Essor et disparition “ des navires de Tarsis ”
Essor et disparition “ des navires de Tarsis ”
“ Les navires de Tarsis naviguaient pour ton commerce. ” — ÉZÉKIEL 27:25, BIBLE SEGOND, 1979
LE ROI Salomon doit en partie sa richesse aux navires de Tarsis. Leurs constructeurs ne sont pas étrangers au développement des alphabets grec et romain ; ils ont également fondé une ville, Byblos, à qui le livre le plus influent jamais publié doit son nom.
Qui construisait ces navires et les faisait naviguer ? Quelle est l’origine de leur nom ? Et quels faits historiques concernant ces constructeurs et leurs navires confirment l’exactitude de la Bible ?
Seigneurs de la Méditerranée
Ce sont les Phéniciens qui construisaient les vaisseaux que l’on finit par appeler navires de Tarsis. Mille ans avant l’époque de Christ, c’étaient déjà des marins accomplis. Leur terre natale était une étroite bande côtière correspondant plus ou moins au Liban d’aujourd’hui.
D’autres nations occupaient le nord, l’est et le sud du pays. À l’ouest, s’étendait la vaste mer Méditerranée. C’est vers elle que les Phéniciens allaient se tourner pour accumuler des richesses.Les marins phéniciens se constituèrent peu à peu une flotte de commerce prospère. Leurs profits et leur savoir-faire augmentant, ils construisirent des navires plus grands, capables d’effectuer de plus longs voyages. Après avoir atteint Chypre, la Sardaigne et les Baléares, ils suivirent la côte nord-africaine en direction de l’ouest, jusqu’à l’Espagne. (Voir la carte.)
Leurs charpentiers construisaient des bateaux d’une trentaine de mètres de long. On parlait de ces vaisseaux de haute mer comme des “ navires de Tarsis ”, vraisemblablement parce qu’ils pouvaient parcourir les 4 000 kilomètres séparant la Phénicie du sud de l’Espagne, l’emplacement supposé de Tarsis *.
Les Phéniciens n’aspiraient pas à dominer le monde, mais seulement à s’enrichir grâce à lui, ce à quoi ils parvinrent en créant des comptoirs. D’un point de vue commercial, néanmoins, ils finirent par être les seigneurs de la Méditerranée.
Au-delà de la Méditerranée
Dans leur quête de richesses, les explorateurs phéniciens s’aventurèrent dans l’océan Atlantique. Leurs navires longèrent la côte sud de l’Espagne jusqu’à ce qu’ils arrivent à une région nommée Tartessus. Vers 1100 avant notre ère, ils fondèrent une ville qu’ils appelèrent Gadir. Ce port, aujourd’hui connu sous le nom de Cadix, devint l’une des premières grandes villes d’Europe occidentale.
Les Phéniciens faisaient commerce de sel, de vin, de poisson séché, de bois de cèdre, de bois de pin, d’ouvrages en métal, de verre, de broderies, de fin lin et de tissu teint avec la célèbre pourpre tyrienne. Quelles richesses l’Espagne avait-elle à offrir en retour ?
Le sud du pays se révéla être en Méditerranée la source la plus abondante d’argent et d’autres métaux précieux. À propos de Tyr, principal Ézékiel 27:12, Version synodale (1965).
port phénicien, le prophète Ézékiel déclara : “ Les habitants de Tarsis [Colonie tyrienne située au sud-ouest de l’Espagne, note] faisaient avec toi le commerce de toutes sortes de richesses, approvisionnant tes marchés d’argent, de fer, d’étain et de plomb. ” —Les Phéniciens découvrirent un gisement apparemment inépuisable de minéraux de ce genre près du Guadalquivir, non loin de Cadix. On extrait toujours ces mêmes métaux à l’endroit qu’on appelle aujourd’hui Río Tinto. Voilà donc près de trois mille ans que, de ces mines, sort un minerai de grande qualité.
Une fois la liaison maritime hispano-phénicienne établie, les navigateurs acquirent le monopole de l’argent espagnol. Le précieux métal afflua en Phénicie et même chez son voisin, Israël. Le roi Salomon fit du roi phénicien Hiram son partenaire commercial, tant et si bien que sous son règne l’argent était considéré “ comme rien ”. — 1 Rois 10:21 *.
Les Phéniciens avaient beau être des marchands prospères, ils pouvaient se montrer impitoyables. Il leur serait arrivé d’inviter des passants à monter à bord de leurs navires sous prétexte de leur montrer leurs marchandises, en réalité dans le seul but d’en faire des esclaves. Ils finirent même par trahir les Israélites, leurs anciens partenaires commerciaux, et par les vendre en esclavage. C’est pourquoi les prophètes hébreux prédirent la destruction de la ville de Tyr. Cette destruction, menée à terme par Alexandre le Grand en 332 avant notre ère, marqua la fin de l’ère phénicienne. — Yoël 3:6 ; Amos 1:9, 10.
L’apport des Phéniciens
En hommes d’affaires avertis, les commerçants phéniciens mettaient leurs accords par écrit. Ils employaient un alphabet très semblable à celui de l’hébreu ancien. D’autres nations virent les avantages de l’alphabet phénicien. Il constitua, à quelques modifications près, la base de l’alphabet grec, qui devait lui-même inspirer l’alphabet romain (ou latin), l’un des plus répandus aujourd’hui.
En outre, la ville importante de Byblos devint un centre de diffusion du papyrus, l’ancêtre du papier moderne. L’utilisation du papyrus comme support d’écriture contribua à l’essor du livre. Pour tout dire, le mot français servant à désigner le livre le plus largement diffusé, la Bible, dérive du nom Byblos. L’histoire des Phéniciens et de leurs navires renforce la conviction selon laquelle la Bible est solidement avérée par des faits.
[Notes]
^ § 8 Avec le temps, l’appellation “ navires de Tarsis ” en est venue à désigner un type de bateau, capable d’effectuer de longs voyages en mer.
^ § 15 La “ flotte de Tarsis ” appartenant à Salomon s’associait à celle de Hiram, appareillait probablement depuis Étsiôn-Guéber et devait faire du commerce sur la mer Rouge et au-delà. — 1 Rois 10:22.
[Carte, page 27]
(Voir la publication)
ROUTES COMMERCIALES PHÉNICIENNES
ESPAGNE
TARTESSUS
Guadalquivir
Gadir
Corse
Baléares
Sardaigne
Sicile
Crète
Chypre
Byblos
Tyr
MER MÉDITERRANÉE
Étsiôn-Guéber
Mer Rouge
AFRIQUE
[Illustration, page 27]
Pièce de monnaie sur laquelle figure un navire phénicien, IIIe-IVe siècle av. n. è.
[Illustration, page 27]
Vestiges d’une implantation phénicienne, Cadix (Espagne).
[Crédit photographique, page 26]
Museo Naval, Madrid
[Crédits photographiques, page 27]
Pièce de monnaie : Museo Arqueológico Municipal. Puerto de Sta. María, Cádiz ; vestiges : Yacimiento Arqueológico de Doña Blanca, Pto. de Sta. María, Cádiz, España