On considère donc l’appartenance à telle ou telle caste non comme une injustice, mais comme le résultat d’une précédente incarnation. La philosophie hindoue ne place pas tous les hommes et toutes les femmes sur le même pied d’égalité; elle tient compte de leur caste, de leur sexe et de leur couleur, les peaux les plus claires étant d’ordinaire l’apanage des castes les plus élevées.

2. Jñâna-yoga: “La voie de la connaissance, ou jñâna-yoga, discipline de la connaissance. Contrairement à la voie de l’action, karma-mârga, qui impose des devoirs spécifiques à chaque circonstance de la vie, jñâna-mârga fournit des méthodes philosophiques et psychologiques permettant de connaître la nature du Soi et de l’univers. Le mot d’ordre du jñâna-mârga: ne pas agir, être. [C’est nous qui soulignons.] Mieux, cette voie permet à ceux qui s’y adonnent d’atteindre le moksha dès la vie présente.” (Les grandes religions d’Asie). Ce yoga introspectif, qui s’accompagne de privations et se pratique à l’écart du monde, exige maîtrise de soi et reniement.

3. Bhakti-yoga: “Aspect aujourd’hui le plus populaire de la tradition hindoue. C’est la voie de la dévotion, encore appelée bhakti-mârga. Plus facile et plus spontanée que le karma-mârga, (...) la bhakti est ouverte à tous, hommes et femmes de tous âges et de toutes castes. (...) [Elle] laisse libre cours à l’émotion et aux désirs plutôt que de chercher à les dominer par un yoga d’ascèse (...). [Elle] consiste exclusivement à s’attacher à des êtres divins.” Ajoutons qu’il y a 330 millions de dieux à vénérer. Selon cette doctrine traditionnelle, connaître, c’est aimer. En somme, la bhakti peut se définir comme “l’attachement sentimental au dieu que l’on s’est choisi”. — Les grandes religions d’Asie.

4. Râja-yoga: Méthode faisant intervenir “des postures spéciales, des techniques respiratoires et la répétition rythmique de formules appropriées”. (Les religions de l’humanité [angl.].) Elle compte huit degrés.

[Encadré/Illustration, page 113]

Mahâtma Gândhî et le système des castes

“La non-violence est mon premier article de foi. C’est aussi le dernier article de mon credo.” — Mahâtma Gândhî, 23 mars 1922.

Mahâtma Gândhî, qui milita pour l’indépendance de l’Inde (admise par la Grande-Bretagne en 1947) à la tête d’un mouvement non violent, se rendit également célèbre en luttant pour que des millions d’hindous comme lui accèdent à de meilleures conditions de vie. Le professeur indien M. Rege explique: “Il fit de l’ahiṃsā (la non-violence) sa base doctrinale; il voyait en elle un moyen d’assurer à chacun dignité et bien-être. Il déniait toute autorité aux textes hindous qui allaient à l’encontre de l’ahiṃsā. Il s’attaqua avec courage à l’intouchabilité et à la hiérarchisation du système des castes, et il promut l’égalité des sexes dans tous les domaines.”

Comment Gândhî considérait-​il le sort réservé aux Intouchables? Dans une lettre adressée à Jawâharlâl Nehru le 2 mai 1933, il écrivit: “Le mouvement Harijân a pris trop d’ampleur pour qu’on se contente d’y réfléchir. On ne peut rien imaginer de pire. Pourtant, je ne peux me résoudre à me couper de la religion, ni par conséquent de l’hindouisme, sans lequel la vie me pèserait. À travers l’hindouisme, j’aime le christianisme, j’aime l’islām et bien d’autres religions encore. (...) Mais je ne peux le souffrir quand il s’accompagne de l’intouchabilité.” — The Essential Gandhi.

[Illustration]

Mahâtma Gândhî (1869-​1948), illustre leader hindou et défenseur de l’ahimsâ.

[Encadré/Illustrations, pages 116, 117]

Quelques dieux et déesses de l’hindouisme

Aditî: mère des dieux; déesse du ciel. L’Infini (s’écrit alors Aditi).

Agni: dieu du feu.

Bouddha: Gautama, fondateur du bouddhisme; les hindous voient en lui une incarnation (avatâra) de Vishnu.

Brahmâ: le Dieu Créateur, principe de la création de l’univers. Un des dieux de la Trimûrti (triade).

Brahman, ou Brahm: la réalité suprême et transcendante de l’univers, représenté par la syllabe OM ou AUM (voir son symbole ci-dessus). On l’assimile aussi à l’Ātman. Certains hindous considèrent le Brahman comme un principe divin impersonnel, ou l’Ultime Réalité.

Durgâ: épouse ou shakti de Shiva; identifiée à Kâlî.

Ganesha: fils de Shiva, dieu à tête d’éléphant, “Celui qui enlève les obstacles”, dieu de la chance. On le nomme aussi Ganapati et Gajânana.

Gangâ: une des épouses de Shiva et personnification du Gange.

Hanumân: dieu singe, fidèle disciple de Râma.

Himâlaya: “domaine des neiges”, père de Pârvatî.

Kâlî: parèdre noire de Shiva (sa shakti) et déesse sanguinaire de la destruction. On la représente souvent avec une longue langue rouge qui lui sort de la bouche.

Krishna: huitième incarnation de Vishnu et divinité espiègle de la Bhagavad-Gītā. Il est l’amant des gopî, ou vachères.

Lakshmî: déesse de la beauté et de la chance; parèdre de Vishnu.

Manasâ: divinité des serpents.

Manu: progéniteur de la race humaine; il fut sauvé du déluge par un grand poisson.

Mitra: dieu de la lumière. Les Romains le connaissaient sous le nom de Mithra.

Nandi: le taureau, monture de Shiva.

Nâtarâja: Shiva dansant au milieu d’un cercle de flammes.

Pârvatî ou Umâ: parèdre de Shiva. Elle paraît également sous les traits des déesses Durgâ ou Kâlî.

Prajâpati: Créateur de l’univers, “Seigneur des créatures”, père des dieux, des démons et de toutes les autres créatures. Il recevra par la suite le nom de Brahmâ.

Purusha: “homme cosmique”, dont le démembrement fut à l’origine des quatre grandes castes.

Râdhâ: compagne de Krishna.

Râma, Râmachandra: septième incarnation de Vishnu. L’épopée du Rāmāyaṇa relate l’histoire de Râma et de sa femme Sîtâ.

Sarasvatî: déesse du savoir et shakti de Brahmâ le Créateur.

Shashthî: déesse qui protège la femme et l’enfant lors de l’accouchement.

Shiva: dieu de la fertilité, de la mort et de la destruction; un des membres de la Trimûrti. Il a pour symboles le trident et le phallus.

Soma: terme qui désigne une divinité et une drogue; l’élixir de longue vie.

Vishnu: le Conservateur de la vie; le troisième membre de la Trimûrti.

[Indication d’origine]

(Sources: Dictionnaire de la civilisation indienne; Dictionnaire de la sagesse orientale.)

[Illustrations]

De gauche à droite en tournant: Nâtarâja (Shiva dansant); Sarasvatî; Krishna; Durgâ (Kâlî).

[Encadré, page 120]

Une version indienne du déluge

“À Manu [progéniteur et premier législateur de la race humaine], certain matin, on apporta de l’eau pour qu’il se lave les mains (...). Or, tandis qu’il faisait ses ablutions voici qu’un poisson [Matsya, un avatâra de Vishnu] se trouva dans ses mains!

“et ce poisson lui dit: ‘garde-​moi avec toi, je te sauverai!’ — ‘et de quoi me sauveras-​tu?’ lui demanda Manu. — ‘Un flot viendra qui emportera toutes créatures ici-bas: c’est de cela que je te sauverai!’ — ‘Te garder!’ reprit Manu ‘mais comment?’”

Le poisson expliqua à Manu ce qu’il attendait de lui. Après quoi, “il continua d’expliquer à Manu: ‘telle ou telle année, un flot destructeur viendra; construis alors une nef et viens à moi. Lorsque le flot sera là, tu monteras dans ta nef et je te sauverai!’”

Manu suivit les instructions que le poisson lui avait données. Quand le flot destructeur arriva, le poisson remorqua la nef jusqu’aux “montagnes qui sont dans le Nord. Arrivés là: ‘je t’ai sauvé’, dit le poisson, ‘maintenant, attache ta nef à un arbre, mais tant que tu resteras sur cette montagne prends garde de n’être point coupé de l’eau: au fur et à mesure qu’elle descendra, descends à sa suite.’” — Śatapatha-Brāhmaṇa (traduit du sanskrit par Jean Varenne); voir Genèse 6:9 à 8:22.

[Carte/Illustrations, page 123]

(Voir la publication)

Le Gange parcourt plus de 2 400 kilomètres entre l’Himalaya et Calcutta à l’embouchure du delta du Bangladesh.

INDE

Calcutta

Gange

[Illustrations]

Gaṅgā Mātā s’écoule sur la tête de Shiva et descend le long de ses cheveux.

Dévots hindous rassemblés à un ghât et se baignant dans le Gange à Vârânasî [Bénarès].

[Illustration, page 96]

Ganesha, le dieu à tête d’éléphant, fils de Shiva et de Pârvatî. Divinité de la chance.

[Illustrations, page 99]

Linga, symboles phalliques vénérés par les hindous. Shiva (dieu de la fertilité) est ici représenté avec quatre têtes, à l’intérieur d’un linga.

[Illustration, page 108]

Nonnes jaïna portant le mukha-vastrika, ou écran, pour éviter de tuer un insecte en l’avalant.

[Illustration, page 115]

Le culte du serpent se pratique surtout au Bengale. La divinité des serpents a pour nom Manasâ.

[Illustration, page 118]

Vishnu, en compagnie de son épouse Lakshmî, repose sur les anneaux enroulés du serpent Ananta, tandis que s’élève de son nombril un lotus portant le dieu Brahmâ à quatre têtes.